Le film de Diastème, "un Français" a suscité une vague de phobie auprès de certains exploitants de salles de cinéma d’où sa projection assez limitée à travers l’Hexagone. Il faut dire qu’une certaine vérité n’est pas toujours très belle à voir sur grand écran. Années 80. Chronique de vie  d’un skinhead d’extrême droite. Marc Lopez dit Marco,(Alban Lenoir), crâne rasé, tatoué, blouson de cuir noir, rangers, coule une jeunesse "heureuse" avec sa bande de copains, Grand Guy, Braguette et Marvin. 

Leurs loisirs de prédilection se résument à un collage d’affiches militantes, à une croisade contre immigrés et militants de gauche. Farcis de haine auto-rechargeable à l’envi nos soldats, proclamés défenseurs de la France, la déversent sans compter sur leurs boucs-émissaires, multipliant les lynchages jusqu’à l’ivresse. Âmes sensibles s’abstenir ! Il y a mort d’hommes parfois puisque cette fiction est inspirée de faits réels. Etalé sur trois décennies, le parcours de Marco coïncidera avec des faits marquants dont l’élection présidentielle, la coupe du monde, la manif pour tous, de quoi donner un aperçu de la société française. Quelques extraits d’actualité de l’époque laissant voir Jean-Marie Le Pen ou encore Marion sont greffés au film comme pour mieux botter en touche!  

Au cours de cette traversée du désert, Marco le taciturne finira par prendre conscience de sa dérive : l’occasion d’expurger son poison et de renouer avec cette part d’humanité enfouie en lui et maintenue en état de jachère. Diastème a fait le choix positif de braquer sa caméra sur le dur processus de "désintoxication" mentale d’un militant tombé dans une mouvance radicale manifestement plus par suivisme que par adhésion réfléchie à une idéologie. 

Un film qui dénonce avec virulence la violence utilisée comme arme pour contrer un danger virtuel ou réel. Il faut reconnaître que rien n’est plus simple que d’embrigader une jeunesse oiseuse chauffée à blanc comme en témoigne l’engouement que suscite Daech auprès de certains : une inépuisable manne à la portée des responsables peu scrupuleux. 

En dehors d’Alban Lenoir qui porte le film, le casting laisse parfois à désirer. Certaines séquences sonnent faux si bien que les quelque 90 minutes du film en paraissent carrément le double. S’il ne brille pas vraiment par sa mise en scène ou son scénario, ce film a l’indéniable mérite de faire réfléchir sur les dangers qui guettent une société quand les réponses apportées à un malaise sont inappropriées. 

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