Pour cause de grève, Le Canard enchaîné n’était pas, cemercredi matin, dans les kiosques. Dommage, nous (vous) n’aurez pas votre dosede potins habituels sur le Woerthgate ordinaire (affaires Woerth, Besson,Bettencourt, &c.) et l’élargi (autres affaires, mensonges d’État, &c.)avant demain. Je me suis donc rabattu sur CharlieHebdo, une fois n’est pas coutume. Maisla réalité de l’actu chaude dépasse en cocasserie les calembours des hebdossatiriques…
Tout d’abord, cette interrogation du Figaro : est-il normal que les lycéens et étudiants manifestent pour les retraites ? (« ont-ils leur place dans les manifestations sur les retraites ? »). Réponse constante ou presque : oui à moins de 24% (donc trois-quarts des répondants pour le « non », les NSP ou sans opinion n’ayant pas droit à un item). Autre question posée en commentaire : les familles et les proches des mineurs de San José au Chili avaient-ils leur place près de la mine à exiger que les opérations de secours se poursuivent alors que le ministre chilien en charge des mines les incitait à se résigner ?
Autre préambule, la contribution de Jean Caplanne. Il fait notamment valoir qu’en 1945, 15 millions de paysans assuraient l’approvisionnement alimentaire de 35 millions de Françaises et Français. À présent, sans qu’on puisse comparer les nombres (les importations nourrissent autant la France que, sans doute, tous les ruraux du secteur primaire actuel), un seul paysan suffit à nourrir en céréales toute une région. Pour avoir longtemps œuvré dans l’informatique, et remplacé à moi seul, parfois, en journalisme et prépresse, largement plus d’une dizaine de professionnels, et me retrouver chômeur très proche de la retraite, je suis assez sensible à l’argument. J’ai largement amélioré la productivité (organisation informatique et autre), et créé un nombre considérable de précaires et de chômeurs. Il était difficile de faire autrement. En revanche, certains de mes impôts et taxes, certaines amputations de mes salaires, ont contribué à faire des préretraités souvent heureux de l’aubaine. Ce qui compte, « ce n’est pas le nombre d’actifs mais bien la valeur qu’ils produisent, » résume Jean Caplanne. On pourrait ajouter que les États, dont la France, par le jeu de divers mécanismes, dont la création de francs polynésiens (XPF), par exemple, laissent les banques et la finance créer de la monnaie. Est-ce bien productif, est-ce vraiment de la création de valeur ? Et surtout, pour qui au juste ?
Le Woerthgate, au sens le plus large, c’est aussi « l’Europe passoire » dénoncée par « Oncle Bernard », dit l’« économiste en crise » dans Charlie Hebdo. « La liquidation de l’État-Providence, ce que réclamait déjà la droite en 1940, avant d’embrasser Vichy, » conclut-il. C’est aussi ce que veut réellement le Front national, mais c’est une autre histoire… Lisez aussi les notes de lecture d’Oncle Bernard, c’est toujours bien vu…
Pas grand’ chose sur Woerth ou Liliane Bettencourt à se mettre sous la dent dans Charlie, sorti mardi dans les kiosques, en ayant anticipé la grève. Encore que… L’hebdo convie à la projection du film de Sabina Guzzanti, Draquila, l’Italie qui tremble… sous Berlusconi. Sarkozy-Berlusconi, c’est du pareil au même, donc ce n’est pas hors-sujet. Ce sera le 19 prochain, à 20 heures, au MK2 du Quai de la Loire à Paris.
Le Woerthgate, c’est aussi Jean Sarkozy et les fils et filles de… Charlie pointe la famille Bachelot-Narquin (oubliant les fils adoptifs, celui de Frédéric Mitterrand et François-Marie Banier… voir Bakchich sur ce point). L’hebdo signale l’ouvrage de Géraldine Woessner et Valentine Lopez, Les Chambres du pouvoir (mais ne mentionne pas l’éditeur : Éditions du moment, allez voir). L’éditeur considère que sa mission d’information « veut être à la presse ce que la guerre est à la politique (selon Clausewitz). ». Pour le moment, on a plutôt l’impression qu’une partie de la presse voudrait bien une bonne guerre (avec l’Iran, par exemple), pour solutionner le problème du financement des retraites, mais c’est… hors-sujet. Ou pas.
Woerthgate élargi encore : une brève sur les « bonus équitables » que David Cameron (R.-U.) envisage pour les banquiers tandis qu’il instaure le cache-bulldozer de « l’austérité juste » d’un plan de réduction des dépenses publiques. Comme en France, le débat ce ne sera pas un quart d’heure d’antenne pour Hitler, un autre pour les déportés, mais sans doute une paille de restriction pour les mieux lotis, une poutre de mesures pour les plus démunis et les classes dites encore, abusivement, « moyennes ». Peu à voir, mais j’aime bien les digressions : l’excellent dessin de Riss sur les deux journalistes otages en Afghanistan avec cette légende « Mon Dieu ! Kouchner était humilié tous les jours par l’Élysée ! ». On peut l’interpréter de diverses manières : Kouchner se serait sans doute bien vu accueillant « ses » otages à Kaboul, Sarkozy, après ses déclarations sur leur présumée « irresponsabilité » (et la guerre en Afghanistan, qui en est vraiment responsable ?), ne pouvait envisager d’aller faire son Salvatore devant des caméras. Là, selon Riss, on suppose que les journalistes, qui passent leur temps à s’épouiller les morpions et autres bestioles, sont atterrés par le traitement infâme réservé à Kouchner.
Woerth, et Dord… enfin ! Blablabla de Charb qui nous donne une resucée des revues de presse des semaines écoulées. La politique « sent aussi bon qu’un dessous de bras de Bettencourt ». Soit. On espère que de Maistre et les autres n’oublient pas de bichonner leur bientôt grabataire et qu’ils ne lui refilent pas des produits L’Oréal pour sa toilette, mais des trucs plus écologiques. En tout cas, elle est supposée être désodorisée, Liliane.
Parvenu à la der’ de couv’, avec « les couvertures auxquelles vous avez échappé », la moisson est maigre. On peut penser que le Canard et Charlie ne sont pas très étanches du point de vue des exclusivités, et cela laisse augurer un jeudi sans grande révélation sur le Woerthgate dans les pages du volatile. Espérons être détrompés.
Calme, luxe, et sérénité d’Éric Woerth dans le débat d’« idées » (de présupposés obligés, plutôt) sur les retraites. Belle saillie de sa part : « 62 en 2010, c’est plus jeune que 60 ans en I980 ». C’est vrai, cela. En 1980, un sénateur de 60 ans, c’était un peu un benjamin de la Chambre Haute. Les sénatrices et sénateurs ont rajeuni depuis, c’est un peu dommage pour l’équilibre des régimes de retraite, nonobstant, non ? Parce que, là, on sent qu’il y a de vieux sénateurs qui vont aller prématurément en retraite : même les grands électeurs en ont marre de l’UMP. D’ailleurs, par ailleurs, constatez : Carla Bruni-Sarkozy semble avoir encore rajeuni !
Woerthgate, volet Bettencourt. Le pr Brücker ne veut plus être l’exécuteur testamentaire de Liliane Bettencourt. Pourquoi donc ? Sir Lindsay, de L’Oréal, lui aurait fait une nouvelle fois revoir son testament ? Et imposé que le ménage soit fait ? Gilles Brücker, est ses confrères habitués de l’île d’Arros, continuent de la considérer en pleine forme. Ah, ces médecins. Michel Kalafat, neurologue, les contredit tout aussi formellement et tout autant « sans ambigüité » que Gilles Brücker. Supporte-t-elle bien les saignées scarifiées, les sinapismes à la moutarde, les sangsues, les lavements, les clystères ? Bizarrement, certains dossiers médicaux la concernant ont disparu de la circulation. Miguel Bettencourt (un lointain parent, issus de réfugiés en Amérique latine à la suite d’une « période sombre de notre histoire » ? Allez savoir…), vient, lui, de diagnostiquer une Tropical Spatic Paraparesis en Angola. Le manioc est incriminé, pas les produits L’Oréal. Ouf !
On peut douter des capacités de gestionnaire du pr Brücker : pour recueillir dix millions d’euros de la Fondation Schuller-Bettencourt, il a mis beaucoup, beaucoup plus de temps que les époux Chirac pour la Fondation Chirac. C’est en un temps record qu’ils ont récolté un million d’euros auprès d’elle. « Ni Christine Katlama ni moi-même ne touchons un centime à titre personnel, » déclare-t-il. Bernadette et Jacques Chirac vous diront exactement la même chose. Pas même des frais de bouche, pas même quelques voyages à la Éric Besson ? Pas le moindre colloque dans une île accueillante ? En tout cas, Liliane Bettencourt a des trous de mémoire. Elle aurait rétracté le 3 décembre 2008 la désignation de Gilles Brücker en tant qu’exécuteur testamentaire : « Je n’ai pas été informé de cette décision (…) Je viens d’ailleurs de demander à Liliane Bettencourt de bien vouloir me décharger de cette responsabilité… ». Ah, pas de petit papier, pas de mémoire ! Se souvient-elle avoir fait une donation de 500 000 euros à Pauline Brücker ? Si cette dernière voulait la lui rendre, dirait-elle : « ah, 500 000 francs, mais non, mais non, ce n’est qu’un pourboire ? ». Allez savoir. Il faudrait tenter l’expérience : Liliane Bettencourt calculerait-elle encore en « anciens francs » ? Cela expliquerait beaucoup de choses. 5 000 francs, pour une Liliane Bettencourt, ce n’est en effet qu’une petite gratification d’environ 300 euros. À 500 euros la minute, ce que lui rapportent ses placements, une petite visite de courtoisie chez elle vaut bien cela. Tout s’expliquerait ! Confus, les bénéficiaires, par égard pour elle, n’auraient su lui refuser ces libéralités. Pas la peine d’en faire aussi grand cas…
Du[i] Télégramme[/i] :
«[i] L’avocat de Liliane Bettencourt, Me Georges Kiejman, pourrait avoir dissimulé des documents médicaux. C’est qu’affirme le site internet de l’hebdomadaire[/i] Marianne. »
En rapport avec votre article :
http://bulletindestravailleurs.over-blog.com/article-woerth-voulait-sauver-sa-petite-retraite-58944837.html