On avait déjà vu cela dans les livres d’Histoire. Souvenez-vous, je replace la scène, Allemagne, hiver 1933, rigoureux à ce qu’il parait, un petit homme portant une moustache carrée est élu démocratiquement par le peuple allemands alors désespéré par la morosité ambiante. La suite, tout le monde la connait, une perte progressive des libertés individuelles, stigmatisation d’un peuple sur lequel on rejette toutes les fautes et une guerre terrible causant des millions de mort.

La Hongrie, dans une moindre mesure, se voit petit à petit ôter ses droits par son propre gouvernement. L’an a commencé sous le signe de la protestation. Des dizaines de milliers d’hongrois ont défilé lundi dans les rues de Budapest pour dire non à l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution. Le mouvement est sans précédent et il est même supporté par des anciens alliés du Premier Ministre, Victor Orban. 

Le texte adopté par la majorité sortie des urnes en avril 2010 est jugé liberticide. Il s’attaque au pluralisme politique en affaiblissant les petits partis grâce à la mise en place de suffrages à un tour, d’un redécoupage des circonscriptions lui étant favorable, de plus, il y a un véritable verrouillage des appareils de l’Etat par des proches de Victor Orban.

 Il limite l’indépendance de la justice. Il muselle la presse et les médias. Dorénavant, il y a aura un conseil nommé par le gouvernement, dont la mission sera de valider ou de rejeter les articles de presse. Cela me fait bizarrement penser à un pays hexagonal où le président de la république nomme celui de la télévision publique.

  La Constitution s’en prend aussi aux avancées sociales comme l’avortement, se prononce ouvertement contre l’homosexualité, contre certaines religions, il n’y a que 14 Eglises reconnues et bien d’autres choses encore. Parmi les mesures les plus ridicules, il est prévu de taxer les propriétaires de chiens dont la race ne serait pas hongroise.

Nous rejouerait-on le tour de Munich 1938 ? L’Europe reste sans grande réaction face à cette dérive autoritaire. Seuls les USA par la voix d’Hillary Clinton et la Commission Européenne ont manifesté leur stupéfaction.  L’inertie provient du fait qu’il est difficile d’intervenir contre un gouvernement élu par le peuple. Malgré cela, le FMI et l’UE ont annoncé qu’ils cesseraient de donner des subventions à un régime bafouant les notions même de la Démocratie. 

La raison de l’argent, de l’asphyxie économique, parviendra-t-elle a faire vaciller et tomber Victor Orban, comme ce fut le cas en Italie avec Berlusconi ? Un tyran en herbe serait détrôné mais cela montrerait une fois de plus, le terrible pouvoir de la planche à billets.