De la même manière qu’on reviendra un jour sur l’engouement dont furent l’objet des Joséphine Baker ou des Sarah Bernhardt, sur des Anaïs Nin ou des Louise de Villemorin, je pense – j’espère – qu’on se s’intéressera de nouveau à Capucine. Mais pour le moment, aucune biographie n'est, à ma connaissance, en chantier… C'était une femme discrète, voire secrète, et supposée parfois hautaine. En fait, elle fut surtout employée pour son physique et sa présence impériale, et très peu de rôles mettant en valeur ses talents de comédienne lui furent confiés.
Capucine, ou Germaine Lefèvre (jan. 1928, Saint-Raphaël, 1990, Lausanne), fait des études à Saumur, puis les Beaux-Arts à Paris, étudie un peu les langues et devient mannequin vedette pour Givenchy, Dior, Fath ou Balmain et Maggy Rouff. Elle se lie ainsi d’amitié avec Audrey Hepburn, qui défile aussi pour Givenchy, lequel la découvre, en 1954, sur le tournage de Sabrina (de Billy Wilder). Audrey Hepburn est déjà une actrice lancée, ayant fait de la figuration dès 1948 et obtenu des rôles dès 1951. C’est aussi le cas de Capucine qui a débuté dès 1948 dans L’Aigle à deux têtes de Cocteau et qui enchaîne quelques films jusqu’au fameux Frou-Frou (Augusto Genina) et Mademoiselle de Paris (Walter Kapps) en 1955. L’amitié entre les deux femmes fera qu’elles se retrouveront à Hollywood et que Capucine tournera Le Bal des adieux (de Charles Vidor, remplacé par George Cukor), en 1960. George Cukor, qui employait souvent Katherine Hepburn (très lointaine cousine d’Audrey), donnera aussi un rôle à Audray, et ce sera My Fair Lady (1964). Mais elles avaient vraiment sympathisé au sortir de la guerre, partageant même un appartement parisien dans les années 1940.
Pour comprendre la popularité de Capucine outre-Atlantique, il faut considérer qu’elle y fut l’actrice française par excellence. Elle est d’ailleurs loin d’être oubliée. En témoigne notamment une vidéo YouTube, diffusée en décembre 2007 (voir, plus tard, en commentaires).
C’est tout d’abord une actrice populaire, tournant des films à grand spectacle, des romances tel Le Triomphe de Michel Strogoff (1961, Tourjansky), ou interprétant des femmes fatales, dont notamment la fille de joie la plus demandée de la Nouvelle-Orléans, Hallie, dans Rue Chaude (Walk on the Wild Side, 1962, Edward Dmytryk, qui donne aussi sa chance à une débutante, Jane Fonda).
À peu près toute une génération de cinéphiles pas trop tentés par les clubs d’art et essai se souviennent de La Panthère rose (1963, Blake Edwards) ou de Quoi de neuf Pussycat ? (1965, Clive Donner), et il se peut que leurs bandes sonores vous évoquent encore Capucine. Mais on la voit aussi dans l’exigeant Satyricon de Fellini en 1969. Méconnaissable du fait du maquillage, elle y joue Tryphène aux côtés de Magali Noël (Fortunata), autre vedette française de cette glorieuse époque. Dans Soleil rouge (1971, Terence Young), elle tourne aux côtés de Charles Bronson, Alain Delon et Ursula Andress. On la retrouve, en 1982 et 1983, dans deux nouvelles Panthère Rose, du même Blake Edwards (À la recherche de la… et L’Héritier de la…). C’est un peu son chant du cygne.
Entre 1963 et 1983, elle tourne en effet régulièrement, mais loin des réalisateurs les plus en vue, si ce n’est peut-être, en France, Philippe de Broca qui l’emploie, en 1975, avec Belmondo, Geneviève Bujold et Andréa Ferréol, dans L’Incorrigible. Son dernier film, Quartier nègre (1989, Pierre Koralnik), ne sera diffusé, à la télévision, qu’en 1995, soit cinq ans après sa mort. Elle avait d’ailleurs participé à des téléfilms et deux ou trois séries, dont Madame et ses flics (1986).
Cette carrière en dents de scie est due, aussi, aux accès maniaco-dépressifs dont elle souffre et qui la conduisent à se jeter d’un huitième étage, soit du balcon de son appartement à Lausanne. C’était en 1962 qu’elle s’était installée en Suisse, renouant avec l’Europe abandonnée en 1957 parce que le producteur Charles K. Feldman, l’ayant vue défiler à New York, veut en faire une grande vedette. Elle avait peut-être dit « cap ! » (pour d’ac’, j’en suis capable), et Cap (Cappy aussi) était son surnom employé par les intimes.
Considérée comme l’une des plus belles femmes de son temps, dotée d’un visage de princesse et d’un port de reine, elle disait : « les hommes me regardent comme si j’étais une valise suspecte et qu’ils seraient des douaniers… ». Elle s’était rajeunie de deux ans, peut-être pour accentuer sa différence d’âge avec William Holden, qu’elle rencontre sur le tournage de Le Lion, en 1962, et qui sera sa dernière célèbre liaison connue. Holden, qui avait déjà épousé, en 1941, une femme d’âge considéré alors « mûr », la quarantenaire Brenda Marshall, n’en divorcera qu’en 1971. D’amant, il devient un ami fidèle de Capucine. Il avait aussi eu une liaison avec Audrey Hepburn, laquelle soutiendra, en Suisse, où elle réside aussi, son amie lors de ses phases bipolaires la portant au suicide.
Capucine est aussi le nom d’un parfum de Fragonard et il ne serait pas surprenant qu’elle ait inspiré la raison sociale du parfumeur « Les Parfums de Capucine » autant que sa localisation (rue des Capucines, à Paris). Le livre Le Parfum des capucines de Gracianne Hastoy, consacré à André Labarrère, ancien maire de Pau, n’a pas de rapport avec le personnage de Capucine, et on ne sait si c’est la fleur, son parfum (vraiment ténu), ou le théâtre parisien des Capucines qui inspira son nom de scène à Germaine Lefebvre.
Intitulé « Capucine Tribute »
Bon, cela n’a pas fonctionné :
Tentez
[url]http://www.youtube.com/watch?v=VK2sk80a3Lk[/url]
[b]C’est mieux comme çà ?
{youtube}VK2sk80a3Lk{/youtube}[/b]
Merci, Sophy…
je bien connue cette grande dame et peux vous dire que elle eté simple adorable et avec un grand coeur. elle me manque. A.P.