Une artiste de 40 ans tente une expérience inédite: porter la Burqa dans les rues de Paris.

Pendant 1 mois Berengère décide de se couvrir de la tête aux pieds, elle n’est pas musulmane mais décide de porter la burqa pour se rendre compte de ce que vivent ces femmes qui le portent au quotidien et pour affirmer si ces femmes peuvent avoir une vie sociale en dehors de leur foyer.

Camouflée sous une envahissante tenue violette confectionnée par ses soins, Bérengère fait ses premiers pas dans les rues de Paris, la boule au ventre, elle a peur du racisme, de l’hostilité des uns, qui vont la prendre pour une femme musulmane et soumise. De l’agression des autres, la voyant en usurpatrice, " Ce que je redoute le plus c’est de me sentir dans une solitude profonde ". L’artiste nous explique clairement qu’elle ne fait pas cela pour lancer un débat sur la religion pas du tout, mais difficile de dissocier son costume expérimental du vêtement qui fait tant débat.

Car la burqa dérivée du tchadri, le vêtement traditionnel afghan imposé aux femmes par les intégristes salafistes, a la particularité de couvrir chaque centimètre de peau. Un manque de confort évident qui n’échappe pas à Berengère : " On entend mal. On ne sent pas l’air sur la peau. On voit mal. On n’est jamais sûr de rien. On est dans une bulle. "

Et sous le soleil d’été, le vêtement se transforme vite en fardeau: " Quand il faisait 32°C, j’avais 5°C de plus sous ma tenue. Je ruisselais, retrouvais mon corps couvert de boutons de chaleur. Pire les jours de pluie. Le vêtement faisait éponge, s’alourdissait, j’étais trempée." Mais face au regard des autres ce n’est rien. Les personnes qu’elle croise la dévisage comme si elle ne les voyait pas. Sans aucun respect, comme à la foire aux monstres, " Ce fut l’enfer dès la première seconde où j’ai mis les pieds dehors." Celle qui se veut invisible devient au contraire l’objet de toutes les attentions.

Impossible de fondre dans la masse, y compris pour les plus simples tâches de la vie quotidienne. La pénible expérience a duré un mois. De quoi forcer le respect envers les "invisibles" qui font tant parler d’elles : " Quand on endure ce calvaire par choix c’est vraiment pour des raisons qui vous appartiennent, croyez-moi. Quant à celles qui portent la burqa de force, je les plains de tout mon coeur."

A l’issue de l’expérience, presque dépressive face à la solitude et l’absence de chaleur humaine, Bérengère mettra quinze jours à se réapproprier son corps. " Tout d’un coup, on est mis à nu, presque impudique au regard des autres. J’imagine ces femmes à qui on imposera peut-être d’ôter leur voile. Je me dis que cela va être très douloureux."