Les spécialistes de la sociologie politique ont régulièrement défini l’autorité comme la capacité qu’a un individu d’amener d’autres à faire certaines choses parce qu’ils pensent que cet individu a le droit de leur recommander ce qu’ils doivent faire. Et dans ce cas, on parle de légitimité.

Pour revenir à notre contexte, est donc président légitime, celui jouissant au sein de sa population d’une autorité « légale – rationnelle ». En Afrique, généralement, on dira plutôt d’un président qu’il possède le pouvoir et non l’autorité ; dans la mesure où le pouvoir se veut être la capacité de faire réaliser certaines choses, d’amener les autres à faire ce que l’on veut, y compris contre leur volonté.

On comprend aisément en fin de compte que la légitimité d’un leader ne peut venir que de son peuple. Aussi, vu dans cet angle, on peut conclure sans le moindre effort que le nouveau président du Cameroun qui sera connu dans quelques jours pourrait souffrir d’un véritable syndrome d’illégitimité. Ceci, au regard des irrégularités plus ou moins graves qui ont entachées le scrutin du dimanche 09 octobre dernier. Tous les observateurs sérieux ont noté un taux d’abstention très élevé, des votes multiples, et surtout la fusillade qui a couté la mort à deux gendarmes dans la région du Sud Ouest du pays. Egalement, cette observation est bien partagée par de nombreux organes de presse camerounais. C’est le cas du quotidien Mutation de ce lundi 10 octobre qui avait pour titre principal : «  le triomphe de l’abstention ».

Il est vrai que l’on ne dispose pas encore de chiffres officiels. Cependant, tout le monde au Cameroun s’accorde sur le fait que les camerounais ont très largement boudé ce scrutin. Ainsi, il sera très regrettable que dans un pays comptant près de 20 millions d’habitants, qu’un président soit élu par moins de 5 millions d’électeurs. Tous ces dysfonctionnements, ne pouvant que détériorer davantage l’image d’un pays qui n’était déjà pas jusqu’ici un exemple en matière de démocratie sur le continent.