Peu de raison de se réjouir en effet cette année en regardant la grande boucle. Malgré les efforts de Thierry Adam, le zélé commentateur de France 2, qui a essayé pendant ces trois semaines de nous faire croire que ce que nous voyions était extraordinaire, il faut bien reconnaitre que c’était le plus souvent l’ennui qui prenait le dessus. Heureusement, Laurent Jalabert a su tempérer les ardeurs de son bouillant collègue. En ancien champion lucide, le Mazamétain a su apporter un commentaire avisé et réaliste.

Le vainqueur, tout d’abord, ne restera pas dans les annales parmi les plus beaux. Tout juste peut-on dire qu’il a été le plus régulier et qu’il a su prendre ses responsabilités aux moments cruciaux. Mais jamais il n’a pris l’initiative, n’a tenté de baroud d’honneur. Il n’est pas ce qu’on appelle un patron. Il rappelle en cela Joop Zoetemelk, celui qu’on surnommait le suceur de roue. Peu d’exploits à se mettre sous la dent, de grande chevauchée en montagne, mais n’est-ce pas peut-être le résultat de la lutte contre le dopage ? On a essayé de nous faire croire que le courageux Thomas Voeckler pourrait emmener jusqu’à Paris sa tunique jaune, mais qui y croyait vraiment ? Sa présence parmi les premiers prouve que les cadors du peloton cette année avaient les dents élimées. Thomas Voeckler n’est pas un débutant et s’il avait la stature pour gagner le Tour, ça se saurait depuis longtemps. Il reste néanmoins un coureur exemplaire qu’il faut féliciter pour son courage et sa science de la course. « Merci d’avoir fait rêver la France ! » déclare l’inénarrable Thierry Adam. Pensez-vous que cela fasse rêver quelqu’un de savoir qu’un coureur français puisse par miracle gagner le tour ? Les Pyrénées ont accouché d’une souris et si les Alpes ont apporté un peu plus de mouvement, les principaux acteurs sont restés en dedans et les écarts ont été minimes. Il faut se faire une raison : il n’y a plus de super champion. C’est peut-être plus logique mais c’est moins passionnant.