Le regard des autres est, pour beaucoup de personnes à travers le monde, un l’élément primordial de leur existence. Comment suis-je ? Parais-je beau (belle) ? Est-ce que je me coiffe comme ça ou comme ça ? Vais-je porter cette veste avec cette chemise ? Autant d’interrogations futiles mais qui peuvent influencer notre façon de vivre. Pousser à l’extrême, elle peut carrément tourner à la psychose. D’autant plus qu’elle ne tient qu’à une seule chose, la subjectivité.
La Chine est en train de prendre en main la gouvernance mondiale. Sur de nombreux domaines, ils sont en phase d’occuper la première place. Cependant, sur le point de l’esthétisme, des millions de chinoises et de chinois rêvent de ressembler aux occidentaux. Au prix d’horribles sacrifices, de coups de scalpels, de bistouris, d’agrafes et de points de sutures disgracieux, ils se font débrider les yeux, agrandir le nez, les jambes, gommer les cernes, grossir les seins, redessiner les sourcils et le pire, se faire refaire l’hymen. Les principales « victimes » de ces opérations sont les jeunes âgés de 18 à 23 ans, en quête d’une promotion sociale nécessaire pour s’assurer un brillant avenir. Les seniors ne sont pas en marge, ils sont aussi attirés par le fait de se faire triturer le portrait par coquetterie. Il n’est pas rare de voir, depuis quelques mois, des bousculades et des chahuts dans les hôpitaux, réservant même des étages spécialisés dans le remodelage du physique. Dans des salles à l’hygiène globalement douteuse, plus de 120 opérations ont lieu chaque mois. Les maladies nosocomiales peuvent y gambader selon leur gré. Le Parti Communiste Chinois, jouant le rôle d’un Big Brother, doit donner son accord pour que les futurs patients puissent modifier leur apparence.
Les tabous sont transigés, le respect des valeurs ancestrales s’est envolé. Les jeunes chinois permettent qu’une main humaine puisse altérer le corps qu’ils ont reçu de leurs géniteurs.
Comment procède-t-on ? Il suffit de prendre un rendez-vous et de fixer une date. Une fois cela fait, c’est plus difficile que l’on ne le pense vu le nombre de jeunes gens souhaitant ce genre d’intervention, il suffit de se rendre dans un des hospices. Là, comme chez le coiffeur, les insatisfaits pourront choisir leur nouveau profil sur un book comprenant des photos de modèles. Durant 20 petites minutes, votre peau devient le terrain de jeu des médecins. Le découpage de peau coute en moyenne 950 yuans, soit 150 euros, ce qui équivaut à 50% d’un salaire modeste. Une affaire juteuse qui rapporte officiellement plus de 1.8 milliard d’euro par an, ce qui signifie beaucoup plus officieusement.
A ce prix-là, les chirurgiens s’affairent tels des ouvriers œuvrant à la chaîne. Les patients se suivent et finissent par se ressembler à force de vouloir le même faciès. Les blocs opératoires sont de petite taille et sans confort, les murs ne touchent pas le plafond. Les coups de ciseaux se font parfois sans anesthésie, il faut souffrir pour être beau (ou belle), une maxime qui prend toute sa splendeur dans ce cas.
Ces lieux, souvent clandestins, deviennent des fabriques de monstres où des opérations bâclées, manque de professionnalisme ou de temps, transforment un nez normal en groin de cochon au lieu du légendaire appendice de Cléopâtre. La mort peut se retrouver au tournant comme le prouve ce fait divers qui a couté la vie à une jeune starlette de 24 ans. La présentatrice d’une émission s’est étouffée avec le sang coulant dans sa bouche après une opération de mâchoire.
Les jeunes chinois seraient-ils les seuls à être obnubilés par leur apparence ? Certainement pas, nombreux sont celles et ceux qui aimeraient ressembler à leur idéal de beauté. Tout cela est ridicule, on voit toujours l’herbe plus verte chez son voisin et puis tous les goûts sont dans la nature. Les asiatiques fantasment sur les stars occidentales mais savent-ils que la vie n’est pas Photoshop ?
[b]hélas, PIP en est un triste exemple ![/b]