Les hommes ont toujours eu de l’ambition, atteindre les sommets pour pouvoir tutoyer Dieu. Par la construction d’immenses édifices tels que des tours, ils ont voulu devenir les égaux des déités contrôlant le cosmos. Babel, dans la Genèse, en a fait payer les frais aux humains, craignant pour son hégémonie, Il l’a détruit d’un revers de la main. Ces flèches sortant du paysage ont toujours été des synonymes de puissance. Au Moyen-Age, en Flandre et en Italie, les familles seigneuriales se disputaient le monopole d’une cité par « torre » interposées. Au Japon, une nouvelle de ces épines architecturales va bientôt ouvrir ces portes.

La structure, au-delà des nuages tokyoïtes, sera dans quelques semaines la plus imposante tour de radiodiffusion du monde avec ses 634 mètres de haut. Grâce à son antenne, elle retransmettra des flux hertziens en Haute Définition et servira comme relai pour les lignes téléphoniques. Une mission importante quand on connaît l’avancée technologique qu’ont les japonais dans le domaine de la téléphonie mobile et leur appétit pour les émissions de télévisions.

La construction est devenue la principale préoccupation de toute la ville, principalement du quartier où elle se dresse fièrement. Les commerces alentours voient cet engouement d’un très bon œil. Les restaurants affichent déjà complet alors qu’elle ne sera ouverte au public qu’à partir du 22 mai prochain. Une fois en fonction, ils espèrent que les retombées économiques seront encore plus profitables, les attentes sont considérables, plus de 5.4 millions de visiteurs.

Malgré les portes closes, les touristes et les riverains affluent pour admirer cet impressionnant édifice quasiment deux fois plus grand que notre chère tour Eiffel. Une très bonne nouvelle pour la ville dans ce contexte de morosité. Une crise bien présente et aggravée par la catastrophe de l’année dernière qui a laissé une cicatrice indélébile sur la société nippone.

Construite par Obayashi Corporation, sous la direction de M.Imamura, elle est prévue pour résister à tous les types de caprices de Mère Nature. Elle n’est nullement une géante aux pieds d’argile. L’emplacement de sa construction a été au préalable sondé par des ballons dans les airs grâce à des ondes radiophoniques. Des simulations par ordinateurs ont été faites avant que la première poutre métallique ne soit posée il y a 4 ans. Les japonais étant des coutumiers des secousses sismiques, les architectes ont intégré, à ses bases triangulaires, les technologies de pointe pour lutter contre les tremblements de terre.

Que pourra-t-on visiter dans cette tour appelée Tokyo Sky Tree ? Une fois le ticket d’entrée acheté, il faut compter une trentaine d’euros, on pourra se rendre à deux observatoires différents. Le premier, Tembo, pour ceux qui n’ont pas trop le vertige, se situe à 350 mètres d’altitude avec un sol en verre transparent laissant apparaître tout ce qui se passe sous nos pieds. Le second, Trembi, pour les plus téméraires, se trouve à 450 mètres puis, pour les écervelés ne craignant pas les affres de la hauteur, il y a la possibilité de se rendre au sommet pour une visite à Sorakara, la mascotte trônant à la cime de la tour. 

           A chacun des niveaux, une vue magnifique s’offrira aux yeux des courageux. Par beau temps, quand la météo sera bonne , il sera possible de voir au loin le Mont Fuji, ce massif rocheux chapeauté de blanc, calme et serein à l’image du zen japonais.

Le Tokyo Sky Tree, nom donné par commodité pour les étrangers, est une structure forte en sens cachés. Des symboles pouvant passer inaperçus pour nous, occidentaux, non-initiés à la culture asiatique. Tout d’abord, par sa forme ressemblant à un katana, ces fameux sabres portés par les samouraïs, et par son nom, rendant hommage à un de ces valeureux guerriers vivant dans le respect du bushido.

Tokyo se pare d’un nouvel endroit à visiter. La ville aux 35 millions d’habitants en est déjà bien remplie. Nul doute que le Tokyo Sky Tree saura attirer vers lui des millions de curieux et de grands enfants. En effet, plus les mètres nous séparant du plancher des vaches augmentent,  plus les bâtiments ressemblent à des pièces d’un fameux jeu de construction danois et plus les voitures circulant dans les artères de la ville sont semblables à des modèles réduits.