Une loi qui interdit d'être en état d'ivresse sur la voie publique, c'est utile, et ce n'était pas gênant jusqu'à maintenant, puisque chacun savait que même si il se promenait un peu éméché dans la rue, personne ne viendrait l'embêter tant qu'il ne troublait pas l'ordre public.  Rien de scandaleux, donc, jusqu'à ce que des agents, de police, sous la pression des fameux quotas sur les infractions n'aie une idée géniale: se poster à la devant des restaurants le samedi soir pour faire souffler dans le ballon les gens qui en sortaient et qui, fatalement, avaient bu un verre ou deux. D'un point de vue légal, vous êtes en état d'ébriété au dessus de 0,5 grammes par litre, il est illégal d'être ivre sur la voie publique, vous êtes donc en infraction, même à pied. Même raisonnement du côté de la police : ils ont verbalisé les gens. Il y a même eu des cas de garde-à-vue, pour la même raison.  

 


Dans quel pays vivons-nous ? Les lois servent-elles à maintenir l'ordre public, ou à oppresser la population ? Les lois sur l'ivresse publique ne sont pas à prendre à la lettre, elles servent à éviter les problèmes d'ordre publique. Le fait qu'un type rentre chez lui à pied avec 1,5 grammes ne pose de problème à personne, pourvu qu'il ne tombe pas ivre-mort sur la chaussée, qu'il n'agresse personne, et qu'il ne fasse pas de tapage nocturne ! Comment voulez-vous dissuader les gens de conduire après avoir bu, s’ils sont autant ennuyés par les forces de l'ordre à pied qu'en voiture?

En tout cas, c'est encore une conséquence regrettable de l'idée géniale qui a consisté à fixer des quotas d'interpellation pour les agents de police. Conséquences non seulement sur les libertés. Pour qu'un état fonctionne, il faut que sa population ait un respect des forces de l'ordre. Et pour que la population respecte les forces de l'ordre, il faut qu'elle soit convaincue qu'elles sont là pour garantir la sécurité et l'ordre public, et non pour faire du chiffre. Les anecdotes de ce genre, appelées à se multiplier, ne vont pas dans ce sens.