La situation ne s’améliore pas en République Démocratique du Congo, où l’est du pays est en proie depuis avril dernier aux attaques d’une armée de rebelles baptisée Mouvement du 23-Mars (ou M23). Face à cette offensive, des pourparlers sont en cours à Kampala, en Angola, pour résoudre cette grave crise politique et militaire qui pourrait mener à une véritable guerre civile. La médiation doit aboutir au plus tard le 31 décembre. Pour la paix ou pour la guerre ?
Que demande M23 ? Composé d’ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) qui ont combattu l’Armée congolaise depuis des années lors de la très meurtrière guerre du Kivu (6 millions de morts), le M23 s’est constitué en avril dernier pour dénoncer le non-respect de l’accord de paix signé le 23 mars 2007. Cet accord établissait que le 23 mars 2009, les soldats du CNDP seraient réintégrés à l’Armée congolaise. Or cela n’a pas été le cas. En conséquence, le M23 a débuté une marche armée vers la capitale Kinshasa, pour en découdre avec le Président Joseph Kabila.
Au cours de cette marche armée, le M23 a pris possession de plusieurs villes de l’est du pays, causant une vague de déplacement de populations, effrayées par les pillages et les exécutions sommaires. A ce jour, entre 400.000 et 600.000 personnes auraient délibérément quitté leurs villages pour vivre dans des camps de réfugiés. En novembre, le conflit a pris un tournant plus inquiétant quand le M23 s’est emparé de la ville de Goma, centre stratégique de la région du Kivu. Pour stopper cette avancée militaire, une médiation internationale a été décidée. Elle a lieu en ce moment à Kampala, la capitale de l’Ouganda.
Des soupçons pèsent sur le rôle du Rwanda dans le financement et l’armement des rebelles du M23. Kinshasa accuse le gouvernement de Paul Kagamé d’armer les rebelles pour s’emparer des richesses minières de l’est de la RDC et déstabiliser le pouvoir central. De son côté, M23 accuse, à juste titre, Kinshasa de ne pas avoir tenu ses promesses de 2009 et remet en cause la légitimité du Président Joseph Kabila, élu en novembre 2011 dans un simulacre de démocratie. Jean-Yves Ollivier, homme d’affaires français présent en Afrique depuis plus de 40 ans et spécialiste de la diplomatie en Centrafrique, commente : « l’élection présidentielle en novembre 2011 n’a même plus sauvé les apparences d’un scrutin régulier, la plus importante mission de paix des Nations unies dans le monde – 17.000 casques bleus, 1.500 policiers et plus 3.000 civils au service de la démocratie et des droits de l’homme – cautionnant une farce ». Jean-Yves Ollivier est même inquiet pour la suite des événements.
Aux dernières nouvelles, pour la deuxième fois en une semaine, les rebelles du M23 ont quitté la table des négociations organisées à Kampala. C’est un véritable bras-de-fer qui se joue actuellement et il est probable qu’aucun accord de paix tangible ne soit signé. La situation pourrait donc se transformer en véritable guerre civile. Les victimes potentielles, des civils pour l’immense majorité, pourraient alors se compter en millions… Dans la plus grande indifférence des instances internationales.
[b]Démocratie, vous avez dit démocratie ?[/b]