Dans notre vie, depuis déjà plusieurs siècles, nous entendons parler de philosophes. La plupart du temps, nous ne nous attardons pas vraiment sur eux. Pourtant, ils méritent d’être connus et reconnus pour leurs recherches et accomplissements. Prenons par exemple Viktor Frankl qui fonda une pratique appelée la logothérapie. Dans ce texte, une définition de la logothérapie vous sera présentée, les avenues principales pour trouver un sens à sa vie vous seront montrées et pour finir, un parallèle avec les types de tempéraments de Keirsey and Bates sera effectué.
Viktor Emil Frankl, né en 1905 à Viennes en Autriche, était un neurologiste et un psychiatre. Il a servi comme médecin généraliste, psychiatre ainsi que travailleur dans des camps de concentration nazis durant la deuxième guerre mondiale. Ses expériences dans les camps lui ont permis de mettre au point son approche thérapeutique ; il constata que même dans la pire des situations, la vie et même la souffrance ont un sens. C’est cette constatation même qui est à la base de la logothérapie (logo en grec signifie raison).
« Je parle de “recherche d’un sens à la vie” par opposition au principe de plaisir sur lequel est fondée la psychanalyse freudienne, ainsi qu’à la volonté de puissance qui est au centre de la psychologie adlérienne. » (Découvrir un sens à sa vie)[1]. Contrairement au désir d’éprouver du plaisir chez Freud et au désir d’avoir du pouvoir chez Adler, Frankl identifie le sens à la vie comme la principale motivation des êtres humains à vivre ; tant que la vie de l’individu aura du sens à ses yeux, il avancera. Il considère donc le vide de sens comme étant LA cause des crises existentielles. Pour lui, la recherche de plaisir et la recherche de pouvoir ne sont que des symptômes d’un manque de sens, les individus cherchant à combler un vide de sens, entre autres, par le plaisir ou le pouvoir. Le patient de cette doctrine doit «chercher son but à l’extérieur plutôt qu’en lui-même ou dans sa psyché, dans une dimension qui transcende son existence individuelle.»[2] Pour trouver le sens de la vie, Frankl propose 3 avenues principales qui sont les suivantes :
Ø Accomplir une œuvre ou une bonne action;
Ø Connaître et aimer quelque chose ou quelqu’un (on peut trouver un sens à sa vie non seulement dans le travail, mais aussi dans l’amour);
Ø Assumer dignement une souffrance inévitable (permet de transformer une situation pénible en réussite personnelle).
Le vide existentiel est la perte de motivation à vivre. Parfois, la personne atteinte de vide existentiel ne sait même plus ce qu’elle veut ou cherche à imiter les autres ou à leur faire plaisir. Ils ressentent un sentiment de vide, ne trouvent pas de sens à leur vie et ressentent souvent de l’ennui. Une impression de « ce que je fais ne semble ne servir à rien » peut aussi être présente. Pour vaincre cette souffrance, deux comportements sont prescrits : le sens de l’amour et le sens de l’humour. «La raison de vivre varie en fonction des individus, de leur situation, et de leur histoire.» Donc, Frankl veut dire par là que chaque personne est différente et que tout le monde à une question existentielle différente qui ne peut être répondue qu’en prenant sa vie en main. La personne ayant trouvé un sens à sa vie est heureuse et peut maintenant faire face à la souffrance.
Pour traiter les gens souffrant psychologiquement d’un "manque de sens", Frankl a développé la logothérapie. Cette approche se base sur trois principes philosophiques et psychologiques :
– Le libre arbitre : Principe selon lequel chaque être humain est libre, en dehors de toutes conséquences, de prendre des décisions et d’agir en accord avec ses décisions.
– Le désir de trouver un sens : Principe selon lequel un être humain doit sentir qu’il vit pour une raison, qu’il a un but bien à lui, qu’il a une place unique, sans quoi il se sentira vide et sentira que sa vie est sans réelle utilité.
– Le sens de la vie : Principe selon lequel la vie, peu importe les circonstances, a un but et qu’il faut tirer le meilleur de soi et du monde, en percevant et en réalisant le sens de chaque moment dans toutes les situations.
Frankl considère l’humain comme une entité trinitaire constituée du physique, du psychique et du spirituel. La logothérapie se concentre sur l’inconscient spirituel et l’essentiel de la thérapie consiste à amener le patient à trouver un sens aux événements, aux choses et à la vie à travers diverses techniques afin de combler le vide de sens.
Il est intéressant de constater combien chacune des approches peut être directement associée à trois des quatre types de tempéraments tels qu’établis par David Keirsey et Marylin Bates. Selon Keirsey et Bates, chacun des tempéraments a des désirs et des besoins différents qui ne sont pas partagés par les autres tempéraments et pour cette raison, une approche différente doit être utilisée dépendamment du tempérament.
Le tempérament Dionysien (SP) ressent le besoin de se sentir libre de vivre des sensations pour le simple plaisir de les vivre. Dans cette optique, l’approche de Freud conviendrait beaucoup plus que l’approche d’Adler ou Frankl puisque qu’elle se base sur le besoin d’éprouver du plaisir. Le Dionysien vit pour le plaisir de vivre. Il fait les choses pour aucun autre but que celui d’éprouver du plaisir à les faire.
Le tempérament Prométhéen (NT) ressent le besoin d’avoir du pouvoir sur la nature, d’être capable de comprendre, de contrôler, de prédire et d’expliquer la réalité afin de se sentir valorisé. On peut donc y associer l’approche d’Adler qui se base sur le besoin de pouvoir afin de convertir les sentiments d’infériorité en sentiments de supériorité. Le tempérament Prométhéen tire d’ailleurs une très grande satisfaction de l’acquisition de nouvelles compétences. Le Prométhéen passera donc la plus grande partie de sa vie à apprendre.
Le tempérament Apollonien (NF) ressent le besoin d’avoir une raison d’être, que sa présence, sa vie, fait une réelle différence et que son absence laisserait un vide. Le but dans la vie d’un Apollonien est d’avoir un but dans la vie, peu importe ce qu’il est, du moment où il est le seul à pouvoir l’accomplir, ce qui le fait sentir indispensable. L’approche de Frankl va donc main dans la main avec le tempérament Apollonien, puisqu’il se centre sur ce besoin d’avoir un but, un sens.
Merci pour cet article, très riche en explications.
Je suis ravie d’avoir découvert aujourd’hui la logothérapie, que je ne connaissais pas encore.
Cela me donne envie de lire ce philosophe!