Nicolas Sarkozy, chanoine du Latran, protochanoine d’Embrun, va-t-il se retrouver, comme le (petit) caporal (de Jacques Perret), épinglé ? Non point de l’insigne de commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand par Sa Sainteté en personne en son Saint Siège, mais dans l’histoire de blanchiment de l’Institut pour les oeuvres de religion (la « banque vaticane ») ? Et Éric Woerth dans tout cela ? Pour une fois, aucun rapport jusqu’à nouvel ordre.

Détailler les péripéties quotidiennes du Woerthgate est lassant. Question écume des choses, signalons que si Éric Woerth va baver dans Le Parisien qu’il se verrait bien dans le futur gouvernement, c’est qu’il doit avoir quelques billes pour le penser, même si les promesses n’engagent que qui les écoute. De même, la rupture du contrat L’Oréal avec Banier est-il de la poudre aux yeux : ce contrat, échu en 2011, ne sera pas reconduit, voilà tout, et les sommes 2011 seront peut-être versées par avance.
Non, le protochanoine d’Embrun et chanoine du Latran n’est pas impliqué dans l’enquête sur l’IOR, dite la « banque Vaticane » pas plus que dans les aftermaths de la loge P2. Karachi, les reconduites des Rroms (au fait, dix policiers roumains vont venir jouer, pour trois ou six mois, les interprètes à Paris) avec, au passage, versements de commissions aux agences de voyages et hôteliers, et quelques autres gamelles à venir lui suffiront.
Ettore Gotti Tedeschi est sur la sellette. Et alors ? Des Tedeschi, il n’en est pas que de la famille proche de Carla Bruni. Le Bruni Empire (selon Yanko Tsvetkov, d’Alpha Designers) est, on le sait, sous la houlette de Woerth puis de Baroin, le champion de la lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent sale. Au point de, comme Philippe Mariani (UMP), souhaiter que le Luxembourg n’eut point été créé. Mais il n’ira pas non plus chercher des poux dans la tête de Gotti Tedeschi et Paolo Cipriani, à l’égard desquels le Vatican vient d’exprimer « sa totale confiance ». Si cela ne vous rappelle ou évoque rien, nous ne vivons pas dans le pays des « smellies » (ceux qui renâclent et puent du bec et des aisselles fumantes, aux pieds surets, comme le disait le Vert galant) et des fromages aux asticots regimbeurs.
L’OIR bénéficie d’un statut extra-territorial qui n’a jamais été pointé du doigt par Woerth ou Sarkozy. La Banque d’Italie a pourtant transmis au parquet, le 15 septembre, deux signalements relatifs aux opérations de cette institution. Selon La Republlica, elle servirait à favoriser fraudes et évasion fiscale. Le parquet du Senatus Populusque Romanus (non, pas les Rroms, les Romains), diligente donc une enquête.
Autant le prendre pour le moment par le gros bout de la lorgnette. Juste une incidente. Quand on supprime la réception du 14 juillet à l’Élysée, et qu’on râcle les fonds de tiroirs, quid du chanoine qui remplace Sarkozy au Latran lors des cérémonies ? Il est toujours payé par l’État (français) ?  Le SPQR (Syndicat de la presse régionale) ne s’en préoccupe guère. Pas d’acharnement, n’est-il pas ?
Or, on s’acharne. Tous les prétextes sont bons (comme d’impliquer la famille Bruni-Tedeschi dans l’affaire de l’IOR, quitte à démentir : beaux procédés, qui pourraient brouiller le teint de l’impavide Carla, et sont forcément ignobles, dignes des méthodes des collabos, et je vous en passe, et au temps pour moi…). Le dernier en date ? Relever que l’entretien de Woerth avec Le Parisien publié ce matin différerait de sa version ayant filtré et fuité la veille au soir. Que fait la DRCI ? Qui, au Parisien, a balancé l’intégrale non révisée aux confrères ? Qui, dans les rédactions, a laissé passer l’info sans proposer illico au rédacteur un reportage sur l’île d’Arros (« laisse tomber cette histoire, tu as un billet pour Arros, tu files tout de suite, il y aurait du nouveau… ») ? C’est de l’acharnement, c’est sûr. Les légères retouches n’ont porté que sur des détails (sur les retraites des mères de famille, sur les écarts de salaires entre hommes et femmes), pas du tout sur la confiance totale que Nicolas Sarkozy conserve, avec l’infaillibilité du chef de l’église catholique, apostolique et romaine, réserve à sa banque et ses réserves, à Éric Woerth. Quant à Thibout-Galilée, qui persiste en relapse à dire que 150 000 euros étaient réservés à Woerth par de Maistre (au fait, il les lui a remis, il les a empochés, ne remettant qu’un modeste chèque, ou c’est un mirage ?), on va tenter au moins, après la question, l’exorcisme majeur. Cela pourra lui éviter le bûcher.
Au fait, le Woerthgate ordinaire perdure. Combien de futurs Woerth embauchés au Comité d’entreprise d’EDF (Bérégovoy, lui, avait un poste ailleurs mais disposait sans doute de temps libre syndical à EDF), que, de nouveau, la Cour des Comptes épingle ? Le budget de 470 millions d’euros est « sapé par les gaspillages », selon Les Échos, qui épinglent aussi les 3 900 permanents, les frais d’études, enquêtes, sondages, conseils (comme dans l’Oise du temps du tandem Woerth-Mancel), et les prélèvements en numéraire. Mais que fait donc le SPQR, si prompt à nous émouvoir avec les hausses des tarifs du gaz, sans jamais opérer de rapprochement ? Le Woerthgate, c’est aussi cela.