Dans la vie, il y a des méchants et des gentils, enfin, c’est ce que l’on nous dit. En réalité, tout n’est pas si blanc ou si noir car le gris prend une place prédominante. Cependant, certains êtres humains n’ont aucune once de gentillesse en eux. Des dictateurs, par exemple, mais très loin du terme romain, signifiant l’homme providentiel, le sauveur de la cité quand Rome était au bord de chaos.
Ainsi, la France va se sentir un peu mieux ces prochains jours car de son sol partira un ancien tyran sud-américain. Dimanche matin, sur le tarmac d’Orly, dans un avion de la compagnie espagnole, Iberia, Manuel Noriega a quitté Paris. L’ancien gouvernant du Panama, qui a contrôlé son pays d’une main de fer entre 1983 et 1989, regagne finalement ses pénates. Son extradition fait suite au verdict de la Cour d’appel de Paris rendu le 23 novembre dernier. Manuel croupissait depuis 1990 dans des prisons américaines et françaises pour diverses accusations l’impliquant dans des trafics de drogue et de blanchiment d’argent. Mais qui est-il réellement ? Est-il aussi mauvais que cela ? Et bien oui. En 1968, il est un des artisans majeurs du coup d’état et de la mise en place de la dictature. Le Panama vit ses heures sombres et Noriega se retrouve à la tête du service de renseignements. Il y mène la terreur. Vous manifestez, un tant soit peu, un esprit rebelle et vous disparaissez mystérieusement dans la jungle, emmené de force par des militaires peu coopératifs. En 1980, le dictateur en place passe l’arme à gauche et une véritable foire d’empoigne prend place pour pouvoir s’asseoir sur le trône. Noriega manœuvre habilement et parvient à s’y installer. La dictature persiste et cet ancien informateur de la CIA s’attire les foudres de Washington. Le Pentagone prend très mal la traitrise et ne supporte pas de voir un de ses agents traîné avec des marchands de drogues colombiens et des guérilleros un peu trop rouges à leur gout. Finalement, les GI passent à l’attaque et son terrible règne prend fin. Alors Manuel, âgé maintenant de 77 ans, va revenir au pays où il fut jugé pour 3 affaires qui ont couté la vie à 11 personnes. Des hommes courageux qui ont eu l’audace de vouloir se mettre en travers de sa route entachée de sang. La sanction prévoit une incarcération de 20 ans dans une prison située en pleine jungle. Cependant, et c’est une honte quand on sait qu’il a fait tuer des pauvres gens, vu son état de santé déplorable, il pourrait être assigné à résidence et finir ses jours dans un milieu qui lui est, par conséquent, familier. Mais a-t-il eu le moindre soupçon d’humanité quand il a brisé des familles entières ?