Yvan Garçon expose chez MarassaTrois

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Tiens, Natacha Giafferi-Dombre, la galeriste de MarassaTrois (Paris), s’est fendue de plus de deux feuillets de communiqué de presse. Ce garçon, Yvan, doit être un artiste important. Si fait, c’est un photographe intéressant. Du moins d’un point de vue purement photo formel, on peut dire qu’un tireur à l’ancienne n’aurait pu rattraper ses erreurs vu les tons qu’il ocre, les jaunes, marrons, qu’il emploie, et les nuances de ses ambiances. Yvan Garçon est très « intérieur nuit », même pour ses prises de vues en extérieur. Cela ne le dessert pas, la nuit, enfin, jusqu’à présent…


Il était question d’une exposition intitulée « Porno sentimental ». Ce n’est pas tout à fait le genre de la maison (le porno ? le sentiment ? devinez…), et or donc, c’est Natacha Gaffieri qui a choisi ce qu’elle expose, et elle l’explique avec délicatesse, sentiment. « Ce ne sont seulement pas les cartes de l’intime et du public qui se trouvent brouillées, mais aussi le jeu entre l’artiste et sa galerie… quand la sélection se fait censure ! Comment le galeriste participe-t-il de la visibilité de certains aspects d’une œuvre plutôt que d’autres ? Puisqu’il est devenu courant – en ces temps sauvages – de vendre sous le manteau, à l’insu de sa galerie, l’artiste proposera aux amateurs des clichés non sélectionnés, tant que la galeriste fermera les yeux sur ce honteux trafic… ». Traduction : le gars, il fait des trucs pas piqués des hannetons dans le genre pousse à la jouissance, mais vous ne les verrez pas à Marassa Trois, quoique… Entre adultes consentants, hein…

 

Donc, l’exposition s’intitule au final « Paris intime(s) – Paris & Parisians ». Et non point parties infimes, ou intimes, ou infâmes, ou… On aura reconnu un célébrissime exemple de l’adage « une fausse information plus un démenti égalent deux informations ». Il s’agissait de l’infini talent d’une actrice. Et du Figaro. Qui n’était pas représenté au vernissage, on s’en doutait un peu. Elle ne s’intitule pas Spanking Hippies, l’expo, comme je l’ai écrit un peu vite, ailleurs, au moment de rendre une autre copie, et de filer vers ce vernissage à toute hâte. En fait, quand les communiqués de presse sont très bien faits, on devrait les reprendre texto, sans changer la moindre virgule, cela éviterait ce genre de confusion.

 

Je ne vais pas reprendre « saisatim » (c’est du latin du bas-clergé en cuisine) ce communiqué car j’ai perdu le courriel de Natacha, et je suis trop feignant pour tout saisir de nouveau. De plus, un texte d’une telle haute volée, cela se mérite : cherchez-le, volez-le ! Juste un extrait, pas le meilleur, car sinon vous ne chercheriez plus à me dérober ce texte que je ne possède qu’imprimé : « mêler à une notion toute personnelle du romantisme une animalité trop souvent méprisée. ». Yvan Garçon, dit Vegeta, alias Yvan Cheval, facteur d’orgues virtuel avec les Spanking Hippies, dont l’espace révèle un frottis intitulé « frotti » et légendé « la meilleure eau du monde » (voire de l’univers, s’il en revenait sur Mars), est « quelque part entre Boney M et les Sex Pistols ». Je veux bien le croire, je ne me souviens plus de Boney, dit l’os, de Dyonisos, va savoir… Donc, à moi, vu mon grand âge, il me cause de Claude François. Eh, pourquoi pas de Berthe Silva, pendant que tu y es ?

 

Cela (Bony, les Dicks…), c’est musicalement parlant. Photographiquement parlant, Yvan Garçon a le tapage de plaque intimiste et le zinc plus murmurant que tonitruant. « C’est par la rue que passerait le plus court chemin d’un corps à un autre, » signale le dossier de presse. « Yvan Garçon rejoint finalement, poursuit le communiqué qu’il faut trouver pour le lire en entier, ce crédo féministe des années 1970 : parler du sexe, c’est faire de la politique. » Bon, après, il y a des trucs sur les cadrages serrés et la reconstruction mentale de scènes et primales, et primées par la censure exercée, passée, présente, voire à venir.

 

Or donc, Yvan Garçon fut acteur dans le porno, du temps pas si béni où les conditions de travail étaient relax, pas du tout stakhanovistes. Des temps où l’ambiance était plutôt à la rigolade qu’à la performance et au minutage des plans en fonction du budget. Serré, certes, mais c’est comme chez Cecil B. DeMille, « each and every cent should appear on the screen », et là, on voit bien à l’écran l’indigence du budget, l’exploitation des figurant·e·s, les payes au lance-pierres de l’équipe technique, et la Clio du producteur qui a planqué les Ferrari ailleurs. Il s’en est retiré, Yvan Garçon, et s’en est interrompu. À temps. « Je fais des trucs beaucoup plus osés en photographie, pourrait-on dire, mais toujours très personnelles. C’est entre Claude François et les Sex Pistols… ». Il poursuit : « C’est porno sentimental et toutes les situations sont possibles. Cela peut être très fleur bleue ou, au contraire… ».

 

Le lendemain du vernissage, c’était le jour de sainte Fleur. Ou sainte Flore. Une Hospitalière. Il parait que le démon la harcelait pour qu’elle consente « à la délectation de la chair et à perdre la chasteté ». Veni Sancte Spiritus. Ce fut Yvan Garçon qui lui apparut. Enfin, c’est une figure de style, mettons que les visions photographiques d’Yvan Garçon lui apparurent. Ou des trucs un peu du genre, et qu’elle en fut toute guillerette. Je n’y étais pas, je résume, je condense la glose de la légende florale. Elle était fêtée en floréal, dit-on. On a préféré la resituer en juillet, mois des œillets. Ou pas. Pas mois des œillères, en tout cas. J’en veux pour preuve l’exposition d’Yvan Garçon, à Marassa Trois, 89, bis, rue de Charenton, à Paris, et ce jusqu’au samedi 2 août (brebis, quintidi, 15 thermidor, an ccxvii). Les brebis d’Yvan Garçon sont bien girondes, et je m’en voudrais de les tondre si elles collaboraient à ses – et d’autres – projets. Il aurait, dit-on, « réchauffé bien des nuits parisiennes ». Là, sur papier glacé, cette exposition est bien de saison. Laquelle n’est pas la plus çonne, à l’inverse de ce que voudrait une brève de comptoir à son égard ou plutôt encontre.

 

C’est la saison d’Yvan et de ses garçonnes. À Marassa, deux, trois, ou davantage. Rencontre, donc, à l’envers aussi de l’Origine du Monde. Mais tout autant à son endroit. Savoir pourquoi ? Eh, bientôt un site viendra, Lara. Tu y trouveras peut-être ce communiqué que lisaient les soldats. Ce sera un peu entre Maurice Jarre, les Compagnons de la Chanson, et les Sex Pistols… Enjoy!

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !