Warda Al Jazairia, la Rose algérienne nous a tiré sa révérence. Née en 1940 à Puteaux en région parisienne, d’un père algérien et d’une mère libanaise, elle quittera son pays natal et se réfugiera avec sa famille entre Beyrouth et le Caire de 1958, période de guerre d‘indépendance jusqu‘à la libération.

Après les accords d’Evian en 1962, elle retourne se marier en France et ne tardera pas à s’envoler vers le Caire où elle travaillera avec les plus grands. Cette diva de la chanson d’amour saura se faire remarquer à ses débuts dans le monde arabe grâce en partie à ses chansons patriotiques datant de la guerre d’Algérie.

Une de ses chansons, «al ghala yenzad» faisant référence au «bon» guide Mouamar Kadhafi lui avait valu l’extradition d’Egypte pendant trois années. Un exil forcé auquel mettra fin l’intervention de Gihane al Saddate auprès de son mari, président de l‘époque.

Warda, l’Egyptienne de cœur, au regard critique, s’est éteinte en plein cycle chaotique où se succèdent dans toute la région, comme dans son pays d’adoption, des mouvements de contestation populaire interminables avec tout leur cortège de misères.

De son Egypte en ébullition elle aura eu sans doute la chance d’assister à la chute du raïs comme au scrutin des législatives même si contre toute attente, les résultats ont fait la part belle aux frères musulmans suivis des salafistes cantonnant en dernière position les partis laïcs.

De la course présidentielle en cours, elle n’aura vu que les débuts profondément marqués par de multiples aberrations avec des candidatures invalidées à tour de bras soit pour détention de double nationalité, soit pour absence de droits civiques et politiques ou encore pour collaboration avec le régime déchu… Aussi aura-t-elle senti la volonté farouche de ses concitoyens d‘en découdre avec le généraux, symbole d‘un passé à bannir.

En tout cas choquée par la couverture partiale du printemps arabe par la fameuse chaine qatarie Al Jazira, trois mois avant que ne la lâche son cœur fatigué, Warda aurait adressé à ses hauts responsables, une lettre ouverte dans laquelle elle laisse libre cours à son indignation :«vous avez tué des milliers de Libyens et vous continuez de faucher un grand nombre d’innocents en Syrie.. Vous jurez n’avoir porté aucune arme et moi je vous réponds que vous avez l’arme de destruction massive la plus puissante : les médias.

Si vous faîtes un mauvais usage des médias, vous tuerez les fils de l’arabisme. Si vos maîtres touchent leurs salaires du pétrole, vous touchez les vôtres du sang arabe parce que vous êtes des marionnettes dans leurs mains sales, et plus vous mentez, lancez des fatwas et faîtes perdre la vie aux gens, plus vous êtes payés».

Après lui avoir rendu une grande cérémonie d’hommage aujourd’hui au Caire, à la demande de Abdel-Aziz Bouteflika, sa dépouille devrait être rapatriée demain pour reposer en paix dans la terre de ses aïeux.

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