C’est vraiment couillon, un ministre comme Éric Besson, qui veut la jouer « je voyage comme tout le monde » et ne prend pas exemple sur Dominique Bussereau, ministre des Transports. C’est vraiment tartignolle, une Rachida Dati qui veut porter plainte comme Éric Besson et les époux Woerth… Et c’est vraiment tarazimboumant, un Éric Woerth qui assure les Delarue et consorts qu’en dépit de décisions judiciaires, tout recommencera comme avant…

Si les gazettes reprenaient toutes les informations du Canard enchaîné valant la peine d’être développées chaque semaine, on se demanderait à quoi servent leurs multiples redchefs (chapeautés par un directeur de la rédaction, ils sont parfois un par service dans les quotidiens, bien plus d’un seul dans les hebdos). N’allons pas « pomper » le Canard de cette semaine de début octobre, mais, quand même, signalons en bref ce qui ressort du Woerthgate.

Pas vraiment un seul mot sur Éric Besson et Bakchich dans Le Canard nº 4693. Ses limiers doivent avoir tenté de trouver la facture d’Air France relative au voyage « Capri, c’est gratuit… » de Guillon. En vain. À croire que Bussereau n’ait pas daigné suggérer à Air France de l’établir. C’était pourtant simple pour Besson. Au lieu de bénéficier d’un surclassement surprise de la part d’Air France, et d’aller à la Villa Marina de Capri, il lui suffisait de trouver à Naples ou Capri un bel hôtel du groupe Accor, l’ex-associé du groupe Carlson WagonLit, qui aurait organisé une « chaire d’innovation » rien que pour lui et madame. C’est de la sorte que, selon Le Canard, Bussereau a pu passer trois heures à Lausanne. Coût pour les contribuables : 10 000 euros. Sur ces trois heures, le ministre des Transports a trouvé le temps d’aller claquer la bise à sa fille à la remise de diplômes de la prestigieuse école hôtelière locale. Elle a été pré-embauchée par une filiale d’Accor ou de Carlson WagonLit, la jeune soubrette en chef ? Au fait, pour Besson auquel on avait simplifié à l’atterrissage les formalités douanières, on espère que madame ne s’était pas fait refiler une imitation de Vuitton ou d’Hermès par un Sénégalais de Naples ou Capri… Chanel aussi augmente le prix de ses cabas à provision…

Dati. Je vous en causais à la bonne franquette dès tôt ce matin. C’est comme pour Besson et Bakchich. Elle menace de porter plainte et du coup, Le Post pond une note de la rédaction sur la base d’on ne sait quelle dépêche d’agence : « les témoins “à charge” cités par le Canard se sont rétractés, quand les médias ont cherché à vérifier l’info ». Un coup de poignard dans le dos des confrères et consœurs du Monde. Re-résumons. Ce n’est pas en qualité de chancelière qu’Alliot-Marie (au fait : bon anniversaire, avec un léger décalage) est intervenue pour tirer d’affaire le fils Chalandon (10 000 euros mensuels d’émargement chez Visionex). C’était quand elle était ministre de l’Intérieur. Michel Delpuech, préfet, ancien dircab’, aurait d’abord estimé que Rachida Dati, Garde des Sceaux, aurait annoté dans le même sens (bonne foi, abandon des poursuites…) la lettre de MAM. Puis le préfet de Picardie s’est rétracté. Dont acte. Oui, mais quid de Fabien Chalendon lui-même qui, détenant une copie de la même lettre, répond sur procès-verbal : « C’est madame Dati qui a porté ces annotations ; je le tiens de Stéphane Noël, son directeur de cabinet. ». Noël, Noël, tu vas venir bientôt, et on se demande ce qu’il advient de la plainte en diffamation contre X des époux Woerth. En général, le délai de prescription est de trois mois. On n’en serait pas à quatre ? Même les lectrices et lecteurs du Figaro ne croient pas trop que Rachida Dati portera plainte, si ce n’est contre X, mais à l’encontre de détenus qui lui auraient adressé des lettres de menaces.

David Sénat et les écoutes. Hortefeux vient d’opposer le « secret Défense ». Pas question de faire intervenir le Service central de Prévention de la corruption. Jean-Paul Faugère, le dircab’ de Fillon, n’a pas été corrompu par Hortefeux. Sa prise illégale d’intérêt serait bien difficile à établir. C’est donc non pas la Garde des Sceaux, mais un service de Fillon, un autre service grand invalide civil, le GIC, le Groupement interministériel de contrôle, qui supplantera la CNCIS (Commission de contrôle des interceptions de sécurité). Pourquoi pas, comme pour Woerth, l’Inspection générale des Finances ? Parce que cela coûte cher aux contribuables, ces écoutes sauvageonnes, non ? Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler des courts-circuitages du GIC. Rappelez-vous l’affaire Jean-Pierre Maréchal. C’était en 1995. Sous Balladur. Non, non, rien n’a changé, tout, tout, va continuer…

Besson encore. Dans un livre à paraître incessamment (non, pas Clearstream, Eads, de Jean Galli-Douani), Sihem Souid, une ancienne de la PAF postée à Orly, racontera comment on « expulsait » des estrangers qui rentraient tout simplement chez eux. Son document, Omerta dans la police, au Cherche Midi éd., évoquera-t-il Carlson WagonLit et les hôtels Accor. En tout cas, des expulsés qui attendent leur vol ne transitent pas cette agence ou ce groupe hôtelier. Cela gonfle les chiffres, pas les commissions de groupes privés.

Woerth, Éric. Il s’est assis sur une étude montrant que l’absentéisme était moins élevé dans la fonction publique que dans le secteur privé, mais il s’assoit aussi sur les arrêts de la Cour de Cassation. C’est à propos des boîtes de prod’ qui ne salarient pas les figurants des émissions de téléréalité. Selon Woerth et Frédéric Mitterrand, l’ami commun, avec François-Marie Banier, d’Abdellah Taïa (voir Bakchich), ces figurants sont des participants heureux de suivre les scénarios de la téléréalité « en dehors de toute relation de travail ». Travailler moins pour cachetonner moins, c’est dorer la pilule des Delarue. Woerth est pour. Mais, non, tout comme Sarkozy n’est pas le président des riches, Éric Woerth est le bon docteur au chevet des futurs retraités un peu participants de leurs conditions de travail pénibles. D’ailleurs, la pénibilité, c’est un bien grand mot. Regardez comme ceux de Koh Lanta s’esbaudissent. Travaillez donc un peu plus dans la bonne humeur, le nez moins collé au guidon. Au fait, ils subissent des contrôles anti-dopage, les figurants de la téléréalité. Ou Woerth est-il aussi passé par là ? Histoire de prendre des paris en ligne sur l’une ou l’autre, et de voir celle ou celui qui doit gagner coiffer la concurrence sur le poteau ?

Banier et Bettencourt. Le Canard laisse choir le patronyme de Vincent Clanteaux. Non, ce n’est pas un « inter-mutant » du spectacle, même s’il aurait joué le Bébé Cadum. En revanche, côté jardin secret de la RATP, Média Transport ne veut pas voir l’affiche du spectacle Le Banier de crabes dans les couloirs du métro. Ce Banier ne serait-il plus en cour ? Oh que non. C’est parce que le visuel montre un Woerth et un Sarkozy, revenus de La Lanterne dans un panier. Ils n’ont même pas été raccourcis au-dessus de la cravate. Laissons-là le canard pour passer aux oranges de l’ex-cuisinier de François-Marie Banier. Selon Associated Press, il se nommerait Thomas G. Il se serait déclaré « toujours sous l’emprise psychologique de cet homme, » (Banier), un tantinet, comme il y a encore peu, Liliane Bettencourt.
Paris-Match va-t-il réaliser un entretien avec Thomas G. ?
Pour le moment, c’est François-Marie qui s’exprime dans la presse en souhaitant un solde de tout compte : « Je ne comprends pas pourquoi le procès a été reporté dans la mesure où les faits qui me sont reprochés courent de 2002 à 2007 et qu’ils sont sans lien avec les enregistrements organisés par dieu sait qui en 2009, qui ne me concernent quasiment pas. Si ma mère avait été abusée, je sauterais sur la première opportunité pour ouvrir un procès, ce que Mme Meyers-Bettencourt repousse sans cesse. Pourquoi ne vient-elle pas au procès qu’on s’explique ? ». C’est habile. On pourrait considérer que toutes, sans exception, les libéralités dont aurait joui Banier avant 2008 auraient été le fait d’une personne en pleine possession de ses moyens (immenses moyens), et que l’abus de faiblesse serait postérieur. Ne seraient donc plus visés que les personnes dans l’entourage de Liliane Bettencourt qui auraient pu bénéficier d’autres largesses, cette fois possiblement extorquées. La plainte des petits actionnaires de L’Oréal visant cette société qui accorda, jusqu’en 2011, dix ans de subsides à Banier pourrait être interprétée tout autrement. On ne saurait possiblement plus si Banier, bénéficiaire d’une main de l’Oréal, rendait d’une autre, la sienne, et à qui, autre chose que des prestations artistiques.

Bon, allez, place à l’actualité heureuse. Qui titrait « Le Scandale de leur lune de miel » fin août 2010 ? Qui titre « Deux Amoureux en visite officielle » cette semaine ? Point de vue, Images du monde, à propos de Victoria et Daniel de Suède. Ils auraient touché des « pots-de-vin ». Oh ! Mais tout leur est pardonné. « Frédéric Mitterrand a donné un dîner privé en leur honneur au ministère de la Culture, et le couple princier a été reçu à l’Élysée par le président de la République et Carla Bruni Sarkozy le 28 septembre. ». Pour le Woerthgate, c’est un peu pareil. Monsieur Besson et madame, monsieur Woerth et madame, ont toujours leurs entrées chez les Sarközy-Bruni. Tous les espoirs leur sont permis. À quand le retour en grâce de madame et monsieur Rachida Dati ?