Yann Kerninon, Prix du Pamphlet 2009

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Le Prix du Phamplet, pour sa quatrième édition, est allé à Yann Kerninon, auteur d’une Tentative d’assassinat du bourgeois qui est en moi (rassurez-vous, je suis toujours bourgeoisement vivant…). Ce prix, doté de 5 000 euros, va à l’auteur mais ne déplait pas à ceux qui l’ont soutenu éditorialement, tel Raphaël Sorin, et bien sûr les éditions Maren Sell se réjouissent de ce notable et notoire succès. Le lauréat, qui prépare un film, avec Catherine Kerninon, Sébastien Lecordier, et Matthieu Périssé, en est sera bientôt à son quatrième livre avec une suite à ses Cahiers de l’ubiquité.

 

L’un était parti avec un âne sur les traces de Stevenson dans les Cévennes. Digne successeur d’Éric Poindron, éditeur, avec Sandra Rota, pour la maison rémoise Le Coq à l’âne, c’est sur « les traces inexistantes du mouvement Dada à travers l’Europe » que Yann Kerninon s’est lancé, à vélo, faute d’autre animal. Il en résultera un film réalisé avec Catherine Kerninon, Sébastien Lecordier et Matthieu Périssé. Ce batelier (d’eau douce, donc), non point de la Volga ou de la Volga, puisqu’il réside à Conflans-Sainte-Honorine, haut étiage, si j’ose, de la batellerie, sait prendre son temps. Celui de préparer un ouvrage sur les révolutions amoureuse et pluri-amoureuse et autres tourneboulages sentimentaux, de mettre de nouveau la main à un tome second (en attendant le troisième) de ses Cahiers d’ubiquité. Ce qui relèguera un peu dans l’oubli son autre livre dont j’ai trop mal noté le nom pour le mentionner et que le site de l’auteur semble avoir occulté.
Cet Alsacien de Turkheim (comme d’autres écologistes et saltinbamques, mais pas Isabelle Turover, une Strasbourgeoise dont je vous reparlerai ailleurs) fréquente la Pointe-du-Raz où s’accrochent, face à la mer déchaînée, ses autres racines. En tout cas, non, il n’est pas né dans la rue. « Je ne connais pas tant que cela les milieux bourgeois puisque je suis issu d’une famille de pêcheurs, marins, bateliers et artisans, » confie-t-il. Cependant, intervenant ou chargé de cours dans des prépas de grandes écoles et parfois à l’Essec, à Centrale ou à l’ISTH, il en côtoie la future fine fleur. En attendant, c’est avec Noël Godin, l’Entarteur, et une admiratrice arborant un tee-shirt de Siné Hebdo qu’il se frottait les côtes lors de la remise de ce prix à l’hôtel Montalembert. Noël Godin avait préféré on ne sait quel breuvage au champagne Ruinart, mais le flacon importait peu…
Pour Raphaël Sorin, qui avait soutenu cette Tentative d’assassinat,et s’avoue complice de divers fugitifs à venir recueillir dans diverses maisons d’édition,« le pamphlet a le vent en poupe parce qu’on vit une époque de m... » (où … vaut « erde », comme dans merde). Attention, si le vent est trop puissant et l’époque trop nauséabonde, cela va faire des frais de blanchisserie. Mais pour le moment, c’est plutôt Julien Coupat que l’on blanchit. Parmi les titres en compétition, mais qui ne correspondaient pas assez au genre pour l’emporter, il y avait le titre de Michel Gay, journaliste à l’Est Républlicain, Le Coup de Tarnac.Jarnicoton ! Mais qui a bien pu le monter ?
Un qui ne cherchera pas (ou peut-être plus) à trouver la réponse, c’est Daniel Neveu, policier retraité dans un village de l’Oise, qui n’y reste pourtant pas oisif puisqu’il va donner, aux éditions Anabet, fondatrices de ce Prix du Pamphlet, un La Mort n’a pas toujours le profil d’un assassin.
« Le titre original devait être L’Escapade, » songe l’auteur de cette Mort vue de face. Daniel Neveu a cumulé 30 ans de police judiciaire à divers postes dont celui de Saint-Martin (Paris) et d’autres aux Antilles. Son livre retrace « l’histoire d’une carrière de base qui permet l’arrestation d’un tueur en série… ».Ce tueur, c’est Marcel Barbeault, toujours encristé après 33 ans de détention et les meurtres et assassinats de sept femmes et d’un homme. Il fut pris au bout de sept ans. C’était le plus fameux prédécesseur de Guy Georges (celui du Plaisir de tuer, de Michel Dubec).
Daniel Neveu considère son livre « atypique » à présent. « On ne parle plus que d’indices scientifiques à la sauce feuilletons et séries télévisées. Ce n’était pas cela à mon époque, ce n’est d’ailleurs toujours pas cela uniquement, loin de là, qui fait du bon travail policier… ». La rencontre entre Michel Gay et Daniel Neveu reste à faire. Votre rencontre avec les autres nominés (neuf outre Yann Kerninon) attendra-t-elle ? Voyez, sur les pages d’actualités du site des éditions Anabet, quelles lectures vous correspondent le mieux…
Le jury était composé de Pascal Dusapin, Jennifer Flay, Noël Godin, Guy Konopnicki et Rudy Ricciotti, que l’on voit ci-dessous très concentrés au moment de proclamer les résultats (photo DR/JT).
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Raphël Sorin était ravi du choix du jury… (photo DR/JT)
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Siné Hebdo publiera-t-il prochainement une chronique des ouvrages de Stephan Pascau ? Noël Godin y serait disposé. Mais on n’a pu obtenir aucun renseignement de cette collaboratrice de l’hebdomadaire… (ici avec le lauréat, Yann Kerninon, photo DR/JT).
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Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !