Réalisateur : Yann Gozlan

Date de sortie : 18 mars 2015

Pays : France

Genre : Thriller

Durée : 97 minutes

Budget :

Récompense :

 

Casting : Pierre Niney (Mathieu), Ana Girardot (Alice), André Marcon (Alain), Valaria Cavalli (Hélène)

 

Pierre Niney est depuis quelques mois le nouveau chouchou du cinéma français. Comme une viande de qualité il porte un label, celui de la prestigieuse Académie Française. Du moins il le portait jusqu’à sa démission. Alors que raconte ce second film de Yann Gozlan (Captifs sorti en 2010), passé inaperçu si l’acteur prodige n’avait pas joué dedans ?

 

Mathieu, jeune déménageur dans l’entreprise de son oncle, rêve de devenir écrivain. Une ambition démesurée pour un homme dépourvu de talent. En effet, manuscrit après manuscrit, les réponses des éditeurs sont claires et nettes, aucun des essai ne se montre concluant. Au moment de se faire une raison, dans la maison d’un vieil homme venant de mourir, Mathieu tombe sur un journal de guerre. Les feuillets narrent l’expérience désastreuse de ce jeune soldat parti combattre en Algérie. La guerre, le sang, les larmes et un récit d’une grande qualité. Le jeune déménageur pille le carnet en le recopiant à la lettre près. Les éditeurs tombent sous le charme, ce témoignage est d’une troublante véracité notamment pour un homme n’ayant pu vivre ce conflit en direct. S’en suit l’heure de gloire, prix littéraire, best seller, invité sur les plateaux de télévision, une jolie femme, une voiture de course et une intégration réussie dans le haute société. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Un équilibre précaire basé sur un mensonge en passe d’être révélé.

 

Il y a clairement du Chabrol et du Hitchcock dans ce thriller plein de saveurs. A cela on peut ajouter une once de Patricia Highsmith avec Le talentueux monsieur Ripley. Secrets, mensonges, usurpation, chantage et manipulation, les penchants les plus sombres de l’être humain contrastent avec le cadre idyllique de la Côte d’Azur et sa mer d’un bleu éclatant.

 

Mathieu avance comme dans un champ de mines, à tout moment ça peut exploser. C’est bien là l’une des forces du film, elle maintient en haleine le spectateur tout au long de la durée. Comment va-t-il s’en sortir ? Quel stratagème machiavélique va-t-il mettre en place pour rebondir ? Chaque mensonge entraîne un nouveau mensonge, un effet boule de neige, une nouvelle faille à colmater. Il est drôle de voir comment il se prépare en regardant des images d’archives et des coupures de presse pour paraître crédible devant les médias

 

Ce qui commence par une petite affaire se referme comme un étau sur la victime l’obligeant à commettre des actes inhumains. L’Homme est capable du pire quand il est poussé dans ses derniers retranchements. A saluer, la dernière scène d’une grande beauté. Pleine de symbole, de couleurs contrastées, de l’ombre à la lumière, une simple vitrine ressemblant plus à une barrière infranchissable entre deux mondes. A moins que l’inspiration principale de ce film ne soit la mythologie grecque car Mathieu, tout comme Icare, à force de vouloir briller, il s’en est brûlé les ailes. Pierre Niney est d’une grande justesse et mérite bien sa réputation, il transcende l’écran masquant même les seconds rôles qui restent néanmoins intéressants.