Vieilles Gloires dorées : Joan Collins

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Joan Henrietta Collins (mai 1933) est passée très vite de la Rada (Royal Academy of Dramatic Art) au radada, entendez à des rôles à l’horizontale et couchée sur papier glacé. Il faut dire que sa plastique est irréprochable, son minois aguichant. Alors que Sophia Loren, à 72 ans, se dénudait pour le catalogue Pirelli 2007, que Sharon Stone pose jambes et poitrine nues pour la couverture du Paris-Match de la première semaine d’août 2009 et proclame « J’ai 50 ans, et alors ! », Joan Collins va-t-elle relever le défi ? Elle en sera bien capable.


Toutes des exhibitionnistes, sauf ma modeste personne… Je sais, je sais, on ne devrait pas se moquer ainsi de Dame Joan Collins (Order of the British Empire), ne serait-ce que par dû égard rendu à ses cheveux teints (sous la perruque). Si on comprend bien, Pierrette Le Pen, en soubrette ayant enlevé sa tenue, et tant d’autres, seraient vulgaires et avides de publicité parce que roturières, tandis que l’aristocratique Joan Collins fuirait ce genre de réclame ? On a du mal à la croire lorsqu’elle écarte sa blanche étole pour révéler un fourreau de gaze noire suggérant tout ce qu’une Sharon Stone offre généreusement aux regards…

 

Effectuant des recherches de photos en ligne (je cherche toujours une image identique me permettant soit de dater la prise de vue, soit de déterminer le film, et jusqu’à présent, je n’ai pas retrouvé ces vues d’archives en ligne), je tombe sur un entretien croquignolet.

Dame Joan se plaint de la presse pipeule. Et de la déchéance de ces incitations à la fornication, au rut immédiat, &c. « Je ne vois pas en quoi se rendre saoule au possible et avoir autant de partenaires à la file peut fasciner, est-ce pour cela que les suffragettes se sont démenées ?» s’interroge – ou fait semblant de s’interroger – notre toujours « pin up ». Et d’en rajouter quelques couches sur les 100 à 150 personnes au maximum, toujours les mêmes, qui se prêtent au jeu des « tabloïds » et des magazines qui recherchent « les filles affichant le comportement le plus indécent » avant d’ajouter « et croyez-moi, elles aiment cela… ». Puis de lâcher incidemment qu’elles distillent les confidences, comme le fait d’être allée danser « à Nobu, un club de Soho » (le quartier chaud proche des « cirques » de Picadilly et Cambridge). Bien joué. Et le patron de Nobu, il consent quel cachet ?joan_collins_w_beatty.png

 

L’entretien, fut accordé a divers journalistes à je ne sais plus « opportunity shot » alors que Madame Collins n’avait encore que 75 ans. C’était pour la cause de la prévention des cancers du sein ou au gala de l’International Foundation for Children with Learning Disabilities ? Ah, faites-nous sourire, Dame Joan. Vous l’avez très bien placé. En fait, Nobu est un restau chic de Berkeley Street, Mayfair, et le club, c’est le Funky Buddha, de là on file à Movida, une autre boîte de nuit du coin. Feindre de prendre Nobu pour une boîte, c’est du grand art. Tous ceux qui savent auront relevé, toutes celles qui ne savaient pas encore auront cherché où se montrer…

 

Joan Collins a su autant se montrer qu’on a voulu la montrer, en la retouchant au besoin (sur tirages argentiques) dès la fin des années 1950. C’est sans doute de peu qu’elle échappe à la liste des « Scandaleuses » de « L’Année des scandaleuses : Donna Rice, Brigitte Nielsen, La Cicciolina, Pierette Le Pen et les autres… ». C’était le numéro de janvier 1988. Pierrette Lalanne-Le Pen posa en effet pour Play Boy (édition française), en avril 1987, un paperazzo ayant su la consoler de son divorce. Pour sa part, après avoir tourné Homework (1982, James Beshears), ou elle interprète Diana, une Mrs Robinson en plus délurée, film dont l’accroche est explicite – « Tout jeune homme a besoin d’une initiatrice » et « on ne s’en lasse pas » –, elle se marie avec Peter Holm (né en 1947).

Elle se remariera, pour la cinquième fois, en 2002, avec un technicien de plateau, Percy Gibson (né en 1965). Interrogée sur cette forte différence d’âge, elle commentera : « S’il doit mourir, il mourra » (supposément : avant moi).

Ach, la-mangeuse d’hommes n’a pas dit son dernier mot.

 

Qu’importe la liste – étonnamment fournie – de ses célèbres amants. Qu’elle soit une lectrice passionnée de l’agenda de la famille royale, une fervente de la Dame de Fer, la démente sénile Mrs Thatcher, une biographe à révélations scandaleuses fort bien calibrées, ou encore l’Alexis de la série Dynasty (1981-1989). Voyons plutôt sa filmographie.

 

Sa filmographie, on la voit justement en images sur le site En Cinémathèque. En une quarantaine d’affiches, on a tout compris. Elle figure d’abord dans Lady Godiva Rides Again (nue à travers les rues, sur son cheval, donc), film de 1952 pour lequel elle incarne une miss de beauté cherchant à obtenir ce rôle. Il faut dire qu’elle n’est pas ratée, la miss. On la retrouvera, chevauchant et cravachant un vieux monsieur : cela reste très habillé, mais c’est terriblement suggestif. C’est pour Decadence (1984, Stephen Berkoff), film dont l’affiche porte l’accroche : « Sexe, champagne et domination forment un puissant cocktail ». Ses apparitions suivantes, dans des troisièmes rôles, ne valent guère d’être mentionnées. Bref, pour le grand écran, entre Lady Godiva et Decadence, elle aura maintes fois changé de montures (notamment dans des péplums et des westerns), mais guère de style. Et pourtant, pourtant, elle a un talent de comique indéniable, une « cinématogénie » qui n’est pas due qu’à son physique.

 

Car n’empêche… Même dans un rôle de figurante, quelle prestance, quelle présence ! Et si elle a souvent le statut d’« actrice invitée », ce n’est pas pour rien.

 

Mais dans la famille Collins, on peut préférer la sœur cadette, Jacqueline Jill. C’est une « drop out » (elle plaque les études dès le lycée, à 15 ans).

Son premier livre, Le Monde est plein d’hommes mariés (1968, éd. W.H. Allen) lui vaut cette remarque de Dame Barbara (Cartland) : « méchant, dégoûtant, répugnant ».

Le suivant, The Stud (L’Étalon), est de même facture.

Elle aborde ensuite le genre policier avant de revenir, en 1975, aux vieilles recettes, avec Le Monde est plein de femmes divorcées, puis, en 1977, Amants et Joueurs. L’Étalon sera porté à l’écran avec, dans le rôle principal de Fontaine Khaled, qui d’autre que…Joan, vous vous en doutiez. Tony Curtis devait être son partenaire, ce sera Olivier Tobias, un bel acteur d’origine suisse allemande qui fit les beaux jours du Swinging London avec sa femme, Camilla Ravenshear, et quelques célébrités comme Julian Metcalf, le confondateur de la chaîne internationale de restauration rapide Pret à Manger (sans accent grave sur le e de « Prêt »).

Tony Curtis, né en 1925, présente à l’époque deux désavantages : il est plus cher, et bien moins vigoureux. Plus tard, Joan Collins dira que Curtis avait tenté quelque chose avec elle et il faudra attendre le 25 mai 2009 pour que Tony Curtis réponde publiquement que c’était le contraire et qu’il l’avait éconduite en la traitant d’un épithète pudiquement rendu par quatre astérisques dans le Daily Mail. Ce **** laisse entendre que Curtis n’aurait pas pris une pelle avec une… tarte (en français ; tart, en anglais, étant un double entendre).

 

L’histoire entre Curtis et Collins aurait débuté dans le sud de la France, lors du tournage d’une série télé, Les Poursuivants. Et ils se seraient irrémédiablement détestés. Bah, tout cela, comme disait Jean Yanne, c’est du « chô bizeness ».

 

Au fait, qui verriez-vous dans le rôle de Joan Collins si elle devait être interprétée à l’écran ? Liz Hurley ? Parce que Natasha Foster, la demi-sœur de Joan et de Jackie, n’est pas partante. Elle est la fille de Joe Collins et de sa seconde femme, Irene. C’est une ancienne militaire, une major, issue de Sandhurst, l’académie militaire, qui a servi dans les Gurkhas, en Irlande du Nord, en Irak (de 2002 à 2003). De plus, pas question de tourner avec Jackie, en tant que scénariste, sur le plateau : elles ne se parlent plus !

 

Joan Collins, à la différence d’une Catherine Deneuve ou d’une Jeanne Moreau, n’apparaît plus dans les journaux qu’en tant que pigiste (sur la mode, les élégances) ou pour des futilités (le vent à retroussé sa perruque, on l’a aperçue – et comme c’est étonnant, très professionnellement photographiée – poussant un chariot dans un supermarché de quartier, mais non point déposant les courses dans le coffre de la Rolls-Royce qui la véhicule). Bah, il s’agit de faire vendre encore un livre sur les frasques de la « Jézabel des boudoirs », comme la dénommait la presse anglaise des années 1980 (les Britanniques puisent encore leur inspiration dans la Bible).

À l’en croire, elle a refusé les avances de Darryl F. Zanuck, de Richard Burton (au profit d’un jeune preneur d’images), et de bien d’autres, dont Dean Martin. Mais l’alors très jeune Dennis Hopper, et de nombreux jeunes premiers se succèdent dans ses bras, parfois quotidiennement, et des célébrités comme le chanteur Harry Belafonte, le magnat de l’hôtellerie Nicky Hilton. « Mais jamais avec un homme âgé de plus de quarante deux ans, » précise-t-elle, impérieuse. Ce fut d’ailleurs l’âge de la mort de Nicky Hilton, qui avait brûlé la vie par les deux bouts.

En revanche, elle se serait pris un râteau avec Rick Jason, le mari de Jane Mansfield. Warren Beatty sera l’un de ses plus sérieux et fidèle amants. Beatty, qui n’est pas si regardant, aura une affaire courte avec Vivien Leigh (alors âgée de 47 ans). Une autre incartade de Beatty, avec Natalie Wood, épouse de Robert Wagner, ami de Joan Collins, sera fatale à leur liaison.

 

On a beau dire, on a beau faire, même si on ne prête guère l’oreille aux ragots et l’œil aux potins et échos, lorsqu’on tombe dessus, à l’occasion d’une recherche documentaire, pour au moins quelques minutes ou quarts d’heure, on ne s’en lasse plus. Vous pouvez compter sur Joan Collins, avec son air de ne plus y toucher, de déplorer le relâchement des mœurs, pour vous en fournir encore quelques années, et des plus salées… Ah, bah, pourquoi pas ?

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

8 réflexions sur « Vieilles Gloires dorées : Joan Collins »

  1. [b]Quel palmares cette coquine de Collins!

    Pour Warren Beatty, c’est pas une victoire pour elle ce mec s’est vanté d’avoir couché avec toutes les femmes qui lui tombaient sous la « main », ou dans les bras, même pour du « cinéma »…

    Mille fois retouchée, elle a dû dépenser des fortunes en chirurgie esthétique, et je me demande bien quelle allure elle a aujourd’hui à 76 ans (avoués)

    Comme on dirait chez nous, « il n’y a que le tramway, qui n’est pas passé dessus!

    Tiens c’est vrai que sa soeur Jackie Collins a écrit des romans à l’eau de rose, (m’en souviens)

    Dites donc JEF, si je me met à chercher de photos ou vidéos de tous ceux que vous citez, j’en ai pour 8 jours…
    Mais çà me changera de Marilyn, qui à part m’avoir procuré le plaisir d’écrire et de rechercher une joilie photo, ne me donnera pas des crampes dans les doigts pour répondre à mes commentaires

    Alors je suis aussi bien ICI!
    C’est parti…

    A tout de suite..;[/b]

  2. [b]J’oubliais JEF,
    QUEL TALENT dans la rédaction de ce texte, suis bluffée, (comme dab.)[/b]

  3. [b]Sur cet interview, en Anglais, elle est déjà passée sous le bistouri, voyez son cou, et la « fausse fossette de ses joues, ainsi que le manque d’expression de sa bouche qui a été remontée…

    {youtube}W41MvnXhi0k{/youtube}[/b]

  4. Hello Sophy,

    Fantastique, on sait qu’elle suggère des formes à des Mad Hatters.
    En tout cas, c’est un accent translatlantique très étudié.

  5. [b]Jef, je reviens demain pour quelques extraits de films, et pour quelques autres interview de Joan Collins, [/b]

  6. C’est drôle! A la lecture de ce bon article, j’ai soudain un vague souvenir des rediffusions de cette série DYNASTY, de ma tendre enfance. Les machinations diaboliques d’Alexis contre son ex-mari Blake.

    Merci pour l’article Jeff. Tiens, c’est congé de devoir aujourd’hui ? ;D 😉

    Amicalement

  7. [img]http://www1.bestgraph.com/gifs/animaux/abeilles/abeilles-02.gif[/img] Jef,

    C’était une très belle femme.

    Un vote Super.

    Amicalement.
    ANDREA.

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