Yemen Syrie : un calvaire qui s’achève, un autre qui s’enlise

Depuis la mort tragique à Sidi Bouzid de Mohammad Bouazizi  devenu depuis l’icône des révoltes dans le monde arabe, des scénarios sinistres presque identiques se répètent d’un pays à l’autre sans qu’aucun des dictateurs en place ne se résolve à déguerpir à temps, à moindre frais, épargnant ainsi des drames à son pays. Ni la chute de Ben Ali, ni la descente aux enfers de Moubarak ne semblent les perturber outre mesure tant se sont enracinés en eux l’amour de la tyrannie, du profit au point d’oser encore se croire indéboulonnable ! 

Malgré l’abolition de la Cour de sûreté de l’Etat, la levée de l’Etat d’urgence, la formation d’un nouveau gouvernement, à Deraa, comme dans plusieurs villes de Syrie, les insurgés paraissent insatiables face à ce goût si frais de liberté, si vivifiant à en perdre la tête jusqu’à l’égarement menant au passage leur pays au chaos…En ces derniers jours de soulèvement de nombreux malheureux manifestants auraient péri sous les balles du régime infame semant la terreur alors qu’ils réclamaient notamment l’abolition du monopole du parti Baas sur le pouvoir et la mise en place d’un système politique démocratique. Comme des relents des massacres perpétrés par le père Hafez el Assad à Hama il y’a presque 30ans. Tel père, tel fils !

A l’inverse des Syriens aux revendications allant en crescendo, les Yéménites ont d’emblée ciblé leur dirigeant, au cri de "Irhal"(dégage) exprimant leur ras le bol face à ce régime despotique désintéressé de ses populations lesquelles croupissent silencieusement, depuis si longtemps dans la pauvreté, dans l’injustice. Le Yemen cousin pauvre de la péninsule arabique et son golfe d’Aden, son goulot de Bab el Mendab où transitent les pétroliers entre mer rouge et mer d’Arabie faisant de lui un pays stratégique suscitant les intérêts des grands au mépris des conditions de vie des populations. Il a suffi d’un problème de piraterie par des Somaliens dans le golfe d’Aden pour dépêcher dans la région des bâtiments militaires destinés à protéger commerce international et contrôle des voies maritimes et  servir de rempart à Al Qaeda qui rôderait aussi dit-on dans les parages.

Au pouvoir depuis 1978, Ali Abdallah Saleh dirigeait le nord du Yémen et à partir de 1990 il sera à la tête d’un pays unifié qui aura traversé de vives turbulences : le président du sud Ali Abid deviendra vice-président de Saleh pendant deux années au terme desquelles il se repliera sur Aden lorsqu’éclatera une guerre de sécession qui tournera à l’avantage du nord. Depuis, nombre de privilèges dans divers domaines se trouvent entre les mains des populations du nord au détriment de leurs frères sudistes démunis et pleins de rancoeur. Dans le sillage des révoltes arabes, des centaines de milliers de yéménites ont déferlé dans les rues ces derniers jours, arrachant les portraits de celui qui trône sans vergogne depuis 32 ans sur les grandes places et sur les édifices publics, sous la surveillance des véhicules blindés de l’armée. Malgré leur ferme rejet du plan proposé par les monarchies du golfe prévoyant le départ du président assorti de garanties pour son immunité voilà qu’aujourd’hui s’opère un revirement inattendu de situation se concluant par la signature de cet accord à Ryad, après la formation par l’opposition d’un gouvernement de réconciliation nationale. Stabilité de la péninsule arabique oblige !

A Sanaa, comme à Damas surtout beaucoup de sang a coulé et rien n’est pire que le sang qui coule car il laisse des traces indélébiles et désormais toutes les tentatives destinées à ramener le calme se heurteront inexorablement à des pannes. Adviendra-t-il un sursaut chez les Syriens comme chez les Yéménites pour mettre un terme à cet embrasement susceptible d’enliser le pays dans un chaos vain et interminable ? Quelle part peut-on faire dans le cas de la Syrie voisine d’Israël, alliée de l’Iran, aux allégations de complots externes ou des conspirations d’organisation terroriste profitant d’un terrain sismique pour alimenter la subversion ? En tout cas, un pays multiconfessionnel tiraillé entre la brutalité du régime et les forces obscures de déstabilisation qui craint le pire si une guerre civile venait à s’y installer après le secours que semblerait vouloir apporter le conseil de sécurité sous l’impulsion notamment de Sarkozy qui se rue sur chaque occasion pour faire preuve de pseudo-humanité.

Pays en détresse cherche désespérément issue à l’impasse implacable vers laquelle l’ont conduit les répressions sanglantes découlant à la fois d’un système vampire et d’une manipulation obscure visant à affaiblir l’Iran via Damas; mais pays ne cherchant surtout pas l’aide de ces humanitaires experts en l’art de semer encore plus de morts, de désolations  sous couvert d’aide humanitaires via des résolutions du conseil de sécurité de l’ONU ! Avis aux diplomates susceptibles de dénouer des problèmes sans utiliser de méthodes barbares pour endiguer cette vague mortifère de terreur aux contours indéfinis !