Depuis dimanche, le sénat est en effervescence, ce qui ne lui est pas arrivé souvent. Comme on pouvait le penser, la gauche y est désormais majoritaire. Le drapeau rose flotte sur le Palais du Luxembourg. Pour l’Elysée, pas de quoi fouetter un chat, c’est la suite logique des élections cantonales et municipales largement gagnées par la gauche.  En effet, les grands électeurs sont des conseillers généraux, des maires ou des conseillers municipaux. Ce que le « château » s’entête à ne pas comprendre c’est que c’est surtout la perspective de la loi nouvelle territoriale qui doit s’appliquer en 2014 qui met en rogne les grands électeurs, tout simplement parce que beaucoup d’entre eux vont tout simplement perdre leur mandat. Chacun défend son « bout de gras » !

N’empêche, le sénat a basculé dans l’escarcelle de la gauche pour la première fois de son histoire, mais ça va changer quoi ? Le sénat « est-il une anomalie parmi les démocraties » comme le prétendait Jospin ? Le mode de scrutin très particulier favorise le monde rural au détriment des villes, or on sait que le monde rural vote traditionnellement à droite, du moins jusqu’aujourd’hui. Nicolas Sarkozy a-t-il réussi à se mettre le monde rural à dos ? Si le mode de scrutin est anachronique, le rôle du sénat est également critiqué car il ne peut en aucun cas contrecarrer l’action du gouvernement. L’assemblée a toujours le dernier mot. Tout juste peut-il faire un peu d’obstruction en proposant des amendements. On peut même penser qu’un sénat à droite qui traine les pieds et renâcle gêne plus le gouvernement qu’un sénat à gauche. Néanmoins, les institutions sont ainsi faites que le président du sénat soit considéré comme le deuxième personnage de l’Etat et qu’il devient Président de la République par intérim en cas de décès du président. Ce n’est arrivé deux fois dans l’histoire en 1969 et 1974 avec le centriste Alain Poher. Donc, la prise du sénat par la gauche n’aura aucune incidence sur la politique française mais elle annonce une déroute de l’UMP aux prochaines législatives, et là, ça les fait gamberger, nos députés !