Il y a trois jours, le président bolivien Evo Morales a entamé une grève de la faim pour faire pression sur le Parlement de son pays.

Depuis quelques jours, en effet, le président n'arrivait pas à faire voter une nouvelle loi électorale qui avait pourtant été adoptée par la chambre basse du Parlement bicaméral. Un vote étonnant durant lequel les insultes ont fusé entre majorité et opposition, vote qui s'est d'ailleurs terminé par un début d'empoignade et qui a failli finir en pugilat.

Evo Morales a donc décidé de jeûner jusqu'à ce que les sénateurs, qui sont majoritairement de l'opposition, approuvent cette réforme.

En 2006 déjà, des gouverneurs avaient eu recours à ce mode de protestation extrême, mais c'est, je crois, la première fois qu'un président en exercice l'utilise.

Cette grève de la faim a obligé Evo Moralez à renoncer à son voyage à Cuba où il devait rencontrer les frères Castro et le président du Venezuela Hugo Chavez pour y préparer le prochain sommet de l'Organisation des États américains qui se tiendra du 15 au 17 avril à Trinité-et-Tobago.

Sans vouloir rentrer dans le débat politique bolivien que je connais peu, je trouve que cette attitude du président bolivien d'entamer une grève de la faim pour forcer la signature des parlementaires met en danger la démocratie de son pays. Le rôle d'un président est d'être le chef de l'exécutif, les lois sont rédigées et approuvées par le Parlement, et il se doit de respecter la séparation des pouvoirs.

C'est un peu comme si, chez nous, Nicolas Sarkozy avait entamé une grève de la faim jusqu'à ce que la loi HADOPI soit votée ! Ou comme si les policiers, eux aussi, entamaient une grève de la faim chaque fois que les juges relaxaient un suspect qu'ils avaient eu du mal à interpeller.

Enfin, cette attitude du président Evo Morales ne peut à mon sens qu'envenimer les relations entre opposition et majorité et ne peut que raviver la menace sécessionniste de plusieurs régions du pays.