On nous promettait la main sur le cœur que plus jamais le capitalisme ne s’enfoncerait dans ses irresponsabilités congénitales. La crise de 2008 avait fini de convaincre ses plus zélés profiteurs que trop d’abus finiraient par tuer le système. Et pourtant, malgré les promesses et les « réformes », les grands acteurs économiques américains ont repris, eux, avec entrain leurs douces habitudes carnassières.
La crise économique semble déjà de l’histoire ancienne pour les grands rapaces de l’économie américaine. En passe de tirer doublement, voire, triplement, bénéfice des dérèglements économiques récents, les grands institutionnels du capitalisme mondial avaient, très certainement, raison de se gausser, lorsqu’on leur annonçait la fin des années fastes.
Une crise au triple bénéfice pour les grands institutionnels
Et qu’on en juge : Tout d’abord d’un point de vue macroéconomique. Les Etats se sont endettés pour éviter les défauts de paiement des grandes banques (premier bénéfice pour elles), avant d’être incapable de faire émerger un fiscalité un tant soi peu redistributive et moins soucieuse de compétitivité internationale (2ème bénéfice). Pour enfin forcer les Etats à en passer par des politiques de rigueur et d’austérité, parfaitement en phase avec l’intérêt des marchés (3ème bénéfice).
L’indécence aurait pu s’arrêter là, et bien non. Non content d’avoir réussi à faire échouer toute réforme d’envergure, les grands institutionnels, essentiellement américains, ont allègrement repris la bonne vieille pratique des rémunérations délirantes.
Des rémunérations banquières redevenues exagérées
Et là aussi qu’on en juge de nouveau : Lloyd Blankfein, le patron de Goldman Sachs, plus que coupable de la crise de 2008 du fait de ses agissements irresponsables à répétition, vient de rendre public son salaire au titre de l’année 2010. Au résultat qu’il annonce on peut se demander si cette publicité n’a pas, chez cet esprit hautain, pour but de scandaliser ou de montrer qu’une fois de plus il se fout de la morale. Car si 2009 fut une « petite année » pour lui, force est de constater que 2010 assure sa revanche. L’homme déclare en effet s’être vu allouer 14,1 millions de dollars de revenus. Soit une multiplication par 14 de son salaire en un an.
Mais plus généralement c’est tout Goldman Sachs qui se goinfre. Habitude comportementale, pourrions nous dire, les concernant. En effet l’entreprise dit avoir versé 5,6 millions de dollars de bonus en numéraire à ses cinq plus hauts dirigeants. Et dire qu’on nous avait assuré que le temps des bonus faramineux appartenait au passé. A croire que les banquiers américains sont réellement plus forts que toutes les bonnes intentions visant à limiter leurs rémunérations.
Mais Goldman Sachs n’est qu’un exemple parmi d’autres, le plus extrême assurément, comme souvent en ce qui les concerne.
Que dire de Brian Moyniham, patron de Bank of America, établissement sauvé de la faillite par le contribuable, qui se voit alloué 10 millions de dollars de revenus. Faible somme, certes, au regard des deux milliards que son sauvetage a couté, mais montant de rémunération représentant une augmentation de 67% par rapport à 2009.
Les contrastes intra-patronaux
Comportement d’autant plus dommageable qu’il concerne la frange la plus ouvertement parasitaire du capitalisme américain. Dans la réalité les patrons américains ont vu, en moyenne, leur rémunération baisser de 1% pour la deuxième année de suite. Mais là encore le chiffre est trompeur, car cette réalité est tout sauf celle des grands patrons. Car si le petit patronat souffre, les grands patrons, eux ont pris soin de suivre les habitudes de leurs banquiers. Pour preuve la statistiques voulant qu’en moyenne les grands patrons américains ont vu leur rémunération grimper de près de 20% en 2010. Avec là encore quelques grands moments de bravoure (la palme revenant à John Lundgren, le patron de Black et Decker, qui a vu son salaire bondir de 253 %).
Grégory VUIBOUT
http://info.france2.fr/economie/les-salaires-des-patrons-americains-s-envolent-68336949.html
http://teleobs.nouvelobs.com/articles/le-patron-de-cbs-gagne-54-millions-de-dollars-par-an
Et l’Europe suit…..