Dans son bilan annuel, ce qui est, il faut bien le dire une bonne chose, le CSA… oui c’est une bonne chose car tout de même on peut s’interroger longtemps sur l’utilité et l’activité du CSA et grâce au bilan annuel on a au moins une version officielle. Donc disais-je, le CSA a déposé son bilan, pas le financier, l’annuel, avec pour petite gourmandise cette observation délicieuse : France 2 sur-représente l’opposition au détriment de l’UMP.
Une information largement relayée par de nombreux médias tout heureux de se redécouvrir une autonomie voire une autorité face au pouvoir en place. Pensez-donc, si même la chaîne publique n’avantage pas l’UMP, nous autres médias sommes carrément entrés en résistance…
Le drame du parti dominant se situe après la virgule puisque PS-PC se voit affublé d’un glouton 33,5% de temps d’antenne alors qu’il devait bénéficier d’un tiers, soit 33, 33%.
Il est donc particulièrement impressionnant de constater que notre autorité administrative indépendante garantit en France l’exercice de la liberté de communication audiovisuelle au point de réagir fermement à ce dépassement de … 0,17%.
De quoi assurément faire basculer une élection, tenez, imaginez si l’an prochain la Majorité venait à perdre plusieurs régions, enfin, plusieurs, disons l’Alsace et la Corse pour ne pas les nommer, l’explication est toute trouvée…
Franchement et sans faire d’allergie particulière envers les orientations politiques de la majorité, non non, je ne m’étais absolument pas rendu compte de cet odieux décalage de 0.17%. Pire même, mauvaise foi quand tu nous tiens ,j’avais plutôt tendance à penser l’inverse. Il faut dire que le CSA ne tient pas compte par exemple de la ligne éditoriale des journaux fortement influencée par la majorité. Quand Luc Chatel va au supermarché par exemple ,j’aime bien cet exemple, voilà qui débouche immanquablement sur un sujet traité en JT. Sujet sur le théme de la rentrée, des prix qui baissent, de l’action du gouvernement dans cet exploit, de la satisfaction des mères de famille présentes… un moment de pur ravissement pour la majorité sans rien coûter en temps d’expression. Quand en plus on apprend que le supermarché était lui sur-représenté artificiellement en partisan UMP on s’étonne qu’aucune autorité administrative n’intervienne pour réguler ce déséquilibre…
Blague à part ce qu’il convient de retenir c’est que si l’UMP est sous-représenté dans les journaux de France ce n’est bien sûr pas parce que les gauchistes empiétent de 0,17% sur leurs droits mais bien parce que le gouvernement dépasse allégrement les 40% d’occupation du petit écran. Mais bien sûr ce n’est pas trop vendeur à l’UMP de crier au loup devant la voracité de la sarkozy team c’est pourquoi Xavier Bertrand s’en est tenu à un limité "la situation est particulièrement marquée sur France 2 où le temps de parole de la majorité représente 19,3% du temps de parole politique, contre 33,5% pour l’opposition" en exigeant curieusement des mesures pour remédier à la situation. Je dis curieusement car la réponse est d’une affligeante évidence : il suffit de réduire le temps de parole du gouvernement de 7 bons points…
Etranges gesticulations de ce pouvoir majoritaire qui, détenant 60% du temps d’antenne de nos médias les plus influents trouve encore le moyen de s’en plaindre. Je peine à définir dés lors la limite acceptable que ces messieurs-dames de la politique entendraient fixer à leur toute puissance. je peine encore plus à comprendre ces jérémiades alors que le CSA justement s’engagera dès septembre sur un nouveau principe de pluralisme qui additionnera les interventions du chef de l’État (et de ses collaborateurs bien bavards) et de la majorité présidentielle. Ce qui fera chuter de facto de 60 à 50% leur temps d’antenne.
De quatre choses l’une, soit la sortie de l’UMP est un écran de fumée de plus pour occuper l’espace, soit elle est particulièrement maladroite à l’heure où une réforme plus limitative se met en place, fruit de la réforme constitutionnelle votée par l’UMP. Ou alors cette premiere escarmouche annonce une nouvelle ère faite de lendemains musclés au cours desquels CSA et médias seront régulièrement diabolisés pour quémander quelques minutes et quelques attentions de plus. Dernière hypothése, un syndrôme hégémonique plane sur notre beau pays qui fait perdre peu à peu tout sens de la mesure : le président prépare son fils à la succession du trône, la majorité présidentielle n’en finit plus de rassembler et de s’élargir pour capter l’approbation de certains socialistes comme de centristes modérés aux côtés désormais de leurs nouveaux collègues villieristes ou traditionnalistes de la chasse et de la pêche. Le temps ne serait plus au partage encore moins à l’alternance, et contre ça il n’y a pas de CSA.