Il n’y avait pas que DavidSénat à bichonner le dossier Visionex, cette société qui implantait des bornesinteractives pour prendre des paris en ligne avant que Sébastien Proto ou ÉricWoerth arrangent un peu le secteur des jeux et distractions ludiquesrémunératrices. Selon Le Canard enchaîné, Rachida Dati, créature d’Albin Chalandon (avions renifleurs, chalandonnettes, prisons privées, frères Chaumet…), aurait un peu mis de l’huile dans lesrouages incriminant Fabien Chalandon, fils du mentor de l’ex-Garde des Sceaux… Elle dément. Grande folle, va ! Mais qui lui a donc fait cette polissonerie ?

Vous souvenez-vous de l’affaire Grégory ? Si, vous savez, la Vologne, Épinal, le « petit Grégory », les époux Laroche et Villemin… Va-t-on retrouver un cheveu d’une mystérieuse brune entre les feuilles d’un dossier Visionex ? Le budget du ministère de la Justice, asséché par les écoutes portant sur les rumeurs au sujet du couple Bruni-Sarkozy (eh oui, cela rapporte aux opérateurs de téléphonie), sur David Sénat téléphonant au Monde (pas tout entier), va-t-il pouvoir supporter une autre analyse d’ADN ? On va peut-être se rabattre sur les analyses graphologiques. « C’est la mère ! », m’assuraient deux experts dans la pénombre du centre d’Épinal. Le corbeau, pour Rachida, kicéki ? Allez, Péchenard et la DCRI, encore un effort pour localiser la fuite…

Or donc, on n’avait pas prévenu David Sénat au moins deux jours à l’avance. Ce n’est ni Liliane Bettencourt, ni l’UMP. On a donc perquisitionné son domicile. Et quelqu’un, sur un dossier se rapportant à l’affaire Visionex, aurait imité l’écriture de Rachida Dati, indiquant : « Merci de clôturer les investigations dans le cadre de la commission rogatoire, car la bonne foi a été prouvée ». Ce n’est bien sûr pas Rachida Dati, laquelle, à force de mimer la diction de Nicolas Sarközy, aurait certainement écrit « Cassez-vous, pôv’ c…, c’t’un pote de mon ex-patron, circulez, y a ren à voir ! ». C’est pourquoi elle oppose un démenti ferme et définitif : « ce n’est pas possible, ce n’est pas mon vocabulaire… ».

Pour une fois, après tous les démentis du Woerthgate, les dénis, en voici une de crédible. M’enfin, plagier Éric Woerth, ce n’est pas très malin. Éric Besson l’a fait, on peut constater le résultat. « Tout est désormais prétexte à me nuire. Je suis scandalisée qu’on puisse penser qu’un (sic) Garde des Sceaux ait pu intervenir pour mettre un terme à une enquête… ». Soit elle se cambre comme Michèle Alliot-Marie, qui insiste pour la formule « Madame le ministre », soit elle pense à quelqu’un en son for intérieur. Rémi de Reims ? René Charles de Maupéou ? Georges Jacques Danton ? Amédée Girod de l’Ain ? Joseph Barthélémy ? François Mitterrand (du temps des Bettencourt et de Bousquet) ? Pascal Clément ou Dominique Perben ? Quand même pas Jacques Toubon et son hélicoptère ? Pas Albin Chalandon et ses « frères » joailliers ?

Michel Delpuech, préfet de Picardie, ancien du cabinet de MAM, a-t-il reconnu l’écriture de Rachida Dati ou pas ? Oui, selon Le Canard, non selon l’intéressée, et même l’intéressé. Cette écriture lui était « inconnue ». Ben tiens. David Sénat a demandé à sa femme de ménage de la porter en marge, cela doit être ceci. Parce qu’une telle phrase, ce n’est pas n’importe quel commis de cadre C de la Chancellerie qui la consigne, n’est-il pas ? Michel Delpuech a des trous de mémoire, c’est bien compréhensible. Des notes manuscrites, de son chauffeur, de sa ministre, du traiteur de service, d’Alexandre Jevakhoff, d’autres, il en a vu tellement qu’il ne sait plus reconnaître qui écrit quoi. C’est humain.

D’ailleurs, ce n’était pas la machine à écrire de Rachida Dati qui avait porté sur son curriculum la mention « MBA du groupe HEC ». C’est bien sûr « en raison de ses origines » qu’une main malveillante avait créé cette légère confusion. Là, elle devrait saisir aussi la Halde. Et pour les émargements de présence au Parlement européen ? C’est elle ou une ou un autre ? La compagne d’Albert de Monaco ou la fille du président roumain ? Le père de sa fille ?

« Et ta mère, elle s’intéresse à Visionex ? ». Tels ne sont pas les propos de Rachida Dati adressés aux journalistes qui sollicitent sa bonne parole en la mettant en doute. Elle va certes « durcir son sexe » (lapsus d’un député pour « texte »), car si on veut s’en prendre à sa succion (zut, sa succession) à la mairie de son arrondissement parisien, on la trouvera. Elle ne mâchera pas ses mots. Gare à l’inflation, nonobstant, des démentis véhéments, des oraisons jaculatoires sur la probité et la bonne foi (du sieur Olivier Sigoignet, gérant de Visionex, par exemple ; évite le lapsus genre « si poignet »). Gare aux allitérations hasardeuses (jaculations joculatoires de la mâchoire, par exemple), et aux altérations par omission, surtout nocturnes.

Rachida Dati, comme Éric Besson à propos de Bakchich, se réserve encore « le droit de porter plainte. ». Amie, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Porte donc plainte contre eux, comme les époux Woerth. Demande un petit service à l’ami Péchenard et en contrepartie, fait un peu la nounou de son fils (sinon, il va traîner jusqu’à point d’heure dans des bouges, si ce n’est des donjons). Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves. Adresse-toi à une voyante. Carmen Tessier (pas celle d’Argentan), te refilera peut-être, en faisant tourner les tables, le numéro de mobile d’Élisabeth Tessier. Carmen disait : « la confraternité, cette haine vigilante ». Tu devrais bien trouver des journalistes complaisants… Au fait, as-tu comparé cette mention manuscrite avec celles du calligraphe de Carla Bruni ? Suggéré à Brave Patrie Madame… et à nos consœurs et confrères de cette sympathique publication.

En tout cas, nous n’avancerons pas que c’est toi, Rachida, qui avait averti Fabien Chalendon de l’imminence de sa mise en garde à vue. Le mot qu’il avait laissé à l’intention des policiers venus à son domicile n’est point de ta main, mais bien de la sienne. Le « complot ourdi par plusieurs services de police, à la solde des PMU et de la Française des jeux » qui fut dénoncé par Chalandon et Sigoignet n’est pas de ton fait. Une idée de sa source ? Woerth ? Là, au hasard… Dord ? Courtial ? Nathalie Bélinguier ? Mancel ? Anne Méaux ? Il faut faire taire les corbeaux. À coups de martinet s’il le faut. Et tordre le cou au Canard et à ses couacs.

Comme dans l’affairegraphie_rachida_dati.png du voyage de noces d’Éric Besson, il suffirait d’un rien pour avoir raison de toutes les rumeurs. Publier la facture d’Air France, par exemple. Là, un beau fac-similé de la note marginale attribuée à Rachida Dati, divulgué afin que nul n’en ignore, permettrait à tout à chacun de se faire graphologue-expert. Ce ne serait pas de la délation, comme l’estime le Service central de la Prévention de la corruption, mais du whistleblowing. C’est plus élégant ; dommage que cela me remémore l’hirondelle de Themroc, film de Claude Faraldo, interprété par Michel Piccoli et la troupe de Romain Bouteille. Le Woerthgate tourne décidemment à la farce. Corbeaux, hirondelles, martinets, que de pépiements. Pimentés, parfois, d’un lapsus, d’un écart, d’un hiatus dans la boucle d’un o sur une note manuscrite. Une vraie histoire d’o. Gare au graphe, gare au glyphe !lalettrederachida.png

P.-S. – Amusant, Le Post (.fr) me sucre deux accroches renvoyant à ce papier.
Ce, pour balancer, une bonne heure plus tard, la prose d’un « chroniqueur invité ».
Et c’est assorti d’une mise en garde.
« Note de la rédaction
Lemonde.fr précise que les témoins à charge cités par le Canard se sont rétractés,
quand les médias ont cherché à vérifier la fuite »
Or, quand vous cliquez sur le lien, vous voyez que seul Puech s’est rétracté.
Quels « témoins » ? Les policiers ? Que nenni.
Même Le Figaro n’aurait pas osé ! D’ailleurs, il n’a pas osé.
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