Le Château (l’Élysée) vient de démentir Le Monde qui a porté plainte contre X (qui pourrait être un « barbouze ») pour violation des sources journalistiques. Ce qui vaut à Sarkozy un sacre, en court manteau, comme Henry II Court-Manteau d’Anjou, d’Angleterre et de maintes contrées.

Il flotte un peu dans l’habit, mais Nicolas Sarkozy fils de Dadu, « fitz Empress », comme on disait en anglo-normand (ou plutôt en latino-scandinave), tient du roi Court-Manteau (curtmantle). Le fils d’Andrée, Dadu, auprès de laquelle il prend conseil chaque jour – tout comme Henry the Second, auprès de sa mère, ex-Matilde de Toscane, d’où son surnom de fils d’impératrice –, vient donc de faire savoir qu’il n’a pas ordonné les écoutes téléphoniques incriminées par la gazette de déférence, Le Monde.

Ces écoutes visaient, selon Le Monde, tant son échotier, Gérard Davet, qu’un clerc de l’Échiquier (justice et finances sont parfois encore réunies, comme le livre Clearstream-Eads, de Jean Galli-Douani, permet parfois de l’imaginer), David Sénat. Ce dernier est à présent exilé en Guyenne (euh, Guyane), où il aura, à temps sans doute très partiel, et sans trop de présence sur place, mission de préfigurer la plantation d’un chêne sous lequel entendre les suppliques de recours. Quant à la gazette, elle se plaint, après avoir profité des écoutes aux portes de la marquise Bettencourt, qu’on ait mis l’oreille aux cornets.

 

On le sait, Henry II n’avait jamais exigé la tête de l’archevêque de Cantorbéry (Canterbury, dans l’actuel Kent), primat d’Angleterre. Tout comme Nicolas Sarkozy, il avait procédé à la révision de la Constitution (celle de Clarendon pour lui), et Thomas Beckett tenait à l’indépendance de sa justice épiscopale par rapport à celle du Roy (le Küningues, The King). Que croyez-vous qu’il advint ? Tout comme Sarkozy qui s’exclame sans doute parfois « mais qui musèlera donc ces publicistes ? », Henry aurait eu cette phrase malencontreuse : « Will no one rid me of this turbulent priest ? », ou quelque chose du genre. Sitôt dit, Reginald FitzUrse (de la pine d’ours, adaptation libre), Hughes de Moreville, Guillaume de Tracy, et Richard le Breton (un ancêtre de Patrick Le Lay ?), s’en allèrent, lalère, laridon, dordaine et dordon, occire le légat papiste (anachronisme que je revendique).

 

Le Monde a donc décidé de porter plainte contre X pour « violation du secret des sources », et sa baguette de coudrier a pointé vers le Castel. Lequel s’en défend. C’est la Direction générale de la Police nationale (DGPN) et la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) qui ont joué le rôle des barons. David Sénat aurait parlé à Gérard Davet. De quoi ? Des sectes, du communautarisme musulman, du livre de Jean Galli-Douani et des menées de « Raspoutine » (Alexandre Jevakhoff) ? Allez savoir, puisque selon la gazette, les barons se seraient contentés de trouver, parmi les listes des chuchotis passés depuis ou en direction du cornet du conseiller auprès de la Garde des Sceaux, l’estampille d’un autre appartenant à Gérard Davet. Le Monde, qui se souvient des écoutes ayant visé tant ses échotiers que la saltimbanque Carole Bouquet, sous un autre règne, n’invoque pas l’illégalité de la pratique, en soi, mais la loi du 4 janvier de l’an de grâces 2010, troisième du règne de Court-Manteau.

 

Le temps n’est plus où on enchristait « à vue » des plumitifs pour éplucher leurs agendas (ainsi d’Isabelle Horlans dans l’affaire Cons-Boutboul, mais en de nombreux autres cas itou). Il est de plus stipulé par cette loi visant à les protéger (et non pas leurs « sources » qui, elles, peuvent faire l’objet d’investigations différentes), que « ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie, et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi. ».

 

Dans le cas présent, cela se discute. Et si la gazette diffusait de fausses nouvelles qui généreraient, lors de manifestations – contre la réforme des retraites, par exemple –, des troubles de l’ordre public ? Oui, mais dans ce cas, il faudrait agir a postériori. On ne peut présumer de la fausseté ou de la véracité d’une nouvelle sans qu’il en soit jugé ainsi, et il faut que les troubles manifestes aient été constatés. Point de troubles, foin de « fausse nouvelle », selon la jurisprudence (je résume).

 

En quoi les nouvelles colportées sont-elles fausses ? Du simple fait des démentis de la Chancellerie ou du Palais royal ? Qu’on nous produise donc la lettre du conseiller désireux d’humer l’air de la Guyenne (euh, Guyane). Qu’on nous établisse avec certitude l’identité du baron improvisé, et qu’il assume son estimation de l’« impératif prépondérant d’intérêt public ». Cet intérêt public, comme la prise d’intérêts privés aux dépens de l’intérêt général, serait-il autant sujet à interprétations ? Faut-il une nouvelle loi ? Un nouveau comité d’éthique ? Voire un comité scientifique pour évaluer la pénibilité des nouvelles mesures ? De nouveaux «États généraux » de la presse ? Avec cette fois la participation du Tiers-État ? Convoquons donc encore une fois le ban et l’arrière-ban des ministres intègres et des conseillers vertueux !

 

Le président étréci, « voyou de la République », va-t-il accourcir son mantel jusqu’à en faire un bavoir ? Chopines (hautes chaussures vénitiennes de jadis, qui obligeaient des Carlita de haute stature à escorter les dames ainsi chaussées pour préserver leur équilibre) aux petons, bavoir sous le menton, Court-Manteau risque de se casser la figure. Ce ne sera plus cette fois la faute à Voltaire et la faute aux Rousseau d’antan (l’autre pèse-peu, BHV, le lévite tourneur en extase de lui-même, ne fait pas le poids ; pas plus que ces autres vieux « nouveaux » penseurs de naguère). L’ennui, c’est que le Sarkogate finira peut-être en sarcophage, mais que les Woerthgate « ordinaires » risquent de perdurer au-delà… C’est pourquoi cette farce qui évoque l’arroseur d’Arros arrosé (pour l’instant, par de multiples prébendes), et les bénéficiaires d’écoutes clandestines à leur tour écoutés, n’en est pas tout à fait une. Le Monde est justifié à se camper sur des principes, et à préserver la longueur et l’opacité du manteau dissimulant ses informatrices et informateurs. Si ce n’est pour tout de suite, c’est pour la suite… républicaine ou, peut-être, « royale » (ségoléniste). À l’automne venu, tout comme « au printemps rôti qui accourcit l’herbe et les lances des blés » (Colette) qui suivra l’hiver et les bises du Woerthgate d’à présent, c’est et sera tout un. Ou alors, qu’on nous dise si, en sus de consulter Dadu, Court-Manteau prend et suit l’avis de Poutine. Ce serait plus clair…