Une douceur qui vit des heures difficiles

  Chaque années, et depuis 17 ans, un salon se tient pour honorer l’un des plaisirs culinaires les plus appréciés au monde, le chocolat. Durant 4 jours, du 20 au 24 octobre, il s’est tenu à Paris, était réuni des grands maîtres chocolatiers qui ont tout mis en œuvre pour montrer aux gourmands passant par-là, leurs travaux dignes des robes de hautes coutures. Le salon a tellement de succès qu’il s’est délocalisé dans plusieurs ville de France l’année dernière, comme à Lille. C’est justement à cause de son succès que, paradoxalement, le chocolat, ce bonheur au goût amer et qui peut revêtir des formes qui enchantent les mirettes, est en danger de mort. Le cacaoyer est une plante à feuilles tenaces qui aiment l’ombre, le noir, comme la couleur des tablettes qui égayent nos quotidiens, et les sols profonds bien dotés en humus. Quel meilleur climat que celui tropical pour permettre à l’arbre de croître. Les cabosses, sont récupérées, sur des branches à 4-5 mètres de hauteur, c’est à l’intérieur que l’on trouve les graines qui seront utilisées pour produire du cacao. L’agriculture du chocolat est en très grande partie, une culture paysanne et familiale, faite sur des arpents de quelques hectares sur les terres d’Afrique, d’Asie ou encore d’Amérique du sud. Le cacao est un terme générique qui regroupe 3 espèces, le cacao fin et délicat, le cacao rustique et le plus courant et, enfin, un cacao très courtisé, dont la valeur peut atteindre des sommes astronomiques car alliant dans un même corps, rusticité et finesse. De plus en plus populaire à travers le monde, la demande est de plus en plus croissante, elle aurait grimpé de 2500% en un siècle ! Comme tout être vivant, les arbres vieillissent et deviennent de moins en moins fertiles. Un changement doit s’imposer mais procéder à un renouvellement des cultures signifierait se passer de récoltes pendent 7 à 8 ans, le temps que les cacaoyers grandissent assez pour pouvoir donner des cabosses exploitables. Chose complétement impossible car les familles productrices vivent essentiellement de la cacao culture.  La science permet tout, au du moins presque tout, un chercheur cubain a réussi à créer, au bout travaux longs et acharnés dans les années 1970, un hybride plus rapide, plus productif et qui résiste au Soleil. Ce messie sylvestre a, comme on s’en doute, été directement utilisé pour remplacer les plantes vieillissantes. La chose semblait trop belle et des experts du cacao, des professionnels du milieu, se sont mis à douter du « sauveur ». Leur conclusion a été sans appel, ce nouvel arbre génère du cacao de beaucoup moins bonne facture, il n’a pas la qualité supérieure que les autres avaient. Ils craignent donc qu’un clivage apparaissent entre un cacao fortement répandu, peu cher et de mauvais calibre et un cacao qui se raréfierait, d’une qualité incomparable et inabordable. Autre point noir à ajouter à ce triste bilan, les plantations utilisées pour faire pousser cet hybride résultent d’une déforestation massive et, par conséquence funeste, engendre la disparition des espèces animales qui vivaient dans cette biosphère aujourd’hui disparue. Mais ce remède miracle n’est pas si fantastique car des maladies commencent à le toucher et elles doivent être traitées par chimiothérapie. Le chocolat est victime de son époque où le monde va trop et veut toujours plus, tellement plus que la qualité disparait au profit de la rentabilité. Une chose est sûre, le salon qui vient de clore ses portes a été un succès et ce sera bien lui la star, une fois de plus, de fêtes de fin d’année.