Vieilles gloires dorées (et fanées) : David Carradine

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Cette rubrique des VGD, les Vieilles Gloires dorées, doit-elle s'attacher à traiter de l'actualité ? Sans doute pas. Mais là, j'avais le choix. Soit le décès de David Carradine, interprête de Kill Bill, de Woody Guthrie, de divers film de kung fu (il sera le fameux Petit Scarabée souvent évoqué par les Guignols de l'Info), soit la sortie, en DVD, de quatre films de Lon Chaney. Il s'agit de films muets. David Carradine est muet à tout jamais…
En fait, le choix de faire état de la mort de David Carradine tient aux circonstances. Ayant récemment visionné de nouveau le film de Pier Paolo Pasolini, Salo ou les 120 journées de Sodome (projeté au cinéma Le Racine à Paris en tant que manifeste des éditions Anabet prouvant que, oui, on peut encore choquer de nos jours), je pensais vous entretenir de Silvana Mangano, dans Œdipe roi, du même Pasolini. J'avoue que j'ai renâclé devant l'obstable. Ce sera sans doute pour une autre fois, le temps de mieux me documenter.
Cette photo, sous licence Creative Commons, provient de Wikipedia. Jano Rohleder l'a prise à Münster, le 10 avril 2005. Je n'avais pas de cliché de David Carradine sous la main (cela viendra…), j'ai pris la première « copie gauche » venue, pas la moindre.
Ce n'était pas cela ou la photo floutée que la police de Bangkok a sans doute vendue en douce à la presse locale (publiée par le quotidien Thai Rath). David Carradine est mort dans sa chambre d'hôtel, et il a été retrouvé vers midi, heure locale, le 4 juin dernier. Marina Anderson, actrice, sa précédente épouse, a indiqué à la presse britannique que son ex-mari était un adepte de pratiques sexuelles qualifiées de « kinky » (insolites). Sa veuve, Annie Bierman, qui réclame une autopsie, ne croit pas qu'il s'agisse d'un suicide et pense davantage à une mise en scène. En 1994, un député conservateur britannique, Stephen Milligan, avait été retrouvé mort à son domicile, étouffé par un sac en plastique, travesti. La photo floutée publié par la presse thaï montre la dépouille de David Carradine étouffé par un lien reliant son cou à son pénis et à ses poignets. La pratique de l'auto-strangulation « contrôlée », si c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce cas, est (trop) bien connue des légistes.
Sic transit gloria mundi…
Léonidas « Lon » Chaney, né dans le Colorado en 1883, a tourné plus de 160 films jusqu'à sa mort, en 1930. Bach Films a rassemblé en DVD quatre d'entre eux tournés entre 1920 et 1923, Nomades du Nord, Satan, Le Repentir, La Terre a tremblé. La spécialité de Lon Chaney, c'était de jouer les infirmes, estropiés, mutilés. Il fut aussi un Bossu de Notre-Dame, un Fantôme de l'Opéra, un Jack l'étrangleur, et on le surnomma « L'Homme aux mille visages ». On le vit aussi en loup-garou (Werewolves of London, de Warren Zevon), en Dracula avant Christopher Lee, en Frankenstein. Boris Karloff ou Christopher Lee ont été surnommés les héritiers de Lon Chaney. On en a peut-être dit autant de Robert Walter Quarry († fév. 2009), le Conte Yorga, vampire. Chaney sera le Monstre par excellence (The Monster, 1925, un Turner Classics Movies). Bref, Chaney était aux monstres et vampires et difformes ce que Danny La Rue († mai 2009) était, sur les planches, aux rôles de travestis féminins.
Et pluribus unum.
Revenons à David Carradine. John Carradine, son père, aurait pu témoigner que Lon Chaney était un alcoolique chronique, tout comme David Carradine. John et Lon furent à l'affiche de The Mummy's Ghost (de Reginald Le Borg, en 1944, pour Universal Pictures). Vous trouverez l'affiche de la version allemande et diverses photos destinées à l'affichage en hall de salles sur le site du Dr. Macro's. Attention, elles sont très lourdes à charger en taille originale. David était, avec Yul Brinner, l'un des acteurs les mieux identifiables de son époque. Vous pouviez affubler, à la Paintbox Quantel graphique (pour images fixes), Yul Brinner en chef d'orchestre d'une perruque, on le reconnaissait forcément. Pour David Carradine, c'était un peu la même chose : il était, de ce point de vue, l'anti-Lon Chaney. Sauf, évidemment, en Frankenstein pour Death Race 2000 (La Course à la mort de l'an 2000, de Paul Bartel, en 1975). Ou encore, en bandit centenaire des triades chinoises dans Crank: High Voltage (2009, de Brian Taylor et Mark Neveldine).
Mourir ainsi, alors qu'on tourne pour MK2 et Charles de Meaux (« Monsieur de Meaux » ? L'aiglon, Bossuet ? ex-Monsieur de Condom…), un film intitulé Stretch (étirer, étirement), cela évoque un mauvais procédé promotionnel. L'hôtel Park Nai Lert, où il occupait la chambre 352, se situait sur Wireless Road.
No Strings attached?
Il interprête donc Woody Guthrie, dans Bound for Glory (En route pourla gloire, de Hal Asby, 1976), ce qui m'évoque immanquablement Arlo Guthrie, fils de Woody, interprétant Alice's Restaurant et lui-même dans le film homonyme (Arthur Penn, 1969). En revanche, son second rôle dans Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, de Jean Yanne (1979) ne me remémore plus rien. Jean-Marie Pallardy lui confia aussi le rôle de Mike Riordan, dans Femmes ou maîtresses (2000), et Jean-Claude La Marre l'emploie dans son western Brothers in Arms (2005), classé R (violence, grossièreté de langage et érotisme). Ce film, pour lequel le sheriff en est une (ancienne petite amie de Linc, Gabriel Casseus, chef des desesperados, noirs, indiens ou latinos en général), voit Carradine incarner un grand méchant, Driscoll, un latifundiaire inhumain.
Il avait enchaîné 13 films en 2009. Trop, sans doute. Producteur et réalisateur d'un Americana (1983) qui n'a pas laissé de fortes traces au firmament du cinématographe, il avait aussi produit et réalisé d'autres films et des séries télévisuelles. Vous trouverez une bonne photo de lui, sans lunettes, sur le site Lukeford. Son prénom était John Arthur, en fait. Il aurait eu 73 ans en décembre prochain.
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Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

4 réflexions sur « Vieilles gloires dorées (et fanées) : David Carradine »

  1. Was killed ?!
    I think that watching this movie, you will be able to understand why it happened.
    See the last interview:Carradine-film

  2. Pour Deer (Daim) : me faire télécharger un codex inconnu venant de « Pornotube », non.
    Ce n’est pas que je ne pourrais m’en débarrasser ou le neutraliser, mais la perte de temps…
    Désolé !

  3. [img]http://www1.bestgraph.com/gifs/animaux/abeilles/abeilles-02.gif[/img] Bonjour Jef,

    Excellent article.

    Quand le jeu, mène à la mort !!!

    Eh ! Oui on fini par se brûler les doigts lorsque l’on cherche à aller trop loin dans ces pratiques sexuelles.
    Enfin !! Si c’est de cela qu’il est mort.

    Un vote Super.
    Amicalement.
    ANDREA.

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