Un puissant séisme de magnitude du moment Mw 7.3 pour le Centre Séismologique Euro-Méditerranéen, – CSEM – et l’United States Geological Survey, – USGS -, reclassifié magnitude Mw 7.2 par l’USGS, d’intensité au foyer évaluée à IX/X sur l’échelle de Medvedev-Sponheuer-Karnik, – échelle MSK -. a frappé la province de Van en Turquie orientale, le 23 Octobre 2011 à 10 h 41 Temps Universel, 13 h 41 Heure Locale.


Son épicentre, latitude 38.627° Nord et longitude 43.535° Est, se situe dans le village de Tabanli, dans l’Est de la province, à la frontalière de l’Iran, à 19 kilomètres au Nord-Est de Van, à 116 kilomètres au Nord d’Hakkari, à 130 kilomètres au Sud-Sud-Est de Karakose et à 192 kilomètres au Sud-Sud-Ouest de Yerevan. Son hypocentre est estimé à 10 kilomètres de profondeur par le CSEM, à 7.2 kilomètres rectifié à 20 kilomètres de profondeur par l’USGS,


Le Kandilli Observatory and Earthquake Research Institute, à Istambul, a estimé sa magnitude à 6.6, le Disaster and Emergency Management Presidency, Earthquake Department, à Ankara, à 6.7 et localisé son foyer à 5 kilomètres de profondeur. La secousse principale a été suivie, au cours des 3 premières heures par une kyrielle de séismes dont 14 de magnitude comprise entre 4.2 et 4.9 , et 3 de magnitude supérieure à 5.0 : 5.1 à 10 h 53 Temps Universel, 5.6 à 10 h 56 et 5.9 à 11 h 32.. Elle été ressentie dans presque tout le territoire turc, en Iran, en Irak et en Arménie.

 

L’épicentre du séisme, proche du lac salé de Van, – moins de 10 kilomètres -, d’origine volcanique localisé à 1.640 mètres d’altitude, le plus grand lac de Turquie partagé entre les province de Van et de Bitlis, 120 kilomètres de long, 80 kilomètres de large et 171 mètres de profondeur en moyenne, – 451 mètres de profondeur maximale -, et d’une superficie de 3.755 kilomètres carrés, laisse à penser qu’un tsunami a été généré et que la vague, de 1 à 2 mètres de haut, et en bordure Sud-occidentale du lac salé Erçek, 14 kilomètres de long, 9 kilomètres de large, de 95,2 kilomètres carrés de superficie et d’une profondeur maximale de 30 mètres, a frappé les rivages des plans d’eau balayant tout sur son passage.


Des dégâts nombreux et conséquents, – maisons, immeubles et bâtiments détruits par centaines -, et probablement, des centaines d’habitants étant pris sous les effondrements, entre 500 et 1.000 victimes, voire plus, sont et seront à déplorer dans la zone épicentrale et tout particulièrement dans les provinces de Van, d’Ağrı, de Bitlis et de Muş en Turquie, et de Kordestan, de Kermanshah, d’Ilam, de Lorestan et de Khuzestan en Iran.

  

La Turquie et la tectonique des plaques.

 

Les paysages de Turquie sont le produit d’une grande variété de processus tectoniques qui ont façonné l’Anatolie au cours de millions d’années et qui continuent comme en témoignent les fréquents tremblements de terre et les éruptions volcaniques occasionnelles.

 

La géologie de l’Anatolie, – Turquie Asiatique – est de structure complexe : un massif central, composé de horts et de grabens couverts par les dépôts récents, donnant l’apparence d’un plateau accidenté coincé entre deux chaînes de montagnes plissées qui convergent vers la partie orientale du pays, une région élevée, altitude moyenne supérieure à 1.500 mètres, qui atteint son point culminant, le Mont Ararat, – Agri Dağı -, environ 5.166 mètres, le long des frontières avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan et l’Iran. La région a été tectoniquement assemblée par le mouvement des plaques et peut être considérée comme un amalgame de différentes terranes continentaux et océaniques collés ensemble par des roches ignées récentes, plutoniques, volcaniques et sédimentaires.

 

Excepté une zone relativement étroite, le long de la frontière avec la Syrie, continuation de la plaque arabique, la plaque anatolienne fait, géologiquement, partie de la grande ceinture alpine qui s’étend de l’Océan Atlantique aux montagnes de l’Himalaya. Cette ceinture s’est formée au cours du système Paléogène et des époques du Miocène et du Pliocène, – 65 à 2.6 millions d’années -, quand les plaques lithosphériques continentales Arabie, Afrique et Inde ont commencé à entrer en collision avec la plaque Eurasie.

 

Ce processus est toujours à l’œuvre aujourd’hui d’autant que la plaque africaine converge, dans un mouvement antihoraire de contournement, vers la plaque eurasienne et que la plaque anatolienne s’échappe, – accrétion et subduction -, vers l’Ouest et Sud-Ouest le long de failles de décrochement. De fait, la faille transformante majeure Nord-anatolienne forme l’actuelle frontière avec l’assiette de l’Eurasie à proximité des côtes de la Mer de Matmara et celles de de la Mer Noire et la faille transformante Est-anatolienne, – en conjonction avec la faille de Zagrosa siège de la collision entre les plaques anatolienne et arabique -, dans la zone Sud-Est turque, est partie intégrante de la marge active de la plaque Nord-Persique qui se déplace à la vitesse relative de 2,8 centimètres par an dans un axe Nord-Nord-Est. En conséquence de cette configuration particulière afférente à la tectonique des plaques, dans cette région de contraintes, l’Anatolie, terre de volcans depuis moins de 10 millions d’années, est l’un des pays au monde où la séismicité, – millefeuille de failles résultant des mouvements d’extension de la zone d’arrière arc lors de la collision des deux continents Eurasie et Arabie -, y est tout particulièrement active.

 

2011 © Raymond Matabosch