Voilà encore une idée saugrenue : les cendres du général Bigeard aux Invalides, en compagnie des gloires nationales telles que Foch, Lyautey ou Leclerc.

Personnellement, ce qui peut bien arriver aux cendres d’un militaire m’indiffère quel qu’il soit. Je trouve néanmoins qu’à l’heure où l’on demande aux Français de se serrer la ceinture, on a autre chose à faire que de transférer la dépouille d’un ancien baroudeur. Il n’avait rien demandé d’ailleurs l’ami Marcel, il voulait que ses cendres soient dispersées au-dessus de Dien Bien Phù, son fait d’armes le plus célèbre, mais aussi une des plus belles déculottées de l’armée française. Les autorités de Hanoï n’ont pas donné leur accord, rancuniers les Vietnamiens, plus de 50 ans après. Bigeard représente ce que je déteste le plus : le militaire fier de l’être qui aime faire la guerre, qui trouve que la torture est un « mal nécessaire ». Quand un journaliste faisait une allusion à cette ignominie, il répondait : « Ne m’emmerdez pas avec ça ! » Le fait d’honorer ainsi un général des guerres coloniales revient à justifier ces guerres perdues, ces sales guerres qu’on a longtemps niées. Peut-on le mettre sur le même plan que des généraux qui ont libéré notre pays de l’occupation étrangère ? Pour Gérard Longuet, « C’est une chose exceptionnelle, magnifique ! » Ma foi, s’il n’y a que ça pour le faire grimper aux rideaux ! La fille du général a donné son accord donc ça va se faire. Avec un beau reportage en direct avec Marie Drucker et Stéphane Bern, en grandes pompes, ça va avoir une de ces gueules ! Un beau discours du président de la République écrit par Henri Guaino qui va sortir sa plus belle plume pour l’occasion et la gauche qui n’osera même pas critiquer de peur de passer pour des mauvais patriotes ! Et si j’allais à la pêche, ce jour-là ?