Petit résumé des articles précédents concernant la marche pour la vie : Il  a un peu plus d’un an, quelqu’un m’a dit qu’il manquait une maternité, quelque part en Afrique, au Tchad. On cherchait à rassembler 19000€ pour construire une maternité à Moundou, dans le quartier Guelkol. Alors en plaisantant j’ai dit que c’était facile, que c’était seulement 19000 personnes à rencontrer.

J’ai donc pris mon sac sur le dos, mon bâton à la main, et je suis partie faire mon pèlerinage humanitaire qui a duré 3 mois, sur une distance d’environ 3000 km : ce fut "ma marche pour Moundou" , occasion de rencontres, de réflexions, de découvertes et d’aventures .

A l’heure d’aujourd’hui, on va dire que j’ai rencontré à peu près 11000 personnes…

Après le Tome I de mes aventures, le Tome II a commencé...


 

 

 

Chapitre I


J’m’en fous, même si c’est pas vrai…


Alors, je vous avais promis aussi de vous parler de Robert, un tchadien rencontré à Paris (lors du chapitre précédent) qui m’a parlé des animistes.

Il m’a raconté que « animiste », c’est une « religion traditionnelle » qui utilise les objets et les animaux comme intermédiaires entre eux et Dieu(x?). Et il m’ a un peu expliqué les rites initiatiques des animistes… En principe, cela dure 1 an, dans la nature, dans les bois, en compagnie d’un guide spirituel, d’un sage. Celui-ci lui enseigne les racines, les fruits, comment tuer, blesser, guérir. Il lui apprend l’école de santé, l’art (comment tresser, fabriquer des pirogues, etc.).

C’est un retour à la source en quelque sorte… Mon Dieu que j’aimerai vivre cette expérience. Ça doit être … hum… pas évident, mais Ö combien intéressant ! Un an sans voir personne d’autre que ton guide et la forêt… Mais que de connaissances après ! J’imagine ! Tout ce qu’il y a à apprendre !

Robert m’a raconté que Ngarta Tombalbaye, qui était le premier président tchadien, avait rendu obligatoire l’initiation (appelée « école de sagesse » !).

Lorsque l’on voyait un comportement déviant chez quelqu’un, les sages se réunissaient pour comprendre pourquoi. Alors la personne – pas sage – avait une chance de réhabilitation pour un nettoyage en profondeur. Elle partait en initiation et revenait avec un nouveau nom.

En principe, la personne ne recommençait plus les mêmes erreurs. Si récidive il y avait… alors on faisait croire qu’il y avait une réinitiation, mais la personne ne revenait plus car elle était tuée.

« Mais le problème avec ce premier président, me disait Robert, c’est qu’il en profitait pour éliminer ses ennemis… »

Vers la mi-mai, je vais au courrier. Les Editions Harmattan m’ont écrit que mon livre ne serait pas publié chez eux. Franchement je ne suis pas sûr qu’il a été lu le livre… Ils m’ont dit à 3 reprises qu’il faut impérativement entre 6 à 8 semaines minimum pour que tout le comité de lecture le lise. Je leur ai donné le 4 mai et le 10 ils m’écrivaient la lettre de refus. A peine une semaine et aucune justification. J’ai téléphoné et demandé « pourquoi » et je n’ai eu qu’un « parce que », un « on n’a pas le droit de vous fournir cette information ». Je m’en fous, même si c’est pas vrai parce que j’ai failli y croire quand même.

Bon, ce n’est que partie remise, n’est-ce pas ?

En ce qui concerne CIFACOM, pas de nouvelles non plus… Le centre devait contacter Preston pour lui faire passer le test qui dirait s’il est apte à suivre la formation en infographie multimédia. Pourquoi ne respecte-t-il pas ce qui était convenu ? C’est vrai, ce n’était pas écrit noir sur blanc… Mais quand même… Est-ce moi qui suis impatiente ? Non, non, non ! C’est de l’engagement moral. Ça, j’ai quelques difficultés à l’accepter. On dit qu’on fait et puis on ne fait pas… Si ce n’était pas possible, on aurait au moins pu se donner la peine de me le dire, non ?

Le 08 juin, CARPEDIEM accepte un partenariat : un collier bébé acheté = 1€ reversé à l’association. Ils ont fait un don de 50€. Super ! Merci à Jocelyne et Alain !

Le 10 juin, je suis allée jusqu’à Tours où l’association Gaoui inaugurait l’ouverture de ses portes le lendemain. Au programme : expo-photos et concerts.

L’association Gaoui existe pour promouvoir la culture tchadienne. Nous avons fait un contrat afin d’exposer les photos de Preston lors de chaque manifestation. Preston a graffé quelques photos de la maternité.

Mais qui est Preston ? Paulin Preston est un jeune artiste de N’Djaména. Tout petit déjà, il s’est découvert la passion du dessin alors qu’il était en primaire. Sa première bande dessinée publiée, c’était dans le journal du lycée. Puis, un peu plus grand… il est devenu membre d’ABC, l’atelier Bulle de Chari, une association de jeunes dessinateurs dont je vous ai vaguement parlé dans un chapitre précédent. Il en est le président. Preston est également diplômé en journalisme et en infographie.

 

Aujourd’hui, cette exposition photos de ses œuvres a plusieurs objectifs. Celui de l’aider à pouvoir se payer une formation en infographie multimédia afin de développer ses compétences qui restent limitées. Et celui de donner un coup de main à la construction de la maternité à Moundou.

 

Mon idée serait qu’il produise par la suite une bande dessinée de mes aventures (avec sagesse et humour…) et les bénéfices seraient divisés en deux : moitié pour la mat’, moitié pour Preston. Libre à lui de s’en servir pour développer une de ses bonnes idées.

« Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont à l’heure actuelle un outil incontournable. Leur accessibilité est un atout majeur pour le développement économique et culturel d’un pays. Malheureusement, dans les pays d’Afrique subsaharienne, l’accès à ces nouvelles technologies reste un parcours du combattant. Même si certains pays comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ont développé ces technologies, d’autres y compris le Tchad sont loin d’avoir commencé.

 

Au Tchad, le multimédia (science de l’information traitant des documents contenant du texte, des images et du son) et les autres e-technologies de communication sont quasi inconnus.

 On constate une absence totale de cadres qualifiés dans le domaine ainsi que des structures de formation y afférentes ; pourtant ils se doivent d’utiliser ces outils s’ils ne veulent pas se voir marginalisés du reste du monde. » m’écrit Preston.

 

En tant qu’infographiste travaillant dans la communication et la publicité, Preston est particulièrement sensible à l’avancée des nouvelles technologies sans pour autant y avoir accès. Il serait donc bénéfique qu’il puisse se former dans le domaine de la conception et la réalisation multimédia. Chose qu’il a déjà commencé à faire depuis trois ans après une formation à la carte.

 

Vous comprenez mieux pourquoi la tristesse m’accable quand on nous donne de faux espoirs ? On y a cru à CIFACOM ! Ils nous laissent tomber… Ils ne nous avaient rien promis mais s’étaient engagés au moins sur le test à faire passer. J’avais préparé un joli dossier. Le gars m’avait même dit qu’il était aussi bien fait voir mieux que certains professionnels qui prétendent l’être et qui ne le sont pas forcément.

Tout cet espoir que j’ai eu, je l’ai transféré à Preston et s’il a eu des doutes pendant quelques temps, à un moment donné, il m’a dit : « Je commence à y croire Nath ». Et là… c’est la cata.

Pas de hasard, il y a sûrement quelque chose de mieux qui l’attend…

Donc, pour en revenir à Gaoui, j’ai fait connaissance avec Kaar Kaas Sonn qui est venu chanter ce soir là. Il a beaucoup de choses à dire cet homme. C’est un passionné de la littérature française. Il est tchadien lui aussi. Et il est écrivain ! Il m’a offert son livre : « Avec nos mains de chèvres ».

Pour l’anecdote, on dit qu’une personne a des mains de chèvres lorsqu’elle ne s’en sert pas adéquatement pour faire ce qu’elle devrait faire. Je pense que l’on se reverra… (Merci Kaar Kaas Sonn). Je vous parlerais un peu plus de son livre lors d’un prochain épisode.

 

Également, j’ai fait connaissance avec le groupe Pyramides ! Ils sont OK pour faire une chanson pour la maternité ! Yeah ! Avec celle de Michael ça fera deux ! Nous avons parlé du projet pour le 22 juillet. Il y aura spectacles et contes dans une garderie de Tours et concerts le soir. Tous les bénéfices seront pour la maternité. Merci à Marie-Laure en priorité sur le coup là car elle a cru en mon humanité quand quelques uns ont douté, et a décidé de m’aider en me lançant cet appel.

 

J’ai passé la nuit chez elle et Kelfi son mari. Leur petite Kilou est magnifiquement belle. Le métissage devrait se répandre un peu plus car le mélange de peaux, waouh !

 

J’ai joué de la guimbarde et chanté pendant que Kelfi grattait sa guitare.

Je remercie Marie-Laure pour nos conversations. Ce fut de courte durée mais j’espère la revoir.

Dans leur générosité, ils m’ont offert un billet de train de Tours jusqu’à Poitiers. J’ai ensuite continuer en stop jusqu’à Bordeaux où je suis allée passer quelques jours chez Kent K Dakor.

Elsa m’a pris en stop. Elle est dans le vin. Je lui ai demandé d’envisager un partenariat avec le fameux 1€ reversé par bouteille achetée. Elle doit en parler avec son producteur… On a bien discuté, jusqu’à ce que la police nous arrête pour un contrôle. Ça a été.

 

Sur le chemin, j’ai rencontré Mireille et son mari, qui m’ont déposé directement devant la porte de chez Kent ! Quelle chance ! Avec eux, nous avons parlé de « mouvance alternative », de politique capitaliste qui dépasse le mouvement et la mise en application de nos convictions. Ils pensent que le peuple doit se rencontrer et réfléchir pour un lendemain meilleur. Ils se demandent comment faire pour partager nos pensées qui amèneraient à plus d’actions. Et ils disent que la plus grande difficulté, c’est la non réactivité, la passivité. Ils m’ont parlé d’un « café-repaire » qui s’appelle « Là bas si j’y suis », où on y va pour un temps de rencontre une fois par semaine, pour débattre sur des sujets divers et variés et refaire le monde. Apparemment, il y en aurait plusieurs en France et pas loins de 150 dans toute l’Europe. Bref, j’ai rencontré deux anges.

Je suis donc arrivée chez Kent à l’heure prévue, dix-huit heures. J’avais besoin de repos psychologique et sa présence m’a apaisé, bien qu’un démon particulièrement pesant cherche à me nuire ces derniers temps.

Kent est un homme d’un grand calme, respectueux, qui a beaucoup d’humour et d’amour en lui. Nous avons beaucoup discuté et il m’a ouvert les yeux sur quelques points, a dit les mots qu’il fallait pour me redonner confiance en moi. En tout cas, au moins ce qu’il faut pour me faire relever la tête.

Il m’a dit que j’étais la petite sœur de Gandhi. J’aimerai bien que ce soit vrai. Il n’a pas dû lire le Tome 1 de ce livre…

 

Alors qui est Kent ? C’est l’oncle de Preston pour commencer. Merci Preston d’avoir fait en sorte que l’on se connaisse, je t’en suis reconnaissante.

 

Kent est un artiste tchadien de 34 ans, né le 13 octobre 1977 à N’Djaména. Il a fait partie du groupe OTENTIC qui fut le premier groupe tchadien a sortir le premier album au pays. Pourquoi OTENTIC ? Pour Originalité et Technique d’Expression Naturel pour le Travail Intellectuel Civique. Cela signifie un refus du « copié-collé ». Ils voulaient être eux-même, d’où le nom « OTENTIC ».

 

Leur premier enregistrement, « Sèches tes larmes », motivé par la liberté (car c’était la répression sous Habré en 2000), s’est passé à Sarh, dans le sud du Tchad.

 

Avec peu de moyen, juste de l’argent pour le bus, ils remercient Fabrizio (producteur en Italie qui les a enregistré pour les deux premiers albums), et vont au Burkina Faso pour leur troisième, au studio de Smockey (rappeur, ingénieur et producteur).

 

Ensuite chacun sa voie. Kent fait son premier album en solo en 2006, « J’avance » (Burkina), et son deuxième album en 2008, « Destinée » (à Bordeaux mais arrangé au studio Abazon au Burkina). Et il a déjà un troisième album en cours en Italie, « Demain est un autre jour », dont la sortie est prévue avant décembre 2011.

 

En dehors du chant où il excelle, Kent est un ancien boxeur professionnel au niveau national sur le Tchad. Il a également pratiqué les arts martiaux pendant 15 ans (chotokan et kick boxing).

 

Nous avons eu plusieurs conversations intéressantes. Par exemple, il me disait qu’au Tchad, plus une femme est grosse, plus elle est respectée. La grosseur est un signe de richesse. Une personne grosse est considérée comme un(e) patron(ne). En France, dire à une femme qu’elle est grosse est considérée comme une insulte. « Il y en a au Tchad », me dit-il, « qui prennent des pilules pour grossir. Surtout les hommes. C’est le problème de l’apparence. En fait c’est le même soucis entre nos deux pays, mais à l’opposé. Au Tchad, on fait tout pour grossir et en France, on fait tout pour maigrir. » C’est quand même bizarre parfois. Il y a des moments où je pense que ce n’est qu’une question de culture et d’autres moments où je réalise que la culture n’a rien à voir là-dedans. C’est juste une question d’argent. T’as des sous, tu manges, t’as pas de sous, tu manges pas. C’est normal ça ? Non, pas pour moi. On est des animaux, sur une planète, qui ne peuvent pas avoir accès à la nourriture de la planète parce que des hommes pas très humains en ont décidé ainsi. Ce n’est pas juste. Personne ne devrait avoir faim…

 

J’ai appris que Bordeaux s’était développé grâce à l’esclavage et aux vins. Honte à moi, je ne le savais même pas. Pour le vin, si ; mais pas pour l’esclavage… C’est comme cela que plusieurs lieux devenus touristiques maintenant se sont développés : le pont de pierre, la porte de Bourgogne, etc. sont fait de pierres taillées par les travaux forcés.

 

Kent m’a aussi appris qu’une partie des habitant du Burkina Faso était tchadien avant. C’est une ethnie tchadienne appelée « PEUL » qui a migré sur les terres du Burkina. C’est pour cela que beaucoup de nom de rue portent des noms tchadiens. Le Burkina était appelé autrefois Haute Volta, nom donné par les colons et changé en un nom issu de la tradition africaine par Thomas Sankara, qui a conduit une politique d’affranchissement du peuple burkinabé. On dit que c’est le pays des hommes intègres. D’ailleurs, ça a été le premier pays à dire NON à la France concernant les essais transgéniques des plantes.

 

Thomas Sankara a été le cinquième président de la république du Burkina du 4 aout 1984 au 15 octobre 1987. Il était un « Peul-Mossi » (comme Kent, qui est un « Peul » lui aussi). Il a entreprit beaucoup de réformes majeures pour combattre la corruption et améliorer l’éducation, l’agriculture et le statut des femmes. Il est aussi connu pour avoir rompu avec la société traditionnelle inégalitaire burkinabé, par l’affaiblissement brutal du pouvoir des chefs de tribus, et par la réintégration des femmes dans la société à l’égal des hommes. Il a institué la coutume de planter un arbre à chaque grande occasion pour lutter contre la désertification. Il est le seul président d’Afrique (et sans doute du monde) à avoir vendu les luxueuses voitures de fonctions de l’État pour les remplacer par de basiques Renault 5. Il faisait tous ses voyages en classe touriste et ses collaborateurs étaient tenus de faire de même. Il est célèbre aussi pour son habitude de toujours visiter Harlem et d’y faire un discours) avant d’arriver à l’ONU où il a défendu le droit des peuples à pouvoir manger à leur faim, à boire à leur soif et à être éduqués. Il est considéré par certains comme le Che Guevara africain. Il avait un programme révolutionnaire qui s’est heurté à une forte opposition du pouvoir traditionnel qu’il marginalisait et qui lui a sûrement valu son assassinat le 15 octobre 1987 à Ouagadougou, au Burkina Faso. En tout cas, c’était un sacré homme qui a fait bien des choses et beaucoup d’hommes politiques devraient prendre exemple sur lui. J’aurais bien aimé le rencontrer. Peut-être dans une autre vie, in shallah… (Merci Wikipédia…)

 

Et vous ne devinerez jamais quoi… Pour monter une rébellion en Afrique, il paraît que l’expertise se passe là, au Burkina Faso. Il y en a qui disent que c’est avec accord de la France. Je ne sais pas si c’est vrai… Par contre, je veux bien croire que tous nos gouvernements sont des mafieux.

 

Pour conclure, le jour où les africains refuseront la corruption et l’anesthésie psychologique, les choses commenceront à changer, me souffle Kent.

 

 

En parlant de Kent, il m’a apporté quelques informations supplémentaires concernant les animistes. En ce qui concerne les connaissances, c’est une initiation réservée seulement aux hommes (Ndôh). Pour les femmes (Bagnan), c’est… l’excision, pour imposer la fidélité, afin d’être esclave de son époux… C’est un gros problème en Afrique, d’après ce que j’ai entendu. Je ne dis pas que c’est pour ça que cela se fait : je ne sais pas. Je ne fais que répéter les informations que j’entends sur mon chemin. Mais même si c’est… culturel, j’avoue que je considère cela TRES barbare !

 

Je serais bien rester quelques jours de plus chez Kent. Je m’y sentais au calme, tranquille. Mais voilà, il me fallait reprendre la route. Bye bye Kent, et merci pour ton accueil chaleureux.

 

 

… Dur dur le stop sur Bordeaux ! Et sous la chaleur je ne vous dis pas !

 

En quelques voitures et un peu plus de trois heures de marche, je suis arrivée près de Pons. Je suis allée chez les parents de Victorien sur la route que j’avais croisé une semaine plus tôt. Je me suis arrêtée chez lui pour la fête de la musique. On a beaucoup parlé aussi. Il n’était pas bien. Il avait des soucis personnels très important. Alors je lui ai parlé un peu de moi, et ensuite, il allait mieux. Il a fait sa petite analyse à travers mes mots… Il m’a dit : « Au fur et à mesure que tu rencontres des gens qui croient, tu crois de plus en plus. On est les réponses à tes questions. En partant chercher des humains parmi les humains, tu retrouves l’humain en toi. » Et j’ai bien l’impression que c’est vrai ! En tout cas, encore une fois je me rends compte que le hasard n’existe pas. J’aurais pu repartir la veille ou le lendemain. Mais cela s’est produit ce jour là, ce jour où ce jeune homme craquait !

 

 

Un peu plus loin, je me suis fait prendre en Stop par un africain qui m’a amené jusqu’à Orléans. En une heure de temps, il m’a fait un véritable cours sur l’Islam. . Il m’a demandé « Pourquoi travaille-t’-on ? » Il m’a dit de chercher sur internet et de regarder « Sciences et Islam ». J’ai vaguement regardé mais je verrais cela de plus près pour mon prochain article… Il m’a offert 50€ pour m’offrir un billet de train car il m’a dit que c’était mieux que je rentre en train chez moi. (Merci…)

 

Malheureusement, il y a eu un accident sur la voie ferrée et il n’y avait plus de train pour aller jusqu’à Metz. Je me suis donc arrêtée à Paris où Augustin m’a sauvé en m’hébergeant pour la nuit (Merci Augustin!). Et je suis repartie au petit matin rejoindre la réalité du bout de pays où je vis.

 

 

Là, différentes énergies se sont enchaînées…

 

 

Le 04 juillet, j’ai fait un petit montage vidéo de la maternité actuelle et de celle en construction. Je l’ai mis en ligne sur YOUTUBE et FACEBOOK.

 

 

Le 09 juillet, je laissais un petit mot sur la page Facebook de CIFACOM comme quoi ce n’était pas très sérieux de faire croire des choses aux gens et de ne pas s’y tenir.

 

 

Dans la nuit du 8 au 9 juillet, j’étais très mal dans ma peau, déprimée, à me demander ce que je faisais ici… C’est la première femme tchadienne que j’ai rencontré sur mon chemin qui m’a… sauvée. Nous avons parlé longuement. Et je n’ai pas fait de bêtise… (Merci Sylvie…) Quelque fois, j’ai râlé de ne pas la voir comme je l’aurais voulu, mais cette femme se montre toujours au bon moment…

 

 

Le 10 juillet, j’ai été invité à une messe à Montmédy dans la Meuse. J’avais parlé au téléphone avec le curé qui m’a dit que je devais témoigner… Alors j’y suis allée. Et j’ai demandé combien de temps j’avais pour parler. Il m’a répondu : 5 mn. (…) « Quoi ? » ai-je pensé, « 5 minutes ? Mais je m’attendais à 1/2 heure ! Comment voulez-vous que je raconte mon histoire en 5 mn ? Ohlala…».

5 mn ? Ça va faire juste mais OK.

 

Le curé commence sa messe et puis soudain me fait signe de venir. Je me retrouve face à l’assemblée. Je respire un grand coup ne sachant toujours pas ce que j’allais dire pour les accrocher à la maternité en si peu de temps.

 

Et les mots sont sortis tous seul de ma bouche. J’ai regardé la croix de Jésus avec lui dessus, et j’ai dis en le montrant de la main : «  Un jour, j’ai été crucifié par les péchés de l’homme, comme lui… Et puis un autre jour, j’ai ouvert les yeux avec le mot Compostelle devant et je suis partie marcher pendant 40 jours. Au bout du chemin, j’ai quitté l’ancien pour rejoindre le nouveau. Et toute ma vie a changé. Je me suis démunie de tout et je suis partie en Asie où j’ai étudié les médecines traditionnelles et fait un peu de bénévolat dans les pagodes (orphelinats). Et puis je suis rentrée en France, et on m’a dit qu’au Tchad, quelque part à Moundou, on avait besoin d’une maternité, mais qu’il manquait 19000€ pour ça. Alors j’ai pris mon sac et mon bâton et je suis partie rencontrer 19000 personnes. On va dire que j’en ai rencontré 11000 à l’heure d’aujourd’hui.

Je suis partie au Tchad et la maternité est construire mais elle n’est pas terminé, alors j’ai besoin d’un coup de main. Si vous voulez m’aider, vous pouvez faire un petit don de vous-même en me mettant dans vos prières ou en faisant un petit geste financier. Voilà. Merci de m’avoir écouté. »

 

Je suis retournée m’asseoir. J’avais le trac, j’étais toute tremblante d’émotions. La messe s’est terminée et une sœur m’a dit d’aller au fond de l’église pour que les gens me voient en sortant.

 

A la fin, une première personne approche et dépose 1€, une deuxième 50 centimes.

 

Et puis une dame vient près de moi et me dit qu’elle est arrivée en retard et qu’elle n’a pas tout entendu de ce que j’avais raconté. Alors j’ai commencé à parler, mais plus que les 5 minutes où j’avais raconté mon histoire. Quand il n’y eu plus personne dans l’église, je me rendis compte que la corbeille était pleine d’argent. Waouh ! Je ne m’attendais pas à en avoir autant. La sœur m’a dit que ça avait l’air d’avoir bien marché ! Quand j’ai compté, il y avait 333€. On a passé la barre des 11000 ! Ca fait 11074,60€, manque encore : 7925,40€.

J’ai été pleine de lumière toute la journée. J’ai senti ma foi qui s’amplifiait, ma bonne énergie revenir. Quand je pense que la veille je voulais en finir… Depuis, je n’ai plus peur.

 

 

Ce même jour, un responsable de CIFACOM me contactait pour me dire qu’ils étaient désolés et qu’il allait s’occuper de cette affaire personnellement. Alleluya ! Comme quoi il suffit juste de s’exprimer ! Communication quand tu nous tiens !

 

 

Le 12 juillet, j’apprenais qu’une association tchadienne allait me sponsoriser le billet d’avion aller-retour pour le Tchad. Oh que je suis contente ! C’est merveilleusement super !

 

J’avais écrit à Brahim qui travaille chez Air Tchad pour voir si la compagnie aérienne travaillait avec la France et s’il y avait moyen d’avoir un prix… Je lui avais expliqué que je cherchais un sponsor. Il m’avait dit qu’il demanderait à leurs partenaires indiens avec qui ils travaillaient, que sûrement eux pourraient faire quelque chose car parfois ils font des donations à certaines fondations.

Et puis après avoir réfléchis, il m’a proposé que cela soit son association ASSOBAPE qui finance mon billet. Il m’a également proposé de faire partie de son association.

Sur le coup, j’ai dis que je pouvais pas mener plusieurs fronts en même temps, et puis j’ai réfléchis moi aussi. J’ai lu l’article qui présente son association ici :http://www.alwihdainfo.com/Association-Brahim-Ahmat-pour-les-Enfants_a4009.html, je l’ai trouvé intéressant, et j’ai dis OK pour un partenariat.

 

 

 

Le 15 juillet, j’ai organisé avec l’aide de Zahia, un dîner caritatif en comité restreint, en Lorraine. Nous étions une dizaine. Avec quelques babioles que j’ai vendu, les bénéfices sont de 166€. (Merci Zahia qui s’est occupée de la cuisine!)

 

 

Je vous ai également dit que je vous parlerais de Laurent, un artiste sculpteur.

 

Laurent s’intéresse à tout, touche à tout. Sa sensibilité fait qu’il est amené à se plonger dans la matière, à la travailler, quelle soit minérale, végétale ou née de la fusion.

Artiste dans l’âme depuis tout petit, au lieu de construire des maisons avec ses légos, il préférait déjà créer de grandes sculptures (plus grande que lui), qui s’effondrait par la dure loi de la gravité…

L’ennui à l’école lui a fait délaisser ses cours pour se consacrer aux dessins à un point que personne ne le croisait sans une planche à dessin sous le bras.

Inspiré par la musique et la nature – les seuls éléments qui ne l’ont jamais déçu – sa passion est devenue une véritable boulimie.

Prédestiné à l’art, doué d’une créativité débordante, submergé de capacités à voir ce que d’autres ne voyaient pas, il s’est lancé à corps perdu dans la sculpture, dépensant tout son argent pour l’achat de matériel ou en se servant des rebuts de la société de consommation des gens pour leur redonner vie.

Autodidacte, Laurent a finit par découvrir les limites de ses capacités grâce à des personnes ayant eu la chance d’acquérir des techniques par un cursus scolaire que lui n’avait pas suivi. Il a donc décidé d’entreprendre deux formations pour parfaire ses compétences en tant que sculpteur. Et sa chance lui a permis d’être enseigné par un maître d’art qui n’a que pour seul but : transmettre son savoir incommensurable.

 

Depuis lors, Laurent a bien compris que rien n’est impossible, et que, quand on veut, on peut.

« La seule limite de ses capacités, c’est la barrière que l’on se met soi-même. » Dit-il

 

Laurent a décidé de donner un coup de main à Actions Projets pour finaliser la construction de la maternité. Il a proposé de créer des petits magnets (aimants) sous forme de ma caricature… insérée sur la carte du Tchad. La totalité des bénéfices seront pour la maternité.

 

Je lui ai donc proposé un partenariat qu’il a accepté. En plus des magnets, il s’engage dans le cadre de son activité professionnelle, à reverser un pourcentage sur certaines de ses pièces mises en vente.

Par la suite, il aimerait s’investir un peu plus en suggérant quelques idées.

 

Le 17 juillet, nous avons signé le partenariat. Il a déjà fabriqué 100 magnets et en a vendu 3 pour le moment, à 4€ l’aimant. Egalement, il a récolté 35€ en racontant mon histoire à 35 personnes… Et il m’a même trouvé un stéthoscope rouge que son docteur lui a donné ! Le mien m’en a donné un jaune. Il va y avoir de la couleur parmi les infirmiers au centre de soin !

 

 

J’ai appris le 18 juillet que le méchoui de Bordeaux serait annulé car des gitans se sont installés à l’emplacement où les deux cent tchadiens devaient se réunir pour le repas, et la mairie n’ayant pas d’autres lieux pour les accueillir, c’est au méchoui de changer de date… C’est injuste car la date était prévue depuis longtemps déjà. Mais c’est ainsi…

 

 

Puis le 19 juillet, j’apprenais que la journée organisée par Gaoui pour la maternité s’annulait pour raison interne au fonctionnement de l’association.

 

 

Parallèlement, j’ai dû faire face à un persécuteur-délateur qui a voulu se transformer en Freddy Krugger un vendredi 13… Il m’a mis la pression en menaçant de diffuser mes erreurs passées, mes expériences négatives. Mais que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre…

 

 

Jm’en fou, même si c’est pas vrai…

 

 

Le 28 juillet, Africalor m’a annoncé que le conseil régional subventionnait 2000€ pour l’achat de mobilier pour la maternité. Si tout va bien, l’intérieur de la maternité devrait être terminée avant la fin de l’année. En tout cas, j’ai hâte d’aller voir l’avancement des travaux !

 

 

Bon, j’ai encore plein de choses à vous raconter, mais ça sera pour le prochain épisode !

 

A bientôt !