La PJ Fête ses 100 ans
La police judiciaire, née sous l'impulsion de Georges Clemenceau, fête ses 100 ans à l'occasion d'un grand gala à Paris.
Policiers, magistrats, représentants étrangers : quelque 1.300 personnes sont conviées à une soirée anniversaire au Paradis Latin, en présence du ministre.
La police judiciaire française compte aujourd'hui près de 7.000 fonctionnaires.
Dans les premières années du siècle passé, "la France a peur", aurait pu dire un présentateur du journal de 20 heures si la télévision avait existé : les 60 "chauffeurs du Nord" que commande Abel Pollet attaquent et pillent les fermes de la région; ceux de la Drôme torturent et assassinent 18 personnes; la "Caravane à Pépère", du bagnard en rupture de ban Jean Capello, écume la Touraine et la Charente.
Et que fait la police ? Sans téléphone ni machine à écrire, ni armes ou presque, les polices municipales que dirigent les maires, assistés d'un commissaire dans chaque ville de plus de 5.000 habitants, n'en peuvent mais.
A Fontainebleau, le commissaire passe l'hiver 1903 les pieds dans l'eau parce que les tuyauteries de son local fuient depuis des mois; son collègue de Troyes réclame en vain "un supplément de 2 kilos de graines contre les rats qui mettent en péril les réserves et les archives de (son) service".
Face à cette situation, Clemenceau réagit. En 1906, plutôt qu'un préfet comme à l'habitude, le président du Conseil et ministre de l'Intérieur nomme à la tête de la Sécurité générale un policier, qui a débuté comme simple inspecteur 20 ans plus tôt, Célestin Hennion, à la tête de la Sûreté générale.
Très vite, ce dernier bâtit sur le papier les principes qui vont régir la future PJ et, le 6 mars 1907, il obtient la création, par décret, du "Contrôle général des services de recherches judiciaires".
Il confie cette nouvelle structure à compétence nationale au commissaire Jules Sébille qui commence par prouver son efficacité sur le terrain.
Une brigade d'une dizaine d'inspecteurs est envoyée à Lille d'où, rendus mobiles grâce à de simples bicyclettes, ils démantèlent rapidement la bande d'Abel Pollet. En juin 1907, Jules Sébille dirige en personne une vaste opération qui se conclut, en Charente-Maritime, par l'arrestation des principaux membres de la "Caravane à Pépère".
Le 30 décembre 1907, elles sont douze à être instituées en France (15 en 1911, 17 en 1919 et 19 en 1920), avec cette seule mission : "seconder l'autorité judiciaire dans la recherche et la répression des crimes et délits de droit commun".
Les "Brigades mobiles", qui seront vite appelées "Brigades du Tigre" avant d'être transformées le 10 novembre 1941 en "Services régionaux de police judiciaire", s'installent en France en mars 1908.
La PJ était née, et son premier bilan publié le 21 février 1909 impressionne : 2.695 personnes arrêtés, dont 65 assassins ou meurtriers, 7 violeurs, 10 faux-monnayeurs, 283 escrocs, 193 cambrioleurs ou voleurs à main armée.