On entend de plus en plus parler d’études constatant la relation entre les jeux vidéo à caractère violent et l’insensibilité à la violence et les comportements agressifs. En tant qu’amateur de jeux vidéo, je suis à même de réaliser qu’en effet plusieurs jeux présentent des scènes violentes, grossières et de mauvais goût. On pense notamment à la fameuse série Grand Theft Auto où se côtoient meurtres, proxénétisme et boulots illégaux peu reluisants. Bien que je n’endosse pas la violence gratuite à laquelle nous exposent certains jeux, je réalise qu’il n’est pas nécessairement correct d’affirmer que les jeux vidéo violents sont une cause majeure des excès de rages en tout genre. Cette idée a été popularisée en Amérique et un peu partout grâce aux évènements à l’école de Columbine et au Collège Dawson, puisque les tueurs jouaient ouvertement à ce type de jeux.

 

 Une double étude sur le sujet a été menée récemment dans une université américaine. Dans un premier temps, un échantillon de personnes a été séparé entre deux groupes. L’un jouait à des jeux violents alors que l’autre jouait à des jeux normaux et pacifiques. Puis, ils ont été témoins d’une bagarre dont ils entendaient seulement les bruits et où un des opposants criait à l’agonie. Ceux ayant joué à des jeux violents ont mis énormément plus de temps à envisager d’aider la victime que les joueurs de jeux sans violence. Dans une deuxième étude, un échantillon de gens a été mis en présence d’une femme blessée à la cheville qui ne pouvait se remettre sur ses béquilles. Une partie d’eux avait visionné un film violent auparavant alors que les autres personnes ont directement été mises  en contact avec la femme. Ceux ayant assisté au film ont mis près de 26% plus de temps à ramasser les béquilles de la femme. Selon les chercheurs, «l’exposition aux médias violents produit une désensibilisation physiologique –un  abaissement du rythme cardiaque et de la conductivité électrique de la peau — à la vue de scènes de violence réelles peu de temps après».

En jouant sur les mots, on se rend compte que les jeux vidéo désensibilisent à la violence, mais ne rendent pas insensible. 

 Il est indéniable que ceux-ci ont une quelconque influence sur notre attitude envers la violence dans la vie de tous les jours. Cependant, il n’y a pas encore eu de preuve de corrélation directe entre un jeux vidéo et des comportements violents rapportés. On est en droit de s’interroger lorsqu’un enfant agit de façon impulsive et agressive lors d’une situation quelconque, si’il est bien de relier son action à son jeu favori.  

 

Dans un autre ordre d’idées,  des études semblables auraient découvert que les jeux vidéo sont un moyen de canaliser l’agressivité.  Je ne crois pas qu’il faut mettre tous les jeux vidéo dans le même moule comme les médias et les gens ignorants ont tendance à le faire. Certes, certains sont violents, mais d’autres développent l’acuité visuelle et la concentration, ou divertissent tout simplement. Aussi, les jeux violents ne figurent même pas au sommet  des ventes. Les gens préfèrent en général les jeux de sports, de courses ou de stratégies. Sur tous les joueurs de jeux vidéo au monde, combien d’entre eux réagiront avec un comportement violence ayant des conséquences? Est-ce que cette violence a été engendrée seulement par les jeux vidéo ?  

 

 Je souhaite, en publiant cet article, que les gens arrêtent par exemple d’accuser les jeux vidéo lorsqu’un enfant de 9 ans réplique aux propos injurieux d’un autre élève dans la cour de récréation par un direct au visage. (Situation à laquelle j’ai malheureusement assisté.) Aussi, les gens réaliseront peut-être au fil du temps que les jeux vidéo violents n’ont rien à voir avec un jeune homme antipathique, en marge de la société et fanatique des vampires qui décide un jour d’aller faire chanter sa 30-06 dans la cafétéria d’une école. On doit comprendre que lorsqu’une personne réagit violemment, c’est dans 99% des cas suite à une accumulation d’évènements.

 

Je ne pense pas que les jeux violents agissent de façon pernicieuse ou directe sur un individu. Certaines études démontrent bel et bien qu’une exposition prolongée aux jeux rend agressif à court terme,  mais plusieurs psychologues affirment que  ce type de divertissement n’est pas un élément de cause à effet dans une situation violente.  

 

Laissons-nous pour finir sur une note humoristique de Jean-François Mercier, humoriste québécois bien connu, répondant à une dame lui demandant si on ferait bien d’interdire les jeux vidéo violents car plusieurs auteurs de fusillades y jouaient. « Chère Véronique, quand ces gars-là avaient mal à la tête, y prenaient une aspirine. Devrait-on bannir les aspirines ? ‘coute ben ma conne […] »  

 

Liens connexes :
http://www.youtube.com/watch?v=rAWrUCmw5jY
http://technaute.cyberpresse.ca/jeux-video/200902/20/01-829461-les-jeux-video-violents-rendent-insensible-a-la-douleur-des-autres.php  http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39373306,00.htm  http://techno.branchez-vous.com/actualite/2008/11/les_jeux_video_violents_ont-il.html  http://www.ciao.fr/Associe_t_on_trop_souvent_jeux_video_et_violence__Avis_1216905