En date du 29 Juin 2013, l’Institut Géophysique de l’École Polytechnique Nationale équatorienne, – l’IGEPN -, a émis un rapport spécial concernant la recrudescence d’activité sur le volcan Tungurahua : « L’alerte rouge a été édictée concernant la surveillance sismique du volcan Tungurahua. Alors que le nombre de tremblements de terre tectonico-volcaniques détectés et enregistrés en date du 20 Juin, n’était que de 10 par jour, après une moyenne de 29 par jour entre le 24 et le 28 Juin, il s’est transformé en essaim à compter du 29 Juin, avec un total de 54 aléas sismiques de longue période, – ou LPs -, causant une augmentation de la pression à l’intérieur de l’édifice volcanique, des aléas générés par la circulation et la vibration du fluide magmatique dans les fissures et les conduits. Leur foyer se sont localisés dans la partie basale et la cheminée magmatique. L’activité vulcanienne s’est traduite par une émission de fumerolles, une augmentation caractéristique d’anhydride sulfureux, – ou dioxyde de soufre, SO2 -, et une surpression dans le conduit obturé par un bouchon dans sa zone supérieure. »
Dans ces circonstances, il est évident qu’un tel contexte favorise une concentration de pression à l’intérieur du volcan. Et, de fait, les pressions s’accumulent et peuvent se traduire, comme cela s’est déjà produit le 16 Décembre, 2012, en Mars et en Mai 2013, par l’annonce d’une nouvelle phase d’activité d’Indice d’Explositivité Volcanique, VEI 2, voire CEI 3, d’une explosion et l’éjection du bouchon sommital avec expulsion de cendres, de téphras et de roches.
Comme il était à prévoir, le nombre d’aléas sismiques de type LP et celui de séismes tectonico-volcaniques ont été, depuis le 29 Juin, en constante augmentation et ont atteint, avec mobilisation et concentration du fluide à l’intérieur du volcan et dans la verticalité de la cheminée éruptive, le 13 Juillet, après les 12 h 00, le nombre de 2 LPs par minute.
Ainsi, entre 15 h 00, le 13 Juillet, et 06 h 47, le 14 Juillet, ce sont 266 événements de longue période qui ont été localisés et enregistrés par le service de surveillance de l’édifice volcanique. Inéluctablement, un tremor de haute intensité, annonciateur de la remontée du magma, et surpression dans la partie sommitale, s’est mis en place et a précédé la violente explosion, à 06 h 51 expulsant le bouchon obturateur et générant une colonne de vapeur d’eau, de gaz, de cendres et de roches qui a atteint une altitude de 5,1 kilomètres au-dessus du cratère sommital, une hauteur qui n’a cessé d’augmenter au fil des heures et culminer, à 08 h 42, entre 8,3 et 9 kilomètres au-dessus de la zone cratérale.
Poussés par les vents dominants, les cendres et les téphras ont dérivé au Nord, à l’Ouest et au Sud, sur des dizaines de kilomètres au-delà de la ville de Quito, capitale de l’Equateur, située à plus de 150 kilomètres du Tangurahua, et dans la province de Manabi, recouvrant, d’une pellicule de cendre plus ou moins épaisse, les villages et les villes circonsvoisines du bâti vulcanien.
En outre, l’explosion qui a été entendue dans un rayon de 400 à 500 kilomètres autour de l’édifice volcanique, a produit un flux pyroclastique, – nuées ardentes -, qui a dévalé la « Quebrada Achupashal », flanc Ouest du volcan, et qui s’est engouffré dans la vallée du « Chambo River », dévastant tout sur son passage. Malheureusement les conditions de nébulosité interdisent toute vue sur le volcan et il est impossibilité de savoir si le Tangurahua a subi une décapitation de sa zone sommitale et si une caldeira s’est formée.
L’évacuation de 200 habitants a été ordonnée mais elle s’avère difficile à réaliser à cause des fortes pluies et des risques éventuels de lahars, – coulées de boues -. Et des craintes peuvent être émises sur la ville thermale de Baños,et ses 50.000 curistes, située au pied du colosse équatorien.
Pour l’historique du Tangurahua, voir l’article du 23 Avril 2012 sur C4N : Explosion du volcan Tungurahua, en Equateur, provoquant chute de clastes sur la ville de Pillate
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15 Juillet 2013 © Raymond Matabosch