Une ombre noire plane sur le box-office


Tim Burton est LE réalisateur tendance de ces derniers mois. Sa très belle exposition à la Cinémathèque de Paris remporte un franc succès, plus de 100000 visiteurs en 2 mois. Le monde burtonien est devenu, avec les années, une réelle marque de fabrique. Une touche esthétique, pas mal décriée, trop noire, trop sombre, trop macabre, il y a quelques années, mais qui a su faire son nid sans jamais être égalée. A chacun de ses nouveaux films, une nuée d’aficionados foncent dans les salles obscures pour aimer ce qu’ils aiment déjà à force d’en parler. Cette année, double ration, Dark Shadow, la première, vient de sortir sur nos écrans mercredi 9 mai.

 

 

Que raconte le scénario ? Au XVIIIème siècle, dans le Maine, alors que l’Amérique n’était qu’une terre vaste et mystérieuse, la richissime famille Collins décide d’y étendre son empire commercial. L’héritier, Barnabas, mène une vie de gentilhomme bourgeois, bourreau des cœurs, il séduit les femmes, mal lui en a pris. Une des servantes, bornée, est tombée amoureuse de lui mais celui-ci ne l’aime pas. Pratiquant l’art délicat de la sorcellerie, elle lance un sort sur son aimé, tue ses parents, sa promise, le transforme en vampire, afin qu’il souffre éternellement et l’enterre vivant en montant la ville contre lui. 200 ans plus tard, alors que des ouvriers creusent le sol, ils mettent la main sur le cercueil de Barnabas. Le réveil est rude, il se retrouve avec une descendance loufoque et un empire à rebâtir depuis que sa tortionnaire, toujours aussi jeune, contrôle la région d’une main de maitre(sse). Le film est la 8ème collaboration de Tim Burton avec son acteur fétiche, Johnny Depp. Un projet amené par l’acteur, propriétaire des droits d’adaptation au cinéma. A l’origine, Dark Shadow est un soap opéra des années 1960, low-cost mais néanmoins très populaire, qui réunissait près de 16 millions d’adaptes durant plus de 1200 épisodes. La musique est une fois de plus signée par Danny Elfman, toutefois, on est agréablement plongé au cœur des années 1970 avec une BO d’enfer. Une composition hétéroclite et savoureuse passant du rock avec Alice Cooper à la variété avec The Carpenters.

Une fois de plus, le duo Depp-Burton fait des merveilles, on s’amuse à voir Barnabas le vampire, figé dans son époque et être complétement déphasé avec le monde qui l’entoure désormais. Un personnage tantôt hilarant, tantôt effrayant quand son instinct reprend le dessus. La nouvelle venue dans l’univers burtonien fait une entrée fracassante, Eva Green est une sorcière ensorcelante de par sa beauté. Une méchante amoureuse, une femme éprise prête à tous les sacrifices pour obtenir l’amour de l’élu de son cœur.  

On retrouve avec plaisir, Michel Pfeiffer qui, 20 ans après avoir joué pour Tim Burton dans le rôle mémorable de Catwoman, apparait comme la gérante de l’empire déliquescent des Collins. Helena Boham Carter, une habituée des films de son mari, campe une psychiatre alcoolique et shootée aux médicaments, mal dans sa peau et fasciné par l’ancêtre des Collins.

La dernière réalisation de l’artiste phare est de très bonne facture, on passe des rires à l’effroi en quelques scènes seulement dans une ambiance musicale qui ravira les oreilles de tous les mélomanes. On se prend au jeu devant le jeu parfait des acteurs, malgré quelques ratés scénaristiques, petites longueurs, certaines scènes sont téléphonées, on pense un agréablement moment, une morsure dans le cou nous a vampirisé.