L.B., 36 ans,  est professeur de lettres au Lycée Chaptal à Paris. Il a osé mettre en place une petite supercherie sur internet pour piéger ses élèves ! Il a décidé de les prendre en fait à leur propre jeu… Il a donc imaginé un piège assez élaboré et finalement judicieux.

 

Il a d’abord choisi un poème d’un auteur qui n’est pas très connu… Il a ensuite modifié la page de Wikipédia en introduisant une petite phrase… Sur des forums il a fabriqué des discussions (fausses) entre élèves et spécialistes sur ce qu’ils comprennent du poème. Enfin, il a rédigé un « pseudo-commentaire le plus lamentable possible avec toutes les erreurs imaginables ».

 

Ensuite, il est parvenu à prouver que plus des trois quarts de ses élèves n’avaient fait que recopier ce qu’ils avaient trouvé sur internet pour le commentaire de poésie ! Il avait pourtant demandé aux élèves de fournir « un travail personnel ». Il a fait çà pour dénoncer « la fraude » et les sites de corrigés qu’on trouve sur internet et qu’il voudrait qu’on interdise.

 

(capture d’écran sur le site francesoir.fr)

 

Sur son blog, il a donné le résultat de l’opération. Ils sont 51 élèves sur 65 à avoir recopié ce qu’ils trouvaient sur internet ! Ah le fameux « copier-coller » !

 

Sur Wikipédia, il avait inventé une amoureuse du poète qui n’existait pas… et il a retrouvé la citation sur plusieurs copies de ses élèves. Il  a fourni aussi aux sites spécialisés Oboulo.com et Oodoc.com un « commentaire corrigé en ligne du poème » dans lequel il avait glissé « des contre-sens complets". Il a retrouvés ceux-ci parfois au mot à mot dans les copies… Il précise que les sites avaient validé le commentaire sans rien remarquer…

 

Lorsqu’on lui demande pourquoi il a fait çà, il répond : "J’ai voulu tirer la sonnette d’alarme, car quelque chose ne va plus dans l’Ecole et il faut s’en rendre compte. Je ne suis plus professeur, je suis devenu détecteur de fraudes". Il estime que c’est aussi une rupture de confiance entre lui et ses élèves, et ajoute qu’il ne veut pas « les stigmatiser » mais faire comprendre « qu’une éducation à internet » est nécessaire !

 

Sur son blog, il explique comment s’est passée la remise des copies. « J’ai rendu les copies corrigées, mais non notées bien évidemment -le but n’étant pas de les punir-, en dévoilant progressivement aux élèves de quelle supercherie ils avaient été victimes. Ce fut un grand moment : après quelques instants de stupeur et d’incompréhension, ils ont ri et applaudi de bon coeur. Mais ils ont ensuite rougi quand j’ai rendu les copies en les commentant individuellement… »

 

Il entend aussi dénoncer les sites de corrigés payants et ne comprend pas pourquoi le législateur ne les interdit pas tout simplement ! Sur deux sites, ses corrigés manipulés sont restés plus d’un an. Ils viennent juste d’être retirés, lorsque son affaire a été publiée !

 

Il y a trois ans, lorsqu’il était arrivé dans son Lycée, il s’était aperçu que les élèves s’étaient procurés des corrigés de devoirs à 1,95 euros chacun. L’un d’eux s’était même servi de son Smartphone pour un devoir fait en classe !

 

Sud Ouest livre les conclusions du professeur sur cette expérience : « les élèves au lycée n’ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres. Et je défends ce paradoxe : on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui ».

 

(Sources : La Dépêche, Sud Ouest,France Soir,Le Figaro)