« Mon nom est Bond, James Bond… ». La célèbre réplique de l’agent 007 n’inspire pas les Britanniques qui, très simplement, peuvent changer de nom. Leur appellation préférée, c’est Danger, en raison de la réplique du film Austin Powers, « Danger est mon second prénom ».
En France, toute personne peut changer de nom « pour un motif légitime ». Mais si les formalités sont relativement simples (par demande auprès du procureur du ressort de son domicile ou adressée au Garde des Sceaux), il faut que la demande soit acceptée et fasse l’objet d’un décret et d’un publication au Journal officiel.
Au Royaume-Uni, c’est beaucoup plus simple. Un deed poll, ou « acte à titre gratuit unilatéral » suffit. ll y a, bien sûr, quelques restrictions, comme en France, limitant le choix : pas de nom de plus de 250 signes (oui, même pour les Gallois dont les localités ont des noms à rallonge), pour le premier ou second prénom, pas plus de 30 pour le nom. Vous pouvez opter pour le nom d’une marque déposée ou d’une personnalité (du genre Déesse Citroën ou, oui, James Bond, qui a été attribué à un demandeur) mais vous devrez justifier d’un titre réel pour l’employer (Sir, Lord, Professor, Doctor, Monseigneur, Grand Marabout… et même King Kong). Fromage Président serait peut-être admis, mais pas Président Pompidou, ni même Lord Ofthe Rings.
Mex Tex admis
Il est même possible d’obtenir un préfixe Ms (Miss ou Mistress) et même Mx (pour un genre indéterminé). Mais le nom doit être prononçable, ne pas inclure de chiffres ou des symboles (hormis le trait d’union, donc Come Fo[u]r News serait admis, mais non Come4News), et comme en France, le nom ne doit être ni ridicule, ni offensant (l’équivalent de Dégage Sarko serait donc refusé et il n’est pas sûr que celui de Mélomane Sourdoreille soit accepté).
Mais, chacun le sait, l’autodérision et l’appréciation du ridicule diffèrent des deux côtés de la Manche. C’est ainsi que des noms tels Daddy Fantastic, Toasted T Cake, Nineteen Sixty-Eight (1968), Ting A Ling (ding-dong), One-One-Eight Taxi, Father Christmas ou Donald Duck ont été attribués. Soleil A Saint-Tropez serait donc un choix possible. Ou Smashing Pumpkin (Écrase Citrouille) et bien sûr Papa Tango Charly.
Cela étant, si les autorités britanniques ne peuvent s’opposer au changement de nom, elles peuvent estimer qu’elles en tiendront compte… à leur gré. Ainsi, une femme, Eileen De Bont, qui avait pris le nom d’une mascotte télévisuelle, Pudsey Bear, s’est vue refuser un nouveau passeport à ce nom en avril 2009. Mais son permis de conduire a été validé sous cette appellation.
Cependant, si elle était britannique, Paris Hilton pourrait se faire appeler New York Sofitel, ou Saint-Germain, et Marie Martin pourrait opter pour Madeleine De Proust et Jean Durand, pour Pain Retrouvé. Jean-Claude Van Damme (né Van Varenberg) pourrait opter pour le nom, très musical, de l’un de ses personnages, Gibson Rickenbacker (autre marque de guitares), dans Cyborg.
Coût minime
Il est possible de dresser soi-même un tel acte (il doit être rédigé sur du papier lourd et porter un sceau légal autocollant disponible dans toutes les bonnes papeteries, ou stationaries offices). Il n’est pas obligatoire de le faire enregistrer (auprès d’un tribunal, dans un service d’archives officielles) car il est opposable à toutes et tous (administration fiscale incluse). Le coût est donc minime (moins de deux livres sterling, mais il vaut mieux en confectionner autant que supposé nécessaire, les photocopies devant aussi être revêtues d’un sceau légal).
Cependant, la plupart des candidates et volontaires font appel à un service en ligne. L’intérêt en est que, généralement, la présentation sera meilleure (avec, possiblement, un blason armorié pour l’en-tête). Mais hormis les mentions légales, et le sceau, obligatoires, tout est optionnel.
Rien n’empêcherait à un Britannique voulant reprendre le nom d’un des personnages d’Astérix, par exemple (comme Choucroutgarnix, Jolitorax, Lachélechampigon Y Causon, Belinconnus, Passmoilcric, ou bien Absolumentexclus…), d’orner son certificat à sa guise.
Heureusement, c’est réversible. Et si, las d’arborer sur votre carte de visite le patronyme de Rasibus Misenplis, artiste capilliculteur, après avoir opté pour la profession de marbrier funéraire, vous pourriez toujours opter pour Dal Granit ou quelque chose de ce genre. Leonard Zelig, le personnage de Woody Allen, aurait sans doute apprécié d’être sujet de sa gracieuse majesté…