Les manifestations contre la réforme des retraites qui perdurent et se radicalisent traduisent d’une façon générale, les angoisses des français pour leur avenir en matière d’emploi, de pouvoir d’achat et de protection sociale. Cette situation n’est pas spécifique à la France, elle touche l’ensemble des pays européens qui se trouvent confrontés à une politique économique de rigueur sans précédent.

En France, la mise en place de la réforme des retraites et son vote devant le Parlement a été le détonateur des manifestations sociales actuelles qui paralysent progressivement l’économie du pays.

Au delà de l’allongement du départ à la retraite, ce qui fait peur à l’ensemble des couches populaires, c’est l’écroulement de notre modèle économique. Les ménages ont de plus en plus de mal à boucler leur fin de mois et se demandent ce que sera leur avenir et celui de leurs enfants.   Même si les responsables politiques s’évertuent à dire que la mise en place de cette réforme est le seul moyen de sauver notre système de retraite par répartition, les français en ont assez de faire des efforts dans la mesure où ils ne voient aucune amélioration de leur situation personnelle depuis plusieurs années.  

Si l’on regarde chez les autres pays européens, la situation n’est pas meilleure et le ressentiment des individus est identique à celui des français.

La Grande Bretagne vient de dévoiler un plan quinquennal d’austérité draconien pour réduire son déficit public, avec des hausses d’impôts, des baisses importantes des aides sociales, le report de l’âge de départ à la retraite à 66 ans et la suppression de près de 500 000 postes de fonctionnaires.

  La Grèce quant à elle qui est confrontée depuis plus années à des déficits abyssaux, elle recule l’âge légal de la retraite de 60 à 65 ans et prolonge les annuités de cotisations de 37 à 40 ans. Les salaires de la fonction publique sont réduits de 15 % et les pensions de retraite de 10 %.  

Les Portugais, les Espagnols et les Italiens n’échappent pas non plus à cette cure d’austérité pour réduire leurs déficits publics et ce sont toujours la baisse du salaire des fonctionnaires, la réduction des aides sociales et des pensions ainsi que les hausses d’impôts qui sont utilisés comme instruments de régulation économique.

  Selon leur tempérament et leur culture, ils se révoltent ponctuellement pour faire valoir leur mécontentement, mais sont tous conscients qu’il n’est plus possible que les Etats  vivent au dessus de leurs moyens avec des déficits publics colossaux.  

Ce n’est même plus le clivage droite-gauche qui est en jeu, mais les choix politiques engagés par les gouvernements successifs qui en sont la cause.

Tant que la reprise d’une croissance durable ne sera pas au rendez-vous, on peut craindre que ces mesures d’austérité persistent et généralisent malheureusement le malaise social actuel.