"Nous sommes là pour commémorer les victimes des répressions politiques des années 30-50" a déclaré Vladimir Poutine, à Boutovo, l'un des sites de triste mémoire, témoin des purges staliniennes, "De telles tragédies se sont répétées dans l'histoire à plusieurs reprises. Cela arrivait lorsque des idéaux qui paraissaient attrayants mais étaient vides de sens étaient placés au-dessus des valeurs fondamentales: la vie humaine, les droits et les libertés de l'Homme" avant d'assister à l'office des morts, célébrée par Alexis II, patriarche de Moscou et de toutes les Russie. Vladimir Poutine n'a jusqu'ici que peu accordé d'attention aux commémorations des victimes des purges. Il a été lieutenant-colonel du KGB, KGB qui aurait participé à ces purges.  

 

Le déplacement est à la fois salué et critiqué par les représentants des droits de l'Homme, ainsi de Arseni Roguinski, président de Memorial International qui aurait déclaré "Le président Poutine avait dit dans le passé qu'il ne fallait pas oublier l'année 1937. Mais ces paroles ne se sont jamais transformées en faits concrets (monuments, musées, recherches des fosses communes, aide aux survivants)" tandis qu'un des chefs de l'opposition évoque le fait que Staline est encore sur la place rouge: "Qu'il vienne ici à la Loubianka. Quand il retirera Staline de la place Rouge, on aura des sujets à discuter".  

De fait comment ne pas frémir? 20675 personnes ont été fusillées dit-on… mais le chiffre serait sous-estimé selon Lidia Golovkova, chercheuse au département de l'histoire contemporaine de l'Eglise à l'Université orthodoxe Saint Tikhon, qui l'estime à 90 000 environ, les archives n'étant pas toujours vraisemblablement fiable. Lors d'une conférence, relatée par Blagovest-info, elle évoque les purges depuis l'année 1917, alors que les bolchéviques envisagent de se débarrasser de la noblesse, des officiers de l'armée tsariste, mais aussi de gens simple, paysans ou ouvriers, parfois accusés d'avoir dissimulé des provisions, d'avoir participé à un grand complot international ou bien d'avoir mal regardé un bolchevique… Les prêtres aussi sont déclarés ennemis du peuple, et poursuivis. Pour intimider les fidèles, ils sont pendus aux portes des églises, noyés dans des trous ouverts dans la glace, ou encore jetés sur les rails. Dès 1918, et comme les fidèles révèrent les tués comme des saints, les soviétiques décident de se débarrasser aussi d'eux…

 

Plus tard en 1937, on arrête à nouveau ceux qui avaient pu fuir en exil, la plupart du temps ils sont fusillés. Les fusillés, après avoir été enterrés dans la ville de Moscou, et par manque de place le sont par la suite dans des emplacements spéciaux, un peu à l'extérieur, et c'est le cas du polygone de Boutovo, précisément là où s'est rendu le président russe.   A la fin de 1937, les voitures pénitentiaires forment de longues files ininterrompues, on y dépose ceux qui seront fusillés et les coups de feux se succèdent au polygone de Boutovo jour et nuit… 

 

Selon Lidia Golovkova, contrairement aux chiffres officiels, de 20975 personnes, se seraient 90 000 personnes qui auraient été tués à Boutovo, et précise-t-elle, de nombreux documents auraient été détruits.   Vladimir Poutine est allé déposer une gerbe sous une grande croix de 12.5 mètres en mémoire des martyrs, beaucoup de religieux à Boutovo mais pas seulement…

 

ils ont tous été victime du parti et de ses purges, et aux victimes succèdent parfois leurs bourreaux. Lidia Golovkova prépare un livre cette période, qui se nommera "Le Polygone de Boutovo", mais cela devrait prendre du temps:  des informations lui arrivent régulièrement sur les victimes des purges de 1937 et 1938…

 

La seule source trouvée sur internet pour les propos de Lidia Golovkova est sur le lien suivant: http://www.orthodoxie.com/2007/03/le_polygone_de_.html qui retraduit manifestement http://www.blagovest-info.ru/index.php?ss=2&s=4&id=12630