Le Presidente Abdoulaye Wade va-t-il enfin s’atteler à respecter l’un de ses engagements internationaux les plus anciens, à savoir le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (Maep) (mécanisme d'évaluation des pratiques gouvernementales d'un pays par les autres pays africains) , l’une des composantes les plus importantes du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) ? Pas sûr !

L’ancienne présidente du Maep, Mme Marie-Angélique Savané déplore cette situation qui porte atteinte à la crédibilité du pays sur le plan international à travers la suspiscion causée par cette dérobade du "Phare du Peuple".

En janvier dernier, lors d’un passage à Accra, au Ghana, elle expliquait que, «dès le début, le Président Wade avait dit qu’il est prêt à faire la revue. Malheureusement, pour des raisons que l’on ne sait pas, cela coince sans que l’on sache à quel niveau». Elle trouve ce refus bizarre puisque dit-elle : «Nous l’avons rencontré à plusieurs reprises, et il nous dit chaque fois, “je suis prêt, vous commencez demain”».

Mais peut-être, entre temps a-t-il réfléchi qu'il ne serait plus en mesure de donner des leçons de démocratie à ses petits camarades du syndicat des chefs d'état ! Et puis, les bonnes résolutions, c'est fait pour les autres, c'est bien connu…

Le Mécanisme africain par les pairs, a été mis en place dans le cadre du Nepad, on l’a dit, pour permettre à des personnalités éminentes d’Afrique, de s’assurer que les pays du Continent répondent aux critères de bonne gouvernance économique et politique. Cela, afin de montrer au monde extérieur que les ressources financières mises à la disposition de l’Afrique seraient utilisées dans la transparence et la rigueur. Le Sénégal est, avec l’Afrique du Sud, le Nigéria, et l’Algérie, à la base de la création du Nepad, dont le président Wade dirige, d’ailleurs, les volets environnement et infrastructures. On ne pourrait, face à ce pedigree, que s’attendre à le voir à la tête de toutes les initiatives tendant à renforcer ce Nepad. (source : Le Quotidien )

Le Ghana, le Rwanda, l’Île Maurice et le Kenya, se sont soumis au Maep.

Marie-Angélique Savané pense que «comme tout le monde, le Sénégal doit appliquer les principes. Le premier de ces principes est de mettre en place une commission vraiment nationale. C’est-à-dire que les personnes qui représentent la Société civile doivent être vraiment représentatives, et non être là pour elles-mêmes. Le secteur privé doit se mobiliser et s’informer. Apparemment, aucun travail n’a encore été fait au Sénégal, pour permettre au secteur privé de choisir des représentants. Jusqu’à ce jour, c’est le ministère du Nepad et de la Bonne gouvernance qui est en charge de ce Maep, mais il ne fait pas grand-chose.».

Wade a bati sa carrière d'opposant et de président sur ce genre de plans : des idées lumineuses, pas toujours de lui d'ailleurs, de doctes leçons de morale à qui veut bien les supporter, et au finish, une totale dérobade face à ses engagements et des pratiques politiques et économiques qui n'ont rien à envier à celles des républiques bananières de la belle époque.