U E  Lettre ouverte à ceux qui ricanent du Prix Nobel de la Paix.

     D’abord il faut savoir de quoi l’on parle lorsque le comité Nobel a fait ce choix. S’il s’agit comme pour Obama d’un espoir prospectif, la critique est légitime. Mais si l’on considère le Prix comme une récompense, ce qui est mon avis, alors il faut applaudir le choix des Norvégiens.

     N’oublions pas trop vite que nous sortons de 3 guerres dont 2 mondiales qui ont fait des millions de morts. Le traité de Rome a tenté et réussi à ne faire aucune victime. Certes, durant ces plus de 60 ans des conflits ont eu lieu mais en rien comparables aux boucheries précédentes. La guerre d’Algérie, une « pacification », la guerre des Malouines etc.

     Certes aussi l’Europe n’a pas su éviter la guerre des Balkans, mais elle n’est pas responsable de la déglaciation de l’Est, et de la désarticulation de la Yougoslavie.

     On pourra toujours dire que, pendant tout ce temps, elle n’a pas été capable de se doter de structures suffisamment fortes pour intervenir en amont de conflits mondiaux comme ceux des Balkans, du Moyen-Orient, d’Afghanistan.

     Mais en ce qui concerne le vieux Monde, elle a tenu ses promesses. Plus jamais ça.

     Ceux qui, comme moi, sont nés quelques mois après l’Armistice, peuvent remercier de vivre dans une longue période de Paix. Nous avons entendu parler de la Première guerre mondiale, encore plus de la seconde, qu’on voudrait deuxième. Et depuis plus rien. Ce qui paraît bien naturel aux générations suivantes. Que les difficultés de vivre n’aient pas disparu aussi vite que souhaité est indéniable. Que les espoirs soulevés par l’Union demandent des efforts, nul ne peut en douter, d’autant que les crises successives se chargent de nous le rappeler. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se permettre de récriminer ou de se gausser. Vouloir tout, tout de suite, est une maladie moderne que nous avons su éviter… avec le temps.

     Ignorer un bonheur a suffisamment été mis en boîte par Coluche pour en dire plus. C’est toutefois sensible pour les bénéficiaires.

      Il en est sans doute qui feront la liste des avancées, si minimes soient-elles, et ils ont bien raison car il a fallu de la ténacité, des compromis difficiles, des gestes forts pour que disparaissent les rancœurs, les haines et les souffrances subies pendant la première moitié du XX° siècle.

      Croire que cela allait de soi, de Gaulle-Adenauer, Mitterrand-Kohl, est une ingratitude face à l’histoire de notre coin de planète.

      A tous ceux qui respirent cet air naturel de paix, il faut sans cesse rappeler que ce fut une œuvre délicate, une pensée constante de la part de ceux dont les aspirations avaient été viciées pendant des générations.

     Oublions les imperfections et profitons de cette occasion pour applaudir à tout rompre cette construction politique indispensable. Qu’elle vive encore longtemps ! Cela vaut bien un hymne à la joie, non ?

     Je profite de cette occasion pour joindre mon sentiment profond en l’honneur de l’Europe.

                

               Europe

 

Il fallut qu’en taureau par jeu il se déguise

pour engrosser la terre avide d’espérance

s’il parvint à ses fins fourbu d’intempérance

en volage oublia la femelle conquise

 

 

elle enfanta pourtant une portée exquise

de barbares sans nom pétris d’intolérance

pères d’un nouveau monde et perclus d’ignorance

qui alliés de fortune s’étripèrent à leur guise

 

 

mais la sagesse vint après la foi les guerres

on enterra enfin les conflits de naguère

qui épuisaient le sang de cent peuples rebelles

 

 

on écouta sa voix comprit sa mélodie

le concert des nations conclut la tragédie

par un hymne à la joie: dieu que l’Europe est belle!

 

 

PS je n’ai aucune parenté avec un des pères fondateurs