Muet jusqu’au dédain jusqu’à présent, le premier ministre russe accepte, enfin, de répondre aux questions qui se posent sur son cas depuis le début des manifestations faisant suite à la proclamation des résultats des dernières élections. Avec à la clé de cette séance de questions-réponses tout un tas de sujet abordés, et plus particulièrement celui des récentes contestations. Mais, au final, supposons que cette épreuve de pure communication nous en apprendra beaucoup par ce qu’il s’agira de taire, davantage que par ce qu’il s’agira de porter à la question.


 Contesté par une partie de son opinion publique Vladimir Poutine a prévu, aujourd’hui, de participer à une séance de questions-réponses que lui ont adressées ses administrés. Pur gadget de communication, à l’image, d’ailleurs, de la « berlusconisation » du pouvoir russe,  l’exercice ne manquera, pourtant pas, d’intérêt.

En effet le premier ministre devrait s’y exprimer, pour la première fois, au sujet de la contestation que son élection à suscitée. De toute façon, sur la question, le pouvoir russe a admis l’existence de fraudes tout en précisant qu’elles n’étaient pas de nature à infléchir significativement le résultat final. Donc pour Poutine c’est tout à fait clair : il n’y a pas lieu de procéder à un recompte des voix, ou pire, pour lui, à une nouvelle élection. Sa victoire est acquise et ne peut souffrir d’aucune contestation.


Les différents thèmes abordés en l’ombre de la contestation populaire contre les dernières élections


Mais plus généralement, alors, à quoi pourra servir un tel exercice ? En réalité à plusieurs choses. 1)      En premier lieu, bien sûr, la question des contestations faisant suite à son élection. Mais qu’on se le dise le sujet étant si peu légitime pour lui qu’on peut s’attendre à ce qu’il se montre assez peu bavard sur la question. Son silence ayant, implicitement, valeur de réfutation. 2)      En second lieu toute une série de questions portant sur les affaires courantes concernant la politique intérieure du pays. Les préoccupations des russes tournant autours de la protection sociale ou de la gestion communale sont, par exemple, prévues. Juste histoire d’entretenir l’illusion d’une discussion au coin du feu entre le leader russe et son peuple. Car les conseillers en communication du toujours premier ministre russe n’ont pas lésiné sur les effets de manche visant à entretenir l’illusion de la proximité du chef avec son peuple. Ils rappellent, par exemple, à l’ envi que Vladimir Poutine se plie annuellement à cette exercice de questions-réponses depuis une décennie. Façon de battre en brèche les accusations d’illégitimité du leader de Russie Unie. Bref stratagème implicite et retorse visant à discréditer ceux qui l’accusent de fraude. Car même si le sujet des élections est officiellement clos, comme l’atteste le maintien du calendrier législatif qui prévoit un enregistrement de la nouvelle chambre législative le 21 décembre, il reste terriblement omniprésent. Pour preuve cette séance de questions-réponses où tout ce qui fera sens sera à interroger à travers les silences qui s’y imposeront.

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5japhsUgHGczEVDzu8cBAtfO6KRqQ?docId=CNG.1a01430d087bfdb839980f1a665c54dd.2e1

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/12/13/les-autorites-russes-tentent-de-juguler-la-contestation-dont-elles-sont-la-cible_1617917_3214.html

http://www.lemonde.fr/europe/live/2011/12/15/suivez-en-direct-l-intervention-de-vladimir-poutine_1618686_3214.html

 

Anthony Rigot le 15-12-11