Des centaines de policiers anti-émeute sont retournés aujourd’hui sur la place Taksim à Istanbul, tirant des gaz lacrymogènes, des spray au poivre, et des canons à eau contre les manifestants anti-gouvernementaux qui occupaient la place depuis près de deux semaines.

Alors que la police est entrée dans la place, quelques-uns des dizaines de manifestants se sont rassemblés et ont attaqué les véhicules blindés avec des pierres et des pétards. Une barricade a été incendiée, et une bombe a frappé le sommet d’un véhicule blindé qui tire des coups de canons à eau. Des centaines de manifestants ont témoigné de la violence des forces de l’ordre .

Les affrontements se poursuivaient deux heures après que la police ait pris la place d’assaut. Les manifestants avaient essayé de bloquer les barricades de la police avec des bancs du parc, des poubelles, et des matériaux de construction dont des briques et du métal.

Muni d’un microphone, un policier en civil a exhorté les manifestants à cesser de lancer des pierres et des bouteilles sur les policiers, en leur disant : « Ne vous inquiétez pas, la police va se retirer ».

Citant le bureau du gouverneur d’Istanbul, les médias locaux ont rapporté que la police est entrée dans la zone pour interdire des bannières illicites, mais pas pour réprimer les manifestants.

Le gouverneur a publié aujourd’hui sur son compte Twitter que certains manifestants ont été à l’origine de la création d’une sorte de fumée ou brouillard « pour donner l’impression d’une utilisation excessive de gaz par la police ».

La police a interdit toutes les bannières de la place à l’exception d’un immense drapeau turc et un poster de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, qui a été accroché sur la façade d’un centre culturel.

Au moins trois personnes sont mortes dans des affrontements qui ont éclaté le 31 mai entre la police et des manifestants qui accusent le premier ministre Recep Tayyip Erdogan d’essayer d’imposer un agenda islamiste de manière de plus en plus autoritaire, après trois victoires électorales successives. L’association médicale turque a estimé hier que plus de 4.000 personnes ont été traitées dans les hôpitaux depuis le début des affrontements.

Les réactions policières ont attiré la critique internationale. En effet, la politicienne britannique Catherine Ashton a appelé hier à une enquête sur les allégations de brutalités.

Erdogan, quant à lui, a appelé hier les manifestants de « terroristes » et « anarchistes » et a félicité les officiers pour leur gestion de la situation. Il a également accusé les spéculateurs financiers d’avoir planifié les événements.