La grogne continue de monter dans le monde étudiant et universitaire. Les actions menées contre la réforme de l'université voulue par Valérie Pécresse (Ministre de l'enseignement supérieur) et le gouvernement de Nicolas Sarkozy ne cesse de rencontrer des oppositions de toutes parts.

De nombreuses universités en France sont soit en grève soit bloquées. Des Assemblées Générales (AG) ont lieu un peu partout, toutes les semaines. Qu'elles soient à l'origine des Etudiants ou des enseignants chercheurs, elles ne cessent d'attirer de plus en plus de participants.

 

Mais si le mouvement se durci du côté des universités, la répression des forces de l'ordre s'accroit elle aussi. Le dernier exemple en date (tout du moins à l'Université de Reims), s'est produit le lundi 16 mars au soir.

Alors que dans l'après midi une AG composée de plusieurs centaines d'étudiants s'était réunie dans la Halle des Sports du Campus Croix Rouge (Sciences Economiques, Sciences Humaines, Lettre, Droit) votant la poursuite du blocage des lieux jusqu'à la prochaine AG du lundi 23 mars, la Direction du Campus a pris la décision de fermer l'ensemble des bâtiments, par mesures de sécurité.

Ceci est tout à fait normal, afin qu'il n'y ai pas d'incidents. Sauf que cette fois, la Bibliothèque Universitaire (BU) Robert de Sorbon (située Campus Croix Rouge) a elle aussi été fermée administrativement (une première), contre l'avis des étudiants, qui, quelque soit la situation, avaient toujours laissé libre l'accès au bâtiment, permettant à ceux qui le souhaitaient de pouvoir travailler malgré le blocage.

Suite à cette décision controversée, une trentaine d'étudiants bloqueurs ont décidés de s'installer dans l'un des 11 amphithéâtres du Campus, afin de pouvoir conserver un lieu ouvert dans lequel les étudiants souhaitant continuer de travailler pourraient se rendre, suite à la fermeture (inexpliquée de la BU).

 

 

 

 

 

 

 

(Les "Coquilles", 6 des 11 amphithéâtres du Campus Croix Rouge) 

Sauf que la présidence de l'Université n'étant pas en accord avec ceci, elle a fait appel aux forces de l'ordre, afin de déloger les occupants des lieux.

Cette "évacuation" devait à l'origine se faire "sans violence". C'est en tout cas ce qui avait été annoncé aux étudiants présents dans l'amphithéâtre.

Mais une fois arrivés sur place, il semblerais que la "non violence" ai laissé la place à la violence. En effet, les étudiants présents auraient été délogés par la force, au point de se faire, semble-t-il, frapper par les forces de l'ordre, certains allant même jusqu'à"dévaller contr leur volonté" des escaliers.

De même, des étudiants en journalisme de l'université étaient présents, et auraient pu filmer cette intervention policière "musclée". Leur matériel aurait même été confisqué, les forces de l'ordre allant jusqu'à dire (ce sont des paroles rapportées) "que la liberté d'expression n'existait pas".

Au final, il y aura eu un étudiant d'interpellé et de placé en garde à vue, pour uné evacuation qui aurait normalement dû se faire dans le calme, et sans violence.

 

 

Suite à ces évènements, les étudiants du Campus Moulin de la Housse (Sciences, STAPS, IUT) réunis en AG le mardi 17 mars dans un amphithéâtre rempli au delà de sa capacité, ont voté une motion afin de soutenir leurs "homologues" de Croix Rouge.

Le blocage de ce Campus Moulin de la Housse a également été voté à une largement majorité pour la journée de jeudi, ainsi que la poursuite du "printemps des chaises".

Par contre, inversement à ceux de Croix Rouge, les étudiants de Moulin de la Housse ont voté contre le blocage total de leur Campus pour le reste de la semaine.

En "contre partie", a été voté une action de blocage de la Présidence l'Université de Reims (La Villa Douce). De même, de nombreuses actions devaient avoir lieu dans la ville, en particulier au "Théatre", noeud principal de la circulation des transports en commun de la ville, puisqu'au moins 12 des lignes de bus passent par ce point situé au centre ville, desservant ainsi toute la métropole.

 

 

De son côté, la Présidence de l'Université a émit, mardi en début d'après midi, un communiqué de Presse constatant "que les réponses apportées par le gouvernement […] sont jugées insuffisantes par la communauté universitaire et qu’un climat de vives tensions s’installe sur les Campus Croix rouge et Moulin de la Housse"

Communiqué de Presse qui appelle "le gouvernement à prendre les décisions politiques qui permettent une sortie de crise au plus tôt", avant que le conflit ne se durcisse encore plus.

 

 

Je doit dire que je suis moi-même étudiant au sein de l'Université de Reims depuis près de 4ans. Au cours de ces années, deux autres conflits avaient éclaté.Celui du "CPE" en Mars/Avril 2006, et celui de la "LRU" en Octobre/Novembre 2007.

Jamais, lors des ces deux conflits, les choses n'avaient dégénérées à ce point. Jamais le Campus Moulin de la Housse n'avait bougé, jamais les forces de l'ordre n'avaient eu a intervenir, jamais la grogne n'avait été aussi importante qu'elle ne l'est aujourd'hui (en tout cas à Reims).

D'ailleurs, certains chiffres parlent d'eux-même:

Plus de 1200 étudiants réunis en AG le jeudi 12 mars sur la Campus Croix Rouge

Un blocage de ce même Campus voté pour 1 semaine entière (habituellement ce genre d'action n'était voté que pour deux ou trois jours maximum, puis reconduit lors des AG suivantes)

Environ 200 étudiants réunis le mercredi 18 mars lors de l'AG sur le Campus de la Housse (ce qui, pour ce  Campus "Scientifique", est un nombre important)

 

 

La crise est donc encore bien loin d'être terminée, d'autant que la journée de paralysie (grève nationale) prévue le jeudi 19 mars risque bien de faire accroitre les tensions entre gouvernement et syndicat, aucun ne voulant céder la moindre parcelle de terrain, afin de ne pas perdre la face.