Où sont passées les lumières d’or, les lumières saphir de ce début de printemps au parfum de jasmin auquel est venu se mêler celui de la mort, si nauséabond ? Mais pourquoi donc ce bel arc-en ciel s’est-il tamisé avant de s’obscurcir à l’heure même où s’éveille le chant exquis des oiseaux, à l’heure où fleurissent les amandiers, les néfliers ? Puis, peu à peu le monde s’est voilé d’une couleur pâle où toutes les flammes si chatoyantes se sont effilochées laissant des débris noirâtres, épars…

La terre tangue, se fissure, s’affaisse et s’écrase déchirant dans ses entrailles enflammées des êtres innocents avec leurs accessoires si factices. Les réduisant en lambeaux. Hurlements, gémissements dans les décombres du fond desquels se sont éteints les échos. Aussi des vagues géantes semblables à des dragons sont venues semer le péril happant sans distinction aucune, des vies dans une sinistre turbulence. Et, comme pour parfaire l’oeuvre apocalyptique, des réacteurs nucléaires de Fukushima ont saigné déversant le hideux nuage de la mort. Sonne le glas de tant de certitudes admises par les hommes.

Le soleil mourant, n’éclaire plus le Japon embué de larmes grises au sein duquel gisent d’innombrables cadavres sans nom. Nul moyen de calmer le courroux d’une nature déchaînée comme avide de se défaire de tous les artifices si encombrants posés par les hommes. Estropiée, mutilée dans son âme, elle crache son venin, sans modération blessant impitoyablement comme nul ne sait le faire. Effroi.

A l’image de la nature, des Hommes aussi à l’instar des Tunisiens, des Egyptiens se sont levés pour briser les chaînes de l’aliénation à l’intérieur desquelles ils moisissaient, bravant les répressions de toute nature en Libye, au Bahrein et ailleurs. La Palestine, déterminée à faire valoir ses droits, semble avoir pris conscience de sa faille majeure résidant dans sa division interne dans laquelle l’ont entrainée ses adversaires seuls capables de faire la pluie, le beau temps, qui répugnent à la prendre en considération. Mais jusqu’à quand ? 

Aujourd’hui le temps des injustices, des autocraties corrompues semble tendre vers l’expiration réduisant ainsi les dirigeants présomptueux affublés d’une opulence factice à leurs justes limites. Battues en brèche, les calamités par l’intermédiaire desquelles les hommes se faisaient opprimer dans la docilité. Liberté, souveraineté ne se laisseront plus proscrire par des imposteurs menacés de déchéance. 

"Le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange" (Alfred de Musset). Mais un monde en devenir permanent, un monde en tsunami qui rugit face à toute injustice pour laquelle il s’immolerait. Ne sont-ce pas là des signes susceptibles d’éclairer les Hommes sur la vulnérabilité de leur condition, de les mobiliser à oeuvrer en faveur du rapprochement, à l’inverse de la tendance actuelle orientée dans un sens belliqueux ? Un peu d’utopie !

Abdique face au superflu, tout ne tient qu’à un fil et dépêche-toi de vivre ! Mais n’oublie pas "d’oeuvrer pour ta vie, comme si tu étais éternel et d’oeuvrer pour l’au-delà comme si tu allais mourir demain", résonne dans mes oreilles…