Ne pas confondre La Grande Évasion (The Great Escape, John Sturges, 1963), La Grande Illusion (Renoir, 1937) et La Grande Vadrouille (Oury, 1966). Il s’agit de trois films mettant en scène des aviateurs devant s’évader, soit d’un camp, soit d’un pays occupé. Mais, minute, papillon, le plus grand évadé du grand écran, reste Steve McQueen…

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Jean-Louis Bory s’en prenait parfois aux « grandevadrouilleries », soit aux films à fort succès tel celui de Gérard Oury qui attendit plus de quarante ans d’être détrôné, pour le nombre des entrées, en France, par le Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon (2008). Autant le film de Renoir est tout à l’opposé de celui d’Oury, autant le John Sturges, avec deux « gueules » célèbres, Charles Bronson et Steve McQueen (mais aussi James Coburn et d’autres acteurs de premier plan), est un film à grand spectacle. Il a d’ailleurs réalisé en France, avec plus de huit millions d’entrées, un résultat proche de la moitié de celui d’Oury.

 

C’est le troisième film avec John Sturges pour McQueen (qui l’emploie pour ses Sept Mercenaires, en 1960) mais c’est celui qui en fait une véritable vedette du grand écran. Auparavant, en Josh Randall pour Au Nom de la loi (série télévisée américaine), McQueen jouissait déjà d’une remarquable notoriété, mais il ne « crève » pas autant l’écran qu’un Clint Eastwood cadré par Sergio Leone ou un Terence Hill devenu Trinita.

 

Ce qui lui fera voler la vedette à Bronson et à Coburn dans cette Grande Évasion, c’est sa prouesse à moto. Une idée à lui qu’il fait intégrer au scénario, veut la légende du film, qui est adapté d’une version, romancée par Paul Brickhill, de l’une des plus grandes tentatives réelles d’évasion de camps de prisonniers militaires. Steve McQueen (1930-1980), est un ancien mécano du corps des Marines qui, issu de l’Actors Studio, se passionne pour les sports mécaniques. Il sera aussi un remarquable pilote de voitures de rallyes ou de circuits et de moto. Pour ce film, il réalisera diverses cascades, ne laissant sa place à un professionnel que pour le plus long saut (3,70 m de hauteur et 20 m parcourus dans les airs).

 

Dans la vie, Steve McQueen est aussi un vrai casse-cou (il sera blessé lors de courses ou d’entraînements), un womanizer (homme à femmes) un peu compulsif, et un consommateur de substances diverses. Il semble que les femmes et les substances ne lui ont pas nui tandis que l’amiante de ses combinaisons ignifugées de pilote – et celle d’un bateau transporteur de troupes à envoyer au déchirage lorsqu’il était dans les Marines – aurait eu raison de ses poumons et de sa vie. Comme quoi, en matières d’occupations et de substances, les légales, soit celles visant à augmenter l’efficacité au travail et à reproduire les classes laborieuses, ne sont pas moins nocives que les illégales… Quoi qu’il en soit, McQueen passe allégrement, à l’écran, des deux côtés des lois et des désordres. Il sera ainsi le Papillon du roman d’Henri Charrière adapté par Franklin J. Schaffner en 1973. Le succès du roman en France entraîne celui du film et McQueen sera longtemps, avec Jerry Lewis, l’un des acteurs préférés des Françaises et des Français. De plus, tous les petits garçons (sans parler des Calamity Jane en robes longues ou kilts ou chemisiers en Vichy) du milieu des années 1960 ont voulu tenir en mains une Winchester à canon scié en plastique. Gilbert Bécaud va d’ailleurs vouloir acquérir à tout prix l’une des trois, réelles, utilisées pour le tournage de la série.

 

Terrence « Steve » McQueen est l’un des tout premiers « antihéros » cinématographiques. On le surnommera The King of Cool. Acteur le mieux payé au monde pour l’année 1974, c’est un vrai enfant de la balle et de la rue : abandonné par son père, placé ici ou là, accepté ou rejeté par divers beaux-pères successifs, il sera un petit délinquant, puis un jack of all trades (homme à tout faire, vivant de petits boulots). Sa courte carrière militaire sera ponctuée de sanctions, de rétrogradations au rang de simple Marine, de séjours en salle de police, et d’absences injustifiées, mais il rentrera dans le rang avant d’en sortir honorablement en 1950. Il aura donc été, de l’âge de 17 à celui de 20 ans, un militaire somme toute convenable. C’est ensuite qu’il prend des cours de théâtre et participe à des courses de moto pour améliorer l’ordinaire…

 

Le problème, c’est qu’avec ses talents de pilote, McQueen a rendu incontournable la scène de poursuite en véhicules de tout film d’action américain. Depuis son Bullitt (Peter Yates, 1968), impossible d’envisager un quelconque policier sans crissements de roues, sans carrosseries cabossées. On peut estimer que c’est lui qui fit entrer la Ford Mustang au panthéon des américaines sportives, aux côtés de la Corvette de Chevy (General Motors). John Landis, avec le mythique The Blues Brothers (avec John Belushi et Dan Aykroyd, en 1980) aura beau parodier ce genre de séquence jusqu’à l’absurde, il est devenu impossible d’y échapper. Ce qui a fini par lasser McQueen qui finira aussi par refuser tout rôle de policier ou d’enquêteur.

 

À sa mort, il disposait d’une collection forte de plus de cent motos et de deux Ferrari ainsi que de quelques Porsche et aussi d’un biplan Pitcaim PA-8 qu’il pilotait à l’occasion. Il possédait aussi des Rolex (l’Explorer II ref. 1655 est surnommée d’après lui) et des Tag Heuer de la série des Monaco.

 

Un site Internet, Stevemcqueen.com, perpétue sa mémoire.

 

Et vous, comment perpétueriez-vous sa mémoire ? Une anecdote, une émotion qui vous revient en tête, un commentaire ?

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