Woerthgate : trève des confiseurs…

On ne sait toujours pas si Daloyau a livré des macarons au ministère du Travail pour qu’Éric Woerth en gratifie les enquêteurs venus l’auditionner. Pour les autres, on examinera de près les prochaines nominations et promotions dans l’Ordre national du Mérite (15 novembre) et dans celui de la Légion d’honneur (décembre 2010, Pâques, juillet 2011).

Il est parfaitement fastidieux d’aller fouiller dans les récentes promotions des divers ordres nationaux. Parfois, on s’arrête sur un nom, une qualité, par exemple sur celui de Françoise Witshi-Bettan, de la promotion du « Travail », nommée chevalier de l’Ordre du Mérite en tant que « directrice des ressources humaines dans une association hospitalière ». Après recherches sur l’Internet, on constate que cette fort honorable (et justement honorée) dame n’est pas l’adjointe de Florence Woerth à la Fondation Condé de Chantilly (établissement gériatrique), mais qu’elle exerce en Franche-Comté. À la suivante, au suivant… Jean-Claude Pierre n’est pas président de la chambre départementale des métiers de l’Oise mais de la Creuse… Jean-Lloret non plus (il préside celle des Pyrénées-Orientales). Nos félicitations au passage. On se lasse vite… D’autant plus que, on l’a vu, c’est parfois un ministre qui propose et un autre qui dispose la décoration au revers du veston.

 

Faute de grain à moudre, l’heure appartient aux commentateurs et éditorialistes. Le hic, c’est que parfois, les sites sont inaccessibles, comme celui de L’Humanité, qui l’est à répétition. On ne saura donc pas qui est « L’Homme qui menace la république », du moins dans l’immédiat. On doit se contenter de ce qu’affiche Google : « comme une odeur de soufre ». En cache, on relève aussi qu’une affiche d’une fédération de jeunes communistes risque de lui valoir des poursuites pour « outrage au président de la République ». Si vous en trouvez le visuel, merci de nous en faire part… Ce ne peut être celui qu’on finit par trouver sur le site de L’Humanité (ci-dessous), car le quotidien ne prendrait pas le risque de telles poursuites. Le site de L’Humanité semble avoir presqu’autant de problèmes que le plus dispendieux France.fr, toujours en rade, mais quintilingue (a complete and complex site, is temporarily unavailable (…)  sito completo e complesso, non é momentaneamente disponibile […] confirmamos el lanzamiento de la página para el próximo noviembre). Si le Woerthgate était un site, l’Élysée en repousserait bien la mise en ligne effective à « novembre prochain », voire aux calendes grecques.

 

En revanche, appliquant le « système de la pelote » (on tire le fil de l’intérieur jusqu’à la périphérie), ou la méthode, qui ne m’est pas que personnelle, de « la spirale » (on part de l’extérieur, de l’enquête de voisinage élargie, jusqu’à parvenir au centre), Marianne évoque de nouveau l’affaire Wildenstein. « On commence enfin à s’interroger sur l’évasion fiscale de “l’ami Guy” Wildenstein, fondateur de l’UMP et donateur très actif. Le Karachigate n’a pas fini de livrer ses secrets… ». L’hebdomadaire dit « anciennement de Jean-François Kahn » laisse penser que Jacques Chirac aurait lâché ou fait lâcher « quelques gentilles bombinettes, comme certaines révélations de l’affaire Bettencourt » pour que l’UMP rembourse « les éventuelles pénalités financières [conséquences du] procès pour les emplois fictifs de la mairie de Paris. ». Remboursez ! Remboursez aussi tout ce que Woerth et son dircab’, Sébastien Proto, ont pu concéder d’avantages à divers secteurs privés ou particuliers !

 

Mais il n’y a pas de trêve pour les chômeurs, encore ou déjà ou toujours déclarés ou non, et Le Figaro s’inquiète du fort taux de chômage des docteurs et doctorants, évidemment supérieur à celui des titulaires de mastères qui ont fini précaires, mais employés dans un MacDo, et donc retirés des listes des sans emplois. Marianne, encore, relève qu’en juin, « le nombre de demandeurs d’emploi de 50 ans et plus sans aucune activité a progressé de 1,7 % (…) Les chômeurs de longue durée (+0,9 % ce mois-ci) apprécieront. ». Ce qui fait évidemment penser qu’il ne faut pas fragiliser le ministre Woerth qui, soucieux de tempérer les ardeurs des députés UMP qui voueraient bien tous ces vieux chômeurs aux bureaux de bienfaisance des départements et des collectivités territoriales, veut quand même les faire bénéficier d’une petite retraite.

 

Toujours tirant la pelote ou suivant le fil d’Ariane de la spirale, RTL Bénélux s’intéresse à Farhad Vladi, qui a « négocié la cession de 2 000 îles aux quatre coins du monde » et « organisé l’achat de l’île d’Arros aux Seychelles par le shah d’Iran, avant qu’elle ne tombe aux mains de la Française Liliane Bettencourt. ».

 

Médiapart s’accroche a cette piste en titrant « Achetée bien trop cher par L. Bettencourt ? Les mystères de l’île d’Arros ». Montage de Nestlé pour alimenter un compte exotique ? Les mystères restent… mystérieux, voire insulaires (comme Man, Jersey ou Guernesey et quelques autres îles mystérieuses).

 

Algérie Focus reprend intégralement la contribution de l’historienne Esther Benbassa à Rue89. « Inventer des “sous-français”, jeu dangereux de Sarkozy », mais l’assortit d’un curieux photo-montage qui fait se déchirer un masque de Sarkozy pour révéler un énigmatique personnage : Patrice de Maistre ? « Boostez votre Mektoube », propose la publicité adjacente, et oui, on peut penser que Nicolas Sarközy aura bien besoin d’un petit coup de pouce de la chance (pas forcément pour remplacer Carla Bruni par une plus reposante tante Yvonne Vendroux-De Gaulle), pour se sortir du bourbier du Woerthgate.

 

Le site vietnamien Thanh tra a consacré ce dimanche tout un dossier au Woerthgate. Intertitre d’un article focalisant sur la famille Bettencourt : « Kế toán Claire Thibout ». Encore un autre ? « Tống thống Nicolas Sarkozy ». Ne pas faire dire à la presse étrangère ce qu’elle ne publie pas, ne pas en déduire que, chaussé de tongs, Nicolas Sarkozy annone des tantras au Cap Nègre pour obtenir que le Woerthgate fasse pschitt !

 

D’autres sites s’intéressent à Pal Sarközy (celui des listings de l’affaire Clearstream.. ? On ne le saura sans doute jamais, pas plus que le prénom du « de Maistre » autre évadé fiscal, peut-être un incertain, coïncidence, autre Pal).
Aucun blogue n’a pour l’instant pensé à demander à Christian ou Cécilia Ciganer (ou « tzigane », en moldovalache ou bessarabe et autres parlers roumanophones), ce qu’ils pensent des saillies de leur ex-beau-frère ou mari à propos des « gens du voyage ». Christian Ciganer disposait d’un espace sur le site de Médiapart, mais son unique billet remonte à février 2009. Il y aurait en France, à ce jour, 43 personnes portant le patronyme de Ciganer-Albeniz, et quelques autres à l’étranger (comme Ann Ciganer, directrice des « relations gouvernementales » chez Trimble). Un journaliste peut tenter sa chance…

 

La Provence revient, elle, sur les micro-partis, à la faveur d’un entretien avec Laurent de Boissieu, un ancien de La Croix. Il s’est intéressé à la structure du Trèfle, d’Albert Lapeyre, membre de la direction de Debout la République (de Nicolas Dupont-Aignan), nouveau venu dans la nébuleuse écologique. Le regretté Georges Ohayon, journaliste de l’AFP né à Mogador, ancien du Premier Choc (rgt parachutiste), décoré de la Légion d’honneur, avait un pseudo pour ses piges alimentaires : il signait Jean Lavoine (« tu comprends, Jef, c’est pour le picotin… »). Là, avec Le Trèfle, Albert Lapeyre le surpasse. Comme le résume Laurent de Boissieu en conclusion : « d’autres lacunes de la législation mériteraient également l’attention de nos confrères et des citoyens. Il est ainsi également possible de détourner la loi en fixant pour une certaine catégorie d’adhérents un montant de cotisation annuelle (qui est libre) supérieur à 7.500 euros, c’est-à-dire au-delà du plafond légal des dons. Enfin, je trouve contraire à la transparence démocratique que le rattachement annuel des parlementaires pour la seconde fraction – la première fraction dépend du nombre de voix aux législatives – du financement public soit secret. ». Quelques Georges Ohayon ou de Boissieu ne seraient pas de trop dans les rédactions pour nous décortiquer le Woerthgate…

 

Il n’y a pas que les distinctions prestigieuses à récompenser les méritants. C’est du moins ce qu’estime MLC (pseudo malamcouli) sur Mediapart. « Sébastien Roché nous a au moins permis de mieux le connaître et de savoir qu’il est un agent de la Sarkozie. Dés 1997, il reçut le Prix Littéraire de la Gendarmerie Nationale (catégorie Œuvres de réflexion). En 2006, il reçoit le Prix Habert décerné par Le Figaro-Science Po et, en 2007, Il a été fait Chevalier de l’ordre des Palmes Académiques, distinction proposée par le ministère de la Justice en 2007. Autant de titres qui peuvent permettre de comprendre sa posture intellectuelle et idéologique. Je voulais dire imposture. » Certains distingués trophées sont beaucoup plus rémunérateurs que des décorations. Pour MLC et d’autres, le Woerthgate a généré une stratégie de diversion à laquelle, selon lui, Sébastien Roché participerait.

 

Il n’y a plus trop de commentateurs proches de l’Élysée pour s’exprimer sur le Woerthgate, qui vient totalement de disparaître de la page d’accueil du site du Figaro. La conclusion – provisoire – revient à l’AFP : « Ouverture d’une information judiciaire, avec désignation d’un juge d’instruction indépendant ? Renvoi devant le tribunal correctionnel ? Classement sans suite ? Interrogé jeudi sur les suites qu’il entendait donner aux enquêtes en cours, M. Courroye est resté silencieux. » Assourdissant silence…

Dans Le Parisien de ce dimanche, le ministre de l’Intérieur, Hortefeux, a promis « pas de trêve estivale pour les voyous ». Des noms ! Des noms !