Prologue

Après les péripéties du pèlerinage humanitaire pour la construction de la maternité à Moundou et le voyage au Tchad, nous voilà en route pour la suite de mes aventures.

Je pensais vous faire part dans le Tome 1, de la quintessence de mes expériences. Mais vivant à ce moment là « l’histoire » de l’intérieur, il n’était pas toujours évident d’avoir un regard neutre sur moi-même, au vue de ma conscience se modifiant sans cesse…

Tous les neurones n’ont pas leurs synapses connectés au moment où on en aurait besoin. Parfois je comprends quelque chose et quelques heures, quelques jours, mois, voir années plus tard, je comprends vraiment ce que je pensais comprendre mais ne comprenais pas comme je l’aurais dû. Je pense que cela s’appelle « évolution » n’est-ce pas ? On capte, on décapte, on recapte. On tente de ne pas retomber dans les mêmes schémas, de ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs.

Je voudrais atteindre la sagesse, mais en même temps, comme on me l’a si souvent dit, j’aime mordre la vie à pleine dent. Est-il possible d’atteindre la sagesse à 100% tout en fonçant de tous les côtés ? Je suis sûre que oui, mais au bout de combien de vie ? Combien de fois vais-je devoir mourir de moi-même et renaître à nouveau pour atteindre La Sagesse ? Bon, on en reparlera le jour de mon « grand départ ».

Dans l’ensemble, je peux dire que tout s’est bien passé, il n’y a pas eu trop de résistance à mes actions, bien que je n’ai pas réuni toute la somme que je pensais réunir avant la fin du Tome 1 de cette histoire humanitaire. C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a un Tome 2 qui se met en route.

J’ai dû gérer quelques tentatives de conflits. Sur les 1500 personnes régulières qui se connectent à mes activités, peut-être trois ou quatre ont tenté de démonter le bien fondé de ma marche. C’est bien, d’un certain côté. Le fait de poser des questions montrent quand même l’intérêt de ces personnes, bien que suspicieuses, pour cet acte posé en leur pays qu’est le Tchad.

Il y a eu quelques peurs – fondées je le reconnais – comme quoi peut-être la malheureuse histoire de l’Arche de Zoé pourrait se renouveler… Ça m’a fait mal quand j’ai lu cette question, mais après m’être justifiée en expliquant ce qui m’a mené à faire tout cela, j’ai été comprise et plus personne n’a mis en doute le fait que j’aurais éventuellement pu avoir dans la tête l’idée d’enlever des enfants. Et bien oui, je ne me serais pas embêtée à marcher autant de kilomètres pour ce genre d’acte criminel !

Beaucoup ont demandé : pourquoi ? Pourquoi le Tchad ? Qu’est-ce qui m’a mené à faire ça ?

Alors je raconte, le chemin de Compostelle qui a changé ma vie, mes séjours au Vietnam, le décès de Thanh et ses dernières volontés, mon retour en France, les retrouvailles avec ma tante qui a fondé Africalor, les besoins d’une maternité, etc. Vous connaissez l’histoire maintenant.

Réflexion : Quelles sont les problèmes que les femmes rencontrent quand elles veulent gérer des conflits :

1- Elles ont bien conscience qu’elles ne peuvent agir seule.

2- Elles cherchent le potentiel libérateur de charge mais se confrontent souvent à des décharges.
3- De par leur affectif hypersensible, elles ne cernent pas toujours immédiatement le passif de l’actif.
4- Elles perdent du temps à trier ceux qui disent qui font et agissent, de ceux qui disent qui font et qui n’agissent pas.

5- Elles doivent sans cesse se justifier face aux doutes et incertitudes vis à vis du regard culturel sur

la femme en fonction des relations qui l’entourent.

6- Elles ont la sensation de ne pas avoir le droit à l’erreur et doivent faire leurs preuves sans cesse. Elles se chargent donc de travail supplémentaire pour être sûr que le travail soit bien fait.
7- Elles doivent endosser plusieurs casquettes, être femme et homme en même temps, être tendre avec un mental d’acier (bien qu’un esprit souple).

La femme doit sans cesse prouver son autonomie et ses capacités quelque soit son taux hormonal qui ne sera jamais pris en considération dans le monde de la gestion. Et oui, ce n’est pas simple d’être femme…

On va voir ce que je suis capable de faire. Si je peux aller jusqu’au bout de quelque chose d’important au moins une fois dans ma vie.

 

 

Introduction

Et l’aventure continue…

Le 11 mai 2011 :

Je reviens de Paris avec pleins de bonnes nouvelles. J’avais un rendez-vous le 3 mai 2011 avec le centre de formation CIFACOM. Le but était de leur proposer un partenariat afin de former un jeune tchadien, en infographie multimédia. Ainsi, lui à son tour, pourra former d’autres personnes à son retour au pays. En contrepartie, il fera une bande dessinée de mon histoire, un moyen supplémentaire de récolter des fonds. Les bénéfices seraient divisés en deux : moitié pour Actions Projets (la maternité) et moitié pour Bulles de Chari.

CIFACOM est intéressé. Quelqu’un d’une culture différente serait le bienvenu au sein du centre. Il y a d’abord un examen à passer. Si celui est réussi, alors l’artiste sera accepté en formation. A partir de là s’enchaîneront les démarches pour trouver les subventions qui lui permettraient de financer ses cours qui dureront un an. Voilà, il n’y a plus qu’à attendre l’examen…

Le 4 mai, direction la maison d’Éditions HARMATTAN. Je les avais eu au téléphone une semaine plus tôt. Après leur avoir fait un résumé rapide du Tome 1, ils m’ont dit qu’ils pourraient être intéressés, c’est pourquoi j’y suis allée. Je leur ai donc remis mon livre « Une marche pour la vie ». Il faut six à huit semaines pour que tout le comité de lecture le lisent. Et si ça plait, il pourrait bien être publié un mois et demi après…

J’ai été logé chez Iban Golo, un tchadien rencontré pendant mon pèlerinage à Paris. Nous avons lié amitié. Il m’a accompagné quasiment dans toutes mes démarches. Il a le cœur sur la main. De nombreuses personnes le contactent pour s’épancher sur son épaule. Pour moi aussi, il a écouté mes questionnements et doutes pendant plusieurs heures. Et il a été bon conseiller. Il aurait pu être psychologue !

J’ai également fait connaissance avec son cousin Aimé, d’une grande gentillesse lui aussi.

Aimé m’a parlé du culte de Marie qui a commencé après la conversion du roi Clovis avec l’histoire des statuts. Il m’a aussi raconté comment le christianisme est devenue une religion, de l’État qui a appuyé les chrétiens à combattre les musulmans (croisades). Il m’a conseillé de lire les conciles. Apparemment, le culte de Marie, le baptême par la mort, par la croix, n’existeraient pas… Il paraît aussi que le prêtre Martin a été le premier a protester contre le centre catholique. On a évoqué aussi le rire de l’esprit que les pentecôtistes appellent le langage du parlé ou le parlé des langues, comme quand je chantais au hasard sur le chemin. On développera cela plus tard…

Le 5 mai, je rencontrais Delphine, une fille bien sympathique, ouverte et marrante. Nous avons pique-niquer dans un endroit bien agréable. C’était dans la périphérie de Paris, loin de ses tourbillons de pollutions atmosphériques et sonores. Nous avons discuté, avons parlé un peu l’une de l’autre. Je me suis sentie comprise avec elle. Elle approuve mon action et veut donner un coup de main. Alors elle m’a guidée sur un bon tuyau… Grâce à elle, je vais pouvoir faire acheminer des colis vers Moundou pour la maternité. Je peux envoyer jusqu’à 40 kg, jusqu’à une fois par semaine si je veux. A condition bien sûr que cela soit exclusivement destinés à la maternité qui se construit. C’est pas magnifique ça ? Si, si ! Maintenant je sais que je n’ai pu qu’à trouver du petit matériel médical et des médicaments et de la petite layette pour les bébés à naître ! Oh que je suis contente ! J’ai prévenu la présidente d’Africalor, elle en est vraiment ravie. Cela va vraiment nous aider à aider ! Merci Delphine !

Et vous savez quoi ? Elle m’a permis de passer un coup de téléphone au Tchad. « Tu veux appeler quelqu’un au Tchad ? » m’a-t-elle proposé ? Oh oui ! Sur le coup, je ne savais pas qui appeler tellement il y a de personnes là-bas que je voudrais entendre. J’ai choisi sœur Agnès, qui a mis directement le haut parleur pour que toute la famille entende. Ça a été un vrai petit bonheur ! Je leur ai dit que je reviendrais, peut-être en pleine période de mousson, mais il faut bien que je connaisse les deux saisons pour encore mieux m’imprégner de leurs habitudes, n’est-ce pas ? Il paraît que la saison de la pluie n’est pas simple à vivre ; qu’il y a de nombreux endroits où nous nous retrouvons coincés pendant plusieurs jours, parce que nous ne pouvons avancer comme l’on veut avec l’eau jusqu’aux genoux.

Lorsque j’étais à Moundou, pendant la période sèche, des travailleurs avaient commencé à creuser des rigoles sur les côtés des routes. Routes de terre car il n’y a pas encore de goudron. J’espère que les travaux auront bien avancé d’ici ma seconde venue.

Pendant la conversation téléphonique, sœur Agnès m’a dit que le petit Aristide était là. C’est un de ses neveux. Ce petit a une dizaine d’année et déjà un grand potentiel intellectuel. Il passe des heures chaque jour à faire des mots fléchés. Il remplit des pages et des pages. Il rêve d’être docteur. Un jour je l’ai vu emprunté une blouse chirurgicale, il était dans sa bulle imaginative très réaliste. Je l’ai vu chirurgien ! Et je lui ai dit que s’il travaillait bien à l’école, s’il voulait vraiment devenir médecin et pourquoi pas chirurgien -le Tchad en a besoin- et bien que je l’aiderais. Que s’il voulait venir étudier en France, qu’il n’aurait déjà pas à se préoccuper du gîte et du couvert, que je m’occuperai de lui. Il a encore quelques années devant lui, mais comme disaient feu Saint Saint-Exupéry disait :

« Imagines-toi la cathédrale bâtie et tu la bâtiras ! »

Vendredi, j’ai également revu Abdelkérim, le réalisateur et concepteur des émissions du Club Afrikconnexion, à laquelle j’ai participé lors de mon passage à Paris l’été dernier. Nous avons partagé un petit repas indien. Il m’a donné de précieux conseils. Comme de toujours rester zen quelques soient les critiques émises à mon encontre. Comme je vous l’ai dit plus haut, il y en a eu peu, mais chacune m’a touchée. Abdelkérim m’a expliqué que même négatives, il est bon de savoir ce que les gens pensent, bon de connaître leurs questions. Au moins, cela prouve leur intérêt et ils sont en droit de se poser des questions. C’est normal. Je lui ai parlé de ceux qui sont choqués que j’ai pu mettre une photo où l’on voit des enfants nus ou habillé sommairement, qui m’ont demandé pourquoi je ne montrais pas les clochards de France, qui m’ont dit ne pas vouloir de ma pitié etc. Il m’a alors raconté qu’à Paris il y avait pleins d’africains qui s’occupaient des SDF. Que ce n’était pas de la pitié que j’avais mais de la solidarité. Et que si je montre cette photo, c’est peut-être parce que ce n’est pas normal, que c’est pour donner un électrochoc aux gens, pour leur dire « Réveillez-vous ! » Que ces photos ne sont pas là pour ternir l’image de l’Afrique et que si cela permet de sauver des vies et bien « CHOQUONS » !

Quand je lui ai raconté que plusieurs personnes se proposaient de m’aider pour ci ou cela vis-à-vis de l’association, et que la plupart ne respectait pas ce que je considérais comme un engagement, il m’a conseillé d’emblée, de remercier poliment la personne qui se propose et d’insister sur une date et même un horaire à respecter. Genre : « Ok, merci pour ton aide. Quand est-ce que cela sera fait ? A quelle date peux-tu me confirmer cela ? A quelle heure m’appelleras-tu ? Etc. 

Et pour me montrer l’exemple, il s’est engagé à créer un site internet pour l’association, parce que FACEBOOK, ça ne suffit pas ! C’est bien, mais tout le monde ne va pas dessus et si je veux commencer à viser plus de monde, il faut un site ! Alors il a décidé d’offrir le nom de domaine à Actions Projets, ça sera sa participation pour la maternité. Cela sera fait dans la semaine. Une bonne nouvelle de plus, MERCI !

Ce soir là, à cause d’un soucis téléphonique, je n’ai pas pu rentrer avec Iban. J’ai donc du prendre le dernier train en partance de la gare de l’Est pour Ferté Sous Jouarre. Il était 23h à peu près. Je monte l’escalator direction les grandes lignes, quand un homme surgit au bord des dernières marches. Il avait l’air ennuyé, pas bien, les yeux brillants de… larmes ? Il s’excusa de m’importuner et me dit qu’il avait un problème. Qu’il venait d’apprendre que sa femme venait de faire une tentative de suicide et qu’il n’avait plus d’unité dans son portable pour pouvoir appeler. Que c’était urgent, qu’il était très inquiet. Alors j’ai accepté de lui prêter mon téléphone. Il le mit à l’oreille et puis dit : « Oh non mais j’ai vraiment la poisse ! Il n’y a plus de batterie ! » Je n’ai pas mit sa parole en doute car j’ai réellement des soucis avec mes téléphones, j’en utilise deux. Quand il y en a un qui ne va pas, je prends l’autre. Mais normalement le problème de batterie c’est avec l’autre, pas celui-là…

Alors il me dit qu’il y a une cabine téléphonique à dix mètres de là. Il m’explique que cela marche avec la carte. Là j’ai un moment d’hésitation. J’ai flairé le truc mais je ne me suis pas écoutée. Il me propose de me payer la communication, de me donner un euro en échange. Et je sens sa panique de ne pas pouvoir passer ce coup de fil qui lui donnera des nouvelles de sa bien-aimée. Il me dit que je n’ai qu’à composer mon code puis le numéro de téléphone qu’il m’a indiqué, suivi de la touche #. Et il se retourne en levant les bras pour cacher son visage en me disant qu’il se retournait pour ne pas me voir pendant que je tapais mon code. Là un autre homme s’est approché avec un téléphone en main. J’ai pensé que c’était une personne que l’homme avait dû interpeler comme moi pour son appel au secours. Quand j’y pense aujourd’hui, tous les indices étaient là pour me montrer que le coup était tout prêt monté…Il a de suite fait un geste de la main pour dire à l’autre que « c’était bon, merci… » J’ai encore hésité, pensant une demi fraction de seconde que si l’autre avait un téléphone, ce n’était peut-être pas la peine que j’utilise ma carte. Mais voilà, je n’ai pas écouté ce troisième signe. Pendant que je composais le numéro, je lui ai quand même dit : « J’espère que ça ne va pas me vider le compte ? Je ne suis pas Rockfeller vous savez ? Je suis dans l’humanitaire et vit avec peu de moyen ». Il me répondit : « Non Madame, je vous promets ! On dit toujours que les arabes sont des voleurs. Moi je suis marocain et je vais vous prouver que je ne suis pas un voleur, quitte à vous remettre moi-même la carte dans votre porte-monnaie. Il prit le téléphone et dit à quelqu’un que l’on pouvait le rappeler de suite. Il raccrocha et prit ma carte. Quatrième interpellation de mon ressenti intuitif. Mais pourquoi je ne m’écoute pas ? J’avais dans les mains mon porte-monnaie où je la range habituellement. Il me l’a remis dedans en me disant que là était sa preuve, qu’il la remettait là où elle était (cinquième doute), qu’il n’était pas un voleur blabla blabla. Et d’un coup il fit un tour sur lui-même (Sixième pressentiment, là j’ai eu un peu peur)en disant que s’il avait voulu, il aurait pu se sauver en courant mais que voilà, il ne le faisait pas parce que les arabes ne sont pas comme il y en a qui dise qu’il sont. Il voit mon cahier du chemin dans mes bras, avec le dessin dessus où je suis caricaturée enceinte de billets, courant nus pieds, les cheveux dans le vent soutenus par mon bandeau blanc. Et tout en me mettant mon porte-monnaie dans la main, me montre la photo et me demande si je travaille. Et alors là, vous me connaissez, quand on commence à s’intéresser à ce que je fais, je parle… Et je mis à lui expliquer l’histoire de la maternité, des 19000 personnes à rencontrer pour les 19000€ à trouver. Il me dit que c’était bien ce que je faisais, que peu de personnes avaient ce cœur d’aider son prochain ainsi. Puis il me proposa à nouveau de me donner un euro pour payer la communication téléphonique qu’il venait de passer « grâce à moi ». Sur le coup, je lui ai dis non, que je pouvais bien faire un acte gratuit, que cela ne m’avait pas dérangé. Puis je me suis ravisée et je lui que s’il me donnait cette pièce, alors que je la mettrais dans la poche à don, que cela irait pour la construction de la maternité. Là, je l’ai vu lui hésité un court instant. Il me donna trente centimes en me disant qu’il n’avait que cela. Alors pourquoi proposer un euro si on sait qu’on ne les a pas ? (Sept…)

J’ai même fini par lui donner le nom du sitehttp://www.facebook.com/unemarchepourlavie

Et c’est moi qui lui ai dit « Je vous laisse je ne voudrais pas rater mon train, c’est le dernier. » Et je l’ai quitté sur ses dizaines de remerciements…

J’ai capté ses mécanismes à l’œuvre et je l’ai laissé faire. Pourquoi ? Je suis la première à être parano et à faire attention à tout. Je sais qu’autant l’énergie positive peut être partout, autant la négative peut se cacher partout aussi. Ai-je été hypnotisé ? J’ai choisi de lui accorder ma confiance malgré mes doutes car tout le monde a droit à sa chance.

Le lendemain, je me décide à réserver un billet de train pour moi rentrer à la maison. Le billet étant moins cher en passant par internet, je décide de la payer avec ma carte et me rend compte soudainement qu’elle n’est plus à sa place ! Aaaaaaaah noooooooon ! Immédiatement je comprends. Panique à bord. Je raconte ça à Aimé. Il me dit de bien fouiller mes affaires, mais je sais que ma carte est toujours au même endroit et pas ailleurs. Je regarde quand même dans mes affaires, mais rien. Je me rends compte qu’il ne me reste plus que 10€ dans le porte-monnaie, il y en avait 80€. Mais comment a-t-il fait pour prendre le tout si vite sans que je n’ai eu le temps de réagir ?

De suite j’appelle ma banque et fait  opposition à la carte, vite avant qu’il n’ait le temps de me prendre de l’argent ! Le banquier me dit « Trop tard. Il y a eu un prélèvement de 100€ à 3h41, ainsi qu’un autre de 490€. Oh non, non, non ! Noooooon ! Oh punaise, c’est mon RSA, mes apl, pour moi payer mon loyer et mes charges. Quelques larmes ont coulé sur mon visage, de déception, de tristesse…

Avec Aimé, on fonce au commissariat de police. On le cherche, on ne le trouve pas. Il n’y en a pas. C’est à la gendarmerie qu’il faut aller. On traverse le village. C’est bon. J’explique la situation. La gendarmette me dit qu’il faut les extraits de compte qui montrent les retraits frauduleux sans quoi la plainte serait irrecevable. OK. On fonce dans l’autre sens, on retourne à l’autre bout du village. Direction la banque. La femme me dit qu’elle n’est pas habilitée à me sortir un extrait bancaire. J’insiste. Je demande à ce qu’elle appelle ma banque, ce qu’elle fait. Là, celle-ci leur faxe mes extraits bancaires. Et c’est reparti pour la gendarmerie. Le temps de la déposition a bien pris deux heures. J’ai donné le plus de détails que je pouvais. Je leur ai suggérer d’observer les enregistrements vidéos de la gare. Il y avait peu de monde et j’étais facilement repérable avec ma veste à signes noirs et blancs (celle que j’avais quand je suis partie sur le chemin), mon bandeau dans les cheveux et mon sarouel*. Je ne suis pas petite, blonde, ils ont bien dû me voir sur la vidéo. Et s’ils me trouvent moi, ils le verront lui. J’espère que l’enquête va être menée sérieusement.

La gendarmette m’a dit qu’elle-même s’est fait avoir une fois. Que ce sont des professionnels, qu’ils ont l’habitude. Qu’ils leur arrivent de carrément demander à ce qu’on surveille leur bébé un instant et qu’ils en profitent pour se sauver avec votre sac, vous laissant seul avec un bébé qu’ils ne cherchent pas toujours à récupérer…

Elle m’a quand même dit en me disant au-revoir, que je devais arrêter de croire que tout le monde est beau et gentil…

Après être sortie de la gendarmerie, peut-être deux kilomètres plus loin, je reçois un sms de la banque, comme à chaque fois qu’il y a un mouvement. Apparaît comme sur l’extrait de compte faxé quelques heures plus tôt, les 100 et 490€ volés, ainsi que deux fois 100€ supplémentaires. Ce qui monte à 860€ la somme volée sur mon compte. Ayant l’autorisation de découvert et bien voilà, j’y suis. Là, la colère est montée. Je lui ai souhaité par l’esprit une diarrhée comme il n’a jamais eu de sa vie, qu’elle serait telle qu’il ne pourrait même pas bouger pour aller dépenser mon argent. On ne fait pas des choses comme ça. Un jour je recroiserai sa route. J’aurai préféré qu’il m’agresse, au moins j’aurai pu me défendre et lui faire passer l’envie de recommencer. Je l’aurais fracasser, ah la rage qui m’a pris !

Et puis Patricia m’a écrit un petit mot de réconfort et m’a rappelé qu’il fallait vite que je me décide à ne plus vouloir me démunir de tout ! Que l’engramme* devait vite être rectifié ! Elle m’a rappelé la loi de cause à effet, celle de l’attraction. Que nous programmons inconsciemment ces situations. Que mon égo et ma gentillesse en prennent certainement un coup, mais de ne pas avoir de craintes, que vite rectifiées, les choses peuvent se retourner et s’arranger pour moi. Et aussi qu’il en aurait le revers, le voleur…

Et j’ai compris qu’elle était dans le vrai. Depuis que je suis revenue du Tchad, je n’ai plus osé dire que j’allais prendre un bon bain, car là-bas au Tchad, c’est avec un seau d’eau et une tasse qu’on se lave… Je culpabilise trop du peu que j’ai quand je vois ceux qui ont moins que moi. Il faut que j’arrête, mais ce n’est pas toujours évident. Ça ne sert à rien que je pleure sur mon sort, maintenant c’est fait. Zen… Love & Peace & Liberty !

 

Dans le chapitre 1, je vous parlerai de Robert, tchadien animiste avec qui j’ai fait connaissance à Paris également, ainsi que de Laurent, artiste sculpteur en Meuse.

*Pantalon large du Népal

*Trace biologique de la mémoire