D’Arrêt sur images, le 27 septembre, par Dan Israel : « Le ministère confirme que le dépôt de plainte contre Bakchich, “sans doute pour diffamation”, est toujours à l’ordre du jour. ». Ah bon ? Les faits étaient connus d’Éric Besson dès le jeudi 23 septembre, et le ministre a claironné diverses fois qu’il avait porté plainte les jours suivants. Pourquoi ce « sans doute » ? Parce que, même si Éric Besson supposerait être débouté, une telle plainte peut-être considérée recevable par un parquet, voire un juge d’instruction, et que ce serait un « élément de communication » ?
Sauf erreur ou omission involontaire, il n’y a eu guère, dans la presse « majeure » (mainstream) que Le Nouvel Obs’ a titrer, le premier octobre : « Voyage de noces de Besson, Bakchich enfonce le clou », ou quelque chose de similaire. Ce depuis la publication par Bakchich d’une double page dans son édition de vendredi dernier. Conclusion du Nouvel Obs’, fort laconique : « le ministre de l’Immigration refuse que les documents qu’il a fourni pour se défendre soient publiés (…) Nicolas Beau (…) avait indiqué que “ces pièces semblaient avoir été produites par le ministère dans la précipitation” ». Quelle audace de la part du Nouvel Observateur !
Quelle audace aussi de la part du Post.fr de publier deux de ces documents sur un espace personnel avec la mention « post non vérifié par la rédaction ». Ces documents ont été retouchés par mes soins (masquage de noms pour des personnes privées, commentaire sur l’adresse d’Éric Besson au ministère de l’Industrie : y côtoie-t-il des commandants de bord ou des capitaines… d’industrie ?). Ce n’est certes plus pour des raisons de « concurrence » avec Come4News que Le Monde informatique, filiale du groupe Le Monde, ne donne pas plus d’écho à ces documents. Alors, pourquoi ?
En eux-mêmes, ces documents n’ont qu’une importance très, très limitée. Il n’est même pas sûr qu’ils puissent à coup sûr établir, devant des juges, qu’Éric Besson aurait menti. Nous ne sommes pas aux États-Unis où même la presse qui était censée lui être « favorable » s’était retournée contre Bill Clinton non pas en raison de ses relations avec Monica Lewinsky mais parce qu’il avait d’abord menti par omission, puis s’était enferré, comme Éric Woerth et d’autres protagonistes du Woerthgate, dans le déni.
C’est bien parce que la presse ne veut absolument pas tirer conséquence de ce qu’implique la présence, au sein même de locaux du ministère de l’Intérieur, d’une antenne ad hoc de Carlson WagonLit, qu’elle se refuse à relayer TOUTE information sur le fond, du moins pour le moment, sans pouvoir bénéficier, comme l’indiquait Pierre Péan, d’autres fuites, plus « autorisées ».
Il suffit d’écrire que Carlson WagonLit, entreprise non cotée à la bourse étasunienne ou ailleurs, est en mesure de transmettre des informations sur les déplacements – certains tout à fait confidentiels – des fonctionnaires tous les ministères ou presque, dont évidemment celui de l’Intérieur, mais aussi de cadres d’entreprises dites « sensibles », à une puissance étrangère, pour que le silence s’établisse et perdure.
Cet état de fait remonte à 1993, quand l’équipe de campagne d’Édouard Balladur a favorisé l’un des deux soumissionnaires d’un contrat visant à confier à une société privée la gestion de tous les déplacements de tous les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, et d’étendre ensuite ce système à d’autres ministères. Ce fut par la suite Carlson WagonLit, alors intrinsèquement liée au groupe hôtelier Accor (ce n’est plus tout à fait le cas à présent, les participations financières d’Accor n’étant plus du tout les mêmes aujourd’hui) qui fut retenue, promue, recommandée, soutenue.
Quels services rendus à la France ont justifié la remise de la Légion d’honneur à Marylin Carlson par Jean-David Levitte, ancien ambassadeur proche de Nicolas Sarkozy, actuel directeur du Conseil de sécurité nationale, lequel « chapeaute » des experts de l’IHÉDN (Institut des Hautes études de Défense nationale), de l’INHÉS (Institut national des Hautes études de Sécurité), de l’IÉRSE (Institut d’études et de recherches pour la sécurité des entreprises), mais aussi du Quai d’Orsay, du ministère de la Défense, du Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN), et bien évidemment de la « cellule africaine » et de la DCRI (Direction centrale du Renseignement intérieur) ?
Nous reviendrons bien évidemment sur les documents remis à Bakchich par Éric Besson. Come4News a déjà publié d’autres documents, issus des archives de Jean Galli-Douani, auteur du livre Clearstream-Eads, le syndrome du sarkozysme, que publiera l’éditeur belge Marco Pietteur, des éditions Oser dire, et que la maison d’édition Bénévent s’est refusée, après tirage, de diffuser. Nos lectrices et nos lecteurs savent déjà pourquoi. Le choix d’un éditeur proche de Bruxelles n’est absolument pas fortuit.
Bien sûr, ces documents et d’autres, seront en partie masqués. Il serait inconcevable de publier intégralement, par exemple, la liste complète des passagers ayant accompagné Éric Besson à Naples, en indiquant en clair l’identité des deux officiers de sécurité. Lesquels, en cas de plainte d’Éric Besson instruite – et nous insistons : instruite – pour diffamation, seront sans doute (certainement, doit-on souhaiter) invités à témoigner, anonymement ou non, sur ce qu’ils savaient – et taisent – des conditions de voyage et de séjour à la Villa Marina, du ministre.
La suite et la « totale » (tous les docs) :
http://www.come4news.com/woerthgate-les-docs-qu-ric-besson-ne-veut-pas-diffuser-bis-713673